La série d’annonces militaires russes, servant autant à intimider l’Occident qu’à vérifier la qualité de ses matériels, continue sans faiblir. Après avoir récemment testé des missiles tels que le Bourevestnik, modèle à propulsion nucléaire à la portée revendiquée comme illimitée, aux côtés d’autres engins déjà en service comme le Sineva ou le Iars, la Russie vient de lancer un nouveau sous-marin, le Khabarovsk.

Mis à l’eau à Severodvinsk, ville portuaire du bord de la mer Blanche, en présence du ministre de la Défense Andreï Belooussov, le navire se distingue des autres sous-marins à propulsion nucléaire russe de par sa capacité à lancer le 2M39 Poseïdon, un drone-torpille présenté en 2018 et testé le 28 octobre.

Une torpille visant des cibles stratégiques

Selon The War Zone, la torpille mesure environ 20 mètres, et dispose d’une portée de 10 000 kilomètres pour une vitesse de 185 kilomètres, les caractéristiques précises de l’arme restant sujettes à caution.

Le Poseïdon est une torpille autonome intercontinentale, conçue pour frapper des cibles côtières (ports, infrastructures…) avec une ogive nucléaire de 2 mégatonnes. Tout comme le Bourevestnik, la torpille a été dévoilée en 2018 lors d’une présentation de Vladimir Poutine, présentant plusieurs armes nucléaires, dont deux missiles, le Kinjal et le Zircon, utilisés en Ukraine.

Ces armes sont régulièrement glorifiées par la propagande militaire russe. « Il n’existe rien de comparable au monde en termes de vitesse et de profondeur de mouvement de ce véhicule sans pilote, et il est peu probable qu’il y en ait un jour », a ainsi revendiqué le président russe après le test du Poseïdon : selon lui, il n’existe « aucun moyen de l’intercepter ».

Retards de conception

En plus du Poseïdon, le nouveau sous-marin nucléaire d’attaque peut également lancer des missiles conventionnels contre des cibles terrestres ou navales.

Le Khabarovsk, premier bâtiment de sa classe, devait à l’origine être lancé en 2020. Sa construction a cependant été ralentie, sans que la cause précise des troubles de production ne soit connue. La guerre en Ukraine et les sanctions occidentales ont vraisemblablement diminué la capacité de Moscou à produire des équipements de pointe, les dépenses de défense se focalisant sur le front terrestre contre Kiev.

Comme le pointe par ailleurs Interesting Engineering, la modernisation de la flotte de sous-marins est l’un des principaux objectifs de la marine russe, engendrant une compétition entre les différents projets de sous-marins, tel que ceux de la classe Boreï. Un autre navire du même modèle que le Khabarovsk, l’Oulianovsk, est pour sa part toujours en construction, sans que l’on sache le nombre précis de sous-marins de cette classe que la Russie compte produire.

Mais la mise à l’eau du navire reste un important succès pour Moscou, le bâtiment étant le premier sous-marin russe conçu pour pouvoir lancer des torpilles Poseïdon. De quoi tendre un peu plus les relations avec l’Occident, et surtout les États-Unis, qui ont annoncé, suite à l’augmentation du nombre d’ogives chinoises et les tests successifs russes d’armes de destructions massives, qu’ils relanceraient leurs propres essais nucléaires, sans que l’on sache encore les modalités précises de ce programme.