Avant même son ouverture, l’ombre de l’accord de Paris signé à la COP21 de 2015 plane sur Belém et la COP30. Quelques heures avant le début de la grand-messe climatique au Brésil, lundi 10 novembre, les signaux d’alarmes clignotent frénétiquement. L’Onu environnement a prévenu, mardi, que si tous les engagements pris par les États étaient tenus, le réchauffement climatique s’établirait tout de même entre 2,3 et 2,5 °C au cours de ce siècle.

Mais la trajectoire actuelle, compte tenu des actions effectives, tend plus vers les 2,8 degrés. À Paris, l’engagement des pays signataires avait pour but de le contenir en dessous de 2 degrés et même de viser 1,5 degré de réchauffement. L’enjeu semble encore plus insurmontable, les États-Unis ayant annoncé samedi 1er novembre qu’ils n’enverront pas de « représentants de haut niveau » à la COP30. « Le président (Donald Trump) dialogue directement avec les dirigeants du monde entier sur les questions d’énergie », a justifié la Maison-Blanche.

Un objectif « hors de portée »

Un scénario qui permettrait de maintenir la hausse des températures en dessous des 2 degrés en 2100 « semble à l’heure actuelle hors de portée », a aussi affirmé mardi TotalEnergies dans son rapport annuel sur l’évolution du système énergétique mondial. Il « supposerait une énorme coordination au niveau mondial » et « vu la parcellisation » et « la fracturation géopolitique », cette probabilité « diminue », a ajouté le PDG du groupe, Patrick Pouyanné.

« Les scientifiques nous disent qu’un dépassement temporaire du seuil de 1,5 degré, au plus tard à partir du début des années 2030, est désormais inévitable. La perspective d’un avenir vivable devient chaque jour plus incertaine », a déclaré le secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres, dans le rapport présenté par la branche environnement de l’organisation, mardi.

Belém épicentre de la crise climatique mondiale

« Nous voulons voir s’il est possible d’inaugurer une nouvelle phase de mise en œuvre pour la COP […]. Assez parlé, il est maintenant temps de mettre en œuvre ce dont nous avons convenu », a tempêté le président brésilien Lula, qui doit recevoir une cinquantaine de chefs d’État jeudi et vendredi, en amont de la conférence.

La COP30 doit être celle de « l’adaptation », selon les mots de son président André Aranha Correa do Lago. Le choix de la ville brésilienne de Belém est symbolique tant la conservation des forêts – notamment tropicales – pour la survie de la planète est jugée nécessaire. Elle est l’« épicentre de la crise climatique mondiale », le lieu « où les rivières rencontrent l’océan », dit aussi le président de la COP30. « Elle sera la COP de la vérité, où notre capacité à dépasser nos divergences et à affronter la crise climatique comme la menace existentielle qu’elle représente sera mise à l’épreuve », espère-t-il.

En coulisses, la France explique avoir « travaillé avec la présidence brésilienne et le président de la COP30 » afin « d’envoyer un message fort sur les six ans de l’accord de Paris », affirme le ministère de la Transition écologique. Le rendez-vous de Belém doit être celui où tous les pays signataires de l’accord de Paris doivent avoir publié leurs contributions déterminées au niveau national (NDC, Nationally determined contributions). Il s’agit d’un document dans lequel l’action engagée par les États est détaillée. La Chine vient notamment de la publier.

Davantage travailler avec la Chine

Si les dernières COP ont été celles de l’affirmation – timide et sans engagement clair – de la fin des énergies fossiles à Dubaï et de nouveaux objectifs financiers décevants à Bakou, l’an dernier, la COP30 à Belém doit être celle de « l’organisation de l’agenda de l’action », explique-t-on au ministère de la Transition écologique. Celle des États, des citoyens, des entreprises, des philanthropes… « La France sera particulièrement active pendant cette COP » : sur la sortie effective des énergies fossiles, l’accompagnement de la transition en dehors du charbon et la question des océans « après le succès » de l’Onu sur les océans (Unoc3) à Nice en juin 2025.

Si l’absence des États-Unis est assurément un handicap, le ministère veut croire que les pays engagés à Paris et notamment certains États d’Amérique latine, d’Afrique et de petites îles attendent beaucoup de ce rendez-vous. La France devrait aussi affirmer son souhait de davantage travailler avec la Chine malgré les différends actuels.

L’Union européenne devait, elle, se mettre d’accord, mardi. Ce serait « un désastre » que les Européens ne parvenaient pas à se mettre d’accord sur leur objectif climatique de 2035 avant la COP, a averti la ministre de la Transition écologique, Monique Barbut, à son arrivée à une réunion décisive à Bruxelles. « C’est une journée cruciale. Il est extrêmement important que nous arrivions à conclure » un accord sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne, a-t-elle insisté devant des journalistes avant que les négociations ne patinent.

Un président diplomate

La COP30 se tient à Belém, dans l’État du Pará, au Brésil, du 10 au 21 novembre 2025. Des dirigeants, ministres, diplomates, représentants de l’Onu, scientifiques, chefs d’entreprise, organisations non gouvernementales, militants… issus de plus de 190 pays sont attendus.

Le président de la COP30, André Aranha Correa do Lago est un diplomate brésilien né en 1959 diplômé en économie de l’Université fédérale de Rio de Janeiro. Il travaille dans le domaine du développement durable depuis 2001 selon sa biographie officielle, d’abord dans le giron gouvernemental, comme principal négociateur du Brésil pour le changement climatique et pour la conférence Rio + 20, avant de revenir dans le gouvernement en 2023.