Par
Julien Damboise
Publié le
4 nov. 2025 à 17h05
Le spectaculaire braquage à l’explosif et à l’arme de guerre d’une raffinerie d’or à Lyon, jeudi 30 octobre, a provoqué de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Dans des vidéos des faits capturées par des témoins, aucun opérateur au 17 ne répond durant de longues minutes. Des policiers expliquent pourquoi.
Des réactions par centaines
Les internautes ont été nombreux à réagir sous la vidéo du braquage, partagée des milliers de fois. On entend le témoin de la scène patienter pendant qu’il est en ligne avec les secours pour signaler que des braqueurs s’en prennent à la raffinerie d’or du 7ᵉ arrondissement.
Ce sont d’abord les sapeurs-pompiers qui décrochent, puis un opérateur indique qu’il transmet l’appel à la police de Lyon. Mais les minutes passent et personne n’a répondu à ce coup de téléphone quand la vidéo se coupe, une fois que le commando surarmé a pris la fuite.
Un temps d’attente dénoncé dans des centaines de commentaires sur nos réseaux sociaux.

Face à ces critiques, des policiers s’expliquent. (©Capture d’écran Instagram actu Lyon)

Ce sont des centaines de messages après la publication de la vidéo du braquage à l’explosif à Lyon. (©Capture d’écran Instagram actu Lyon)

Des commentaires évoquent le long délai de la police pour répondre au téléphone lors du braquage à l’explosif à Lyon. (©Capture d’écran Instagram actu Lyon)
Contactés, des policiers et autres sources sécuritaires apportent des éléments de réponse.
L’explosion entendue au 17
L’appel, qui a sonné un moment dans le vide, a donc atterri au sein du Centre d’information et de Commandement (CIC) de l’Hôtel de Police de Marius Berliet, dans le 8ᵉ. C’est ici que tous les appels au 17 de la zone police sont traités comme nous l’expliquions dans un précédant article en immersion dans ce service qui décroche environ 1 100 coups de fil chaque jour.
Mais si ce témoin voulait prévenir de l’attaque en cours, la police lyonnaise était déjà au courant depuis quelques instants.
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Nous avons la certitude du braquage et la précision du lieu lorsque l’entreprise appelle pour indiquer qu’elle est braquée.
Nelson Bouard
Directeur de la police nationale du Rhône
Selon nos informations exclusives, une puissante détonation a été entendue par le policier au bout du fil quand les braqueurs ont fait sauter leurs explosifs.

La police sur les lieux du braquage à l’explosif dans le 7e arrondissement de Lyon. (©Julien Damboise/actu Lyon)Géolocalisation et surcharge
D’autant que les appels étant géolocalisés, les services de la direction interdépartementale de la police nationale (DIPN) du Rhône ont pu savoir que les appels qui affluaient en même temps provenaient bien du même secteur.
Toutefois, une source sécuritaire reconnait une surcharge des lignes pendant l’attaque face au nombre de requérants, puisque les faits se sont déroulés dans une zone d’activité très fréquentée. Comme le témoin dont la vidéo a fait le tour des réseaux, de nombreux autres salariés avaient une vue directe sur le commando.
Alors que le vidéaste amateur tentait de joindre les forces de l’ordre, une unité spécialisée était prévenue : la brigade de recherche et d’intervention (BRI).
Trop de temps à intervenir ?
L’unité d’élite de la police pistait ces individus bien en amont des faits, depuis début septembre, à la suite de l’ouverture d’une enquête préliminaire pour des faits d’associations de malfaiteurs en bande organisée.
« Nos services ont eu des éléments laissant entendre qu’ils allaient préparer un braquage. La cible n’était pas connue, mais nous avions identifié des lieux de repli. Lorsque nous avons été appelés, il a été décidé de s’y rendre et d’organiser la séquence d’interpellation en dehors des lieux du braquage », explique Nelson Bouard.
Le directeur de la police du département précise qu’une intervention sur place n’aurait pas été « judicieuse » : « On ne voulait pas prendre de risque pour les salariés, les tiers ou pour nos policiers. On ne voulait pas risquer une prise d’otage. »
Pour rappel, les malfaiteurs étaient lourdement armés pour dérober plus de 306 kilos de matières précieuses composées à 90 % d’or, soit un butin estimé à 28 millions d’euros.
Trois Kalachnikovs, un fusil d’assaut, quatre pistolets automatiques chargés, des explosifs et des cartouches ont été saisis lors de perquisitions dans la foulée des six arrestations dans ce dossier.
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