Près de 200 personnes se sont rassemblées mardi soir devant le collège Salvador Allende, à Rezé, par solidarité avec des sans-papiers expulsés pendant les vacances de printemps. L’œuvre d’un préfet «zélé» reprochent les membres du rassemblement.
Une rentrée des classes sous le signe de l’indignation. À Rezé, dans la banlieue sud de Nantes (Loire-Atlantique), quelque 200 personnes se sont rassemblées mardi 22 avril, en fin d’après-midi, pour dénoncer devant l’entrée du collège Salvador Allende l’arrestation et l’expulsion, deux semaines plus tôt, de trois familles géorgiennes. Sans-papiers et sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), les familles ont été décrites comme parfaitement intégrées dans l’agglomération. Personnel scolaire, élus locaux, syndicats et autres collégiens ont partagé, sous un agréable soleil de printemps, leur profonde indignation vis-à-vis du caractère «inhumain» de l’opération policière organisée le 8 avril, en s’en prenant au ministère de l’Intérieur et à la préfecture de Loire-Atlantique.
«Il faut dénoncer et mettre un nom sur ceux qui font ça. C’est un préfet zélé qui applique les circulaires Retailleau. Voilà ce que ça donne», s’est scandalisé, lors d’une prise de parole, Frédéric Martin, professeur de français au collège Allende, en citant le représentant de l’État en Loire-Atlantique, Fabrice Rigoulet-Roze. «Ce n’est pas acceptable. Ni sur le fond, ni sur la manière. On attend de l’État qu’il soit auprès de nous sur des questions de tranquillité publique qui pourrissent la vie des Rezéens, comme les trafics, et non pas qu’il vienne expulser des habitants qui ont fait l’effort de s’intégrer à la ville et ne posent aucun problème», indique au Figaro la maire de Rezé, Agnès Bourgeais (DVG).
Fluidifier l’accès aux logements pour demandeurs d’asile
Deux des trois familles expulsées étaient domiciliées La Montagne et à Saint-Herblain, près de Nantes. La troisième famille, installée à Rezé, était composée d’une mère et de deux enfants, scolarisés depuis plus de trois ans au collège Allende. Les forces de l’ordre sont intervenues le 8 avril, au début des vacances de printemps de la zone B, vers 6 heures du matin. «Ils n’ont donné qu’une poignée d’heures à la famille pour rassembler ses affaires avant de les convoyer jusqu’à l’aéroport de Rennes. En fin de journée, ils étaient en Géorgie», témoigne Domique Avril, directeur de l’école Château sud de Rezé. «Ils sont partis en laissant derrière eux beaucoup d’affaires. Nous avons mis en sécurité ce que nous avons pu», ajoute-t-il. Le père de famille n’était pas présent chez lui au moment de l’opération policière. «Il fait désormais profil bas», indique-t-on parmi les proches de la famille présents au rassemblement.
À lire aussi
Nantes : une lycéenne tuée dans une attaque au couteau dans un établissement privé
Sollicitée, la préfecture de Loire-Atlantique a confirmé jeudi les expulsions de trois familles de nationalité géorgienne, qui «faisaient l’objet de mesures d’éloignement suite au rejet de leur demande d’asile», par ordonnance du tribunal administratif de Nantes. Seules les familles domiciliées à Rezé et Saint-Herblain ont fait l’objet d’un vol groupé vers la Géorgie, au départ de Rennes. Celle de La Montagne a bénéficié d’une solution temporaire d’hébergement, «le temps qu’elle mette en place son retour dans son pays d’origine». Nommément critiqué par les manifestants rassemblés mardi, le préfet de Loire-Atlantique a tenu a rappeler que les opérations d’expulsions, «permettent de fluidifier le parc d’hébergement destiné aux demandeurs d’asile», dans un contexte où celui-ci est particulièrement tendu dans l’agglomération nantaise.
Présentée en janvier, la circulaire sur les sans-papiers adressée aux préfets par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau intime aux représentants de l’État de faire preuve de plus de fermeté avec les individus sous OQTF. Le document porte notamment à «au moins sept ans» la durée de présence requise sur le territoire national pour un étranger qui demande des papiers au titre de l’admission exceptionnelle au séjour.