La reine Rania de Jordanie a suscité une vive controverse mardi à Munich, après avoir comparé le traitement réservé aux Gazaouis par Israël à celui infligé aux juifs par l’Allemagne nazie. S’exprimant devant plusieurs milliers de jeunes réunis pour le One Young World Summit, un événement rassemblant des participants issus de près de 190 pays, la souveraine a dénoncé ce qu’elle décrit comme un « discours de haine institutionnalisé » en Israël depuis le déclenchement de la guerre contre le Hamas.

Selon l’agence de presse jordanienne officielle, la reine a affirmé que des responsables israéliens « avaient recours à un manuel bien rodé » pour déshumaniser les Palestiniens et justifier la violence, en particulier après les attaques du 7 octobre 2023. Elle a notamment cité l’ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, qui avait qualifié les terroristes du Hamas « d’animaux » au lendemain de l’attaque, un mot que certains médias avaient ensuite attribué à l’ensemble des Palestiniens.

Video posterRania de Jordanie : Maurice

Rania a comparé cette rhétorique à celle de l’Allemagne nazie, qui décrivait les juifs comme des « vermines ». « Chaque atrocité est unique, mais toutes commencent par des mots », a-t-elle déclaré, affirmant que son propos ne visait pas à « comparer les douleurs » mais à rappeler que « chaque vie humaine a une valeur égale ». Elle a ajouté que « fermer les yeux sur la haine verbale, c’est ignorer la façon dont chaque génocide a commencé ».

La reine a également salué ce qu’elle a qualifié de « plus vaste mouvement populaire et spontané de notre époque » en référence aux manifestations pro-palestiniennes dans le monde. Elle a critiqué ceux qui choisissent de ne pas s’exprimer sur le conflit, estimant qu’ils « ne veulent tout simplement pas être dérangés ».

Enfin, Rania a accusé Israël de poursuivre une « occupation illégale de la Palestine », ignorant le retrait de Tsahal jusqu’à la « ligne jaune » après la mise en œuvre du cessez-le-feu négocié par les États-Unis le 13 octobre.

Ce discours, prononcé dans une ville marquée par l’histoire du nazisme, a suscité des réactions contrastées : salué par une partie du public, il a aussi été dénoncé en Israël et par plusieurs observateurs internationaux, qui y voient une analogie inappropriée et dangereuse.