Posted On 5 novembre 2025

Alors que les Galeries Lafayette vont changer de nom dans 7 villes dont Grenoble parce que le groupe du même nom ne veut pas être associé à l’installation de Shein, l’arrivée de l’enseigne chinoise polémique mi-novembre dans le bâtiment des galeries grenobloises a encore agité le conseil municipal. 

UN VOEU POUR APPELER À « UNE VOLONTÉ POLITIQUE FORTE »…

À l’ordre du jour : un voeu, déposé par les groupes socialistes, composé d’Hassen Bouzeghoub, Cécile Cénatiempo, Amel Zenati, et Grenoble Démocratie Ecologie et Solidarité, composé de Laure Masson, Hakim Sabri, Pascal Clouaire. Lu par ce dernier, il visait à dénoncer l’implantation de Shein dans notre ville et appeler le gouvernement à « une volonté politique forte », « à la mise en place de mesures ambitieuses pour réguler le secteur de l’ultra fast fashion et protéger le commerce responsable ».

Un point de vente physique de Shein doit ouvrir aux Galeries mi novembre
… QUE N’ONT AUCUN DE CEUX QUI L’EXIGENT

C’est déjà tout un concept de réclamer de la « volonté forte » par l’intermédiaire d’un voeu qui n’engage… absolument à rien. Qui ne sert que de tribune politique aux élus des bancs Verts/LFI et de la gauche en général, qui se confondent en voeux pieux, sur tous les sujets, sans qu’aucun n’ait jamais eu un quelconque effet pour les grenoblois. Mais c’est encore plus une tartufferie que d’exiger du gouvernement l’inverse de ce que les élus à l’origine de l’interpellation font localement. 

SHEIN FAIT TRANQUILLEMENT SA PUB SUR LES BUS DE LA MÉTRO

« Vous faites partie d’une majorité métropolitaine qui a laissé Shein faire sa pub sur les bus M’Tag. À minima, si vous voulez lutter contre ces marques, utilisez déjà les moyens que vous avez vous avant de réclamer aux autres de les mettre en œuvre » a dégainé le conseiller d’opposition Alain Carignon. Comment peuvent-ils en effet exiger du gouvernement quoi que ce soit quand ils sont eux-mêmes incapables d’enlever une pub sur un bus géré par la métropole où ils sont aux commandes ? 

En juin/juillet les mêmes élus Verts et de la métropole poussaient des cris d’orfraies contre des pub Shein sur leurs propres bus et abri-bus, mais étaient incapables de les retirer !
« LA CONSOMMATION RESPONSABLE »… AVEC NEYRPIC ET GRAND PLACE ?

« La lutte contre ce que vous appelez l’hyper consommation commence par la limitation des centres commerciaux dans notre Métropole. Or, c’est sous votre majorité qu’on a agrandi Grand’Place et crée Neyrpic à Saint-Martin-d’Hères ! » a poursuivi le candidat aux municipales. Car le vrai bilan des Piollistes et leurs alliés, qui affirment la main sur le coeur être engagés pour « la consommation responsable et la relocalisation des activités », est d’avoir créé ces deux pompes aspirantes en entrée de ville, mortifères pour le commerce de proximité grenoblois dont le taux de vacance a doublé depuis leur arrivée. 

LES ROSES/ROUGES/VERTS ONT LAISSÉ INSTALLER PRIMARK À GRAND PLACE

Delphine Bense, conseillère d’opposition Modem, a précisé la contradiction : « je suis assez étonnée de ce vœu sur la fast-fashion, parce que c’est quand même la majorité de gauche à la Métropole qui a fait venir Primark à Grand-Place. Donc votre majorité, la majorité d’Eric Piolle ! ». Shein n’est pas assez bien pour les Galeries mais Primark à Grand Place, qui est exactement du même acabit, ça ne pose pas de souci ?

grand place commerce grenobleL’extension de Grande Place, c’est 16 000m2 et 30 enseignes supplémentaires renforçant encore son hégémonie sur le commerce du sud grenoblois… et la domination de la fast-fashion avant Primark en tête de pont
LA TRAJECTOIRE DE LA VILLE QUE L’ON DOIT AUX VERTS/LFI ET LEURS ALLIÉS…

Alain Carignon a également appelé les élus à s’interroger sur la trajectoire de la ville  : « la vraie question qui se pose, c’est de savoir pourquoi les Galeries Lafayette se tournent maintenant vers l’ultra fast fashion dans un centre-ville où les rideaux des magasins sont si nombreux à avoir été baissés ? Est-ce que ce n’est pas à vous, responsables de la Métropole et de la Ville, à vous interroger ? ».

Pourquoi en effet Grenoble crève le plafond de vacance commerciale avec des boutiques de proximité qui ne trouvent plus de clients, tandis que la fast-fashion ultra low cost se développe à vitesse grand V ? 

… QUI PAUPÉRISENT LA VILLE PUIS DÉPLORENT LE LOW COST

Réponse de l’adjoint au commerce Alan Confesson (ex LFI), incapable de se remettre en question : « mais pourquoi ces enseignes low cost viennent s’installer à Grenoble ? C’est parce que le pouvoir d’achat des consommateurs s’est considérablement dégradé ». 

D’accord. Mais il faut aller au bout du raisonnement : Grenoble en particulier est touchée par le low cost (Shein, Primark, Lidl, Aldi…) parce que les élus aux commandes de l’urbanisme, du logement, de la solidarité depuis 30 ans mettent en place des politiques de paupérisation : création de quartiers-ghettos qui concentrent les situations de fragilité, entretien des appels d’air à des populations en grande précarité, et refus de toute politique de promotion sociale pour sortir de cette spirale. 

La métro acquiert des logements partout où elle loge des personnes en très grande difficultés dans une spirale qui ne s’interrompt jamais… puis les élus qui le votent déplorent l’essor des enseignes très bas-prix qui fleurissent en ville
UN MAIRE QUI NE RENCONTRE PERSONNE…

Dans le Dauphiné Libéré, Eric Piolle se vante pour sa part d’avoir refusé de rencontrer le patron de Shein, Donald Tang. « J’ai passé outre ma curiosité naturelle qui me pousse toujours à dialoguer avec tout le monde » ose celui qui ne répond pas aux sollicitations, ne rencontre pas les Grenoblois… et n’avait pas eu la « curiosité naturelle » de rencontrer Cédric Moulart, alors directeur des Galeries à Grenoble, malgré de multiples sollicitations de sa part. Ne répondant même pas aux demandes. Les Galeries font sans doute trop « ghetto de riches » pour le Maire. 

… ET BLOQUE L’UNE DES DERNIÈRES LOCOMOTIVES COMMERCIALES 

Ce n’est pas comme si c’était l’une des dernières locomotives du centre-ville, avec des sujets qui vont au-delà du seul aspect commercial comme celui de la rénovation de la façade qui mérite de retrouver sa splendeur originelle. Le groupe porte un ambitieux projet en ce sens mais la municipalité n’a de cesse de mettre des bâtons dans les roues en n’autorisant qu’une restauration à l’identique (impossible car il faudrait supprimer un étage supplémentaire ajouté avec le temps) ou une végétalisation totale de la façade, irréaliste et sans cohérence aucune avec le projet des Galeries.

Grenoble Mag (août 2025)
MUNICIPALES : CHOISIR L’INCANTATION OU L’ACTION

Si le voeu a été voté à l’unanimité, car la prolifération des enseignes de fast-fashion et ses dérives n’enchante évidemment personne, Actu.fr relève en conclusion de son article consacré au sujet que « les tensions sont de plus en plus palpables à un peu plus de quatre mois des élections municipales ».

Il y a effectivement tension, entre ceux qui n’ont que l’incantation à la bouche alors que leurs actes entretiennent les phénomènes qu’ils dénoncent ensuite les bras ballants, et ceux qui défendent la cohérence entre discours et politiques menées. C’est le choix qui s’offre aux Grenoblois en mars prochain, avec Laurence Ruffin (Verts) / Allan Brunon (LFI) qui poursuivront sur cette trajectoire, ou Alain Carignon qui entend inverser la tendance.