«Qui aime les juifs ?» A ce sondage lancé sur un groupe WhatsApp d’étudiants en droit de l’université Jean-Moulin Lyon-III, toutes les réponses proposées sont négatives. Parmi elles, on peut lire «Pas moi, j’leur tire dessus». La faculté a indiqué ce mercredi 5 novembre avoir signalé à la justice ces propos antisémites, dans un contexte d’inquiétudes face à une série d’actes agressifs visant les juifs dans l’enseignement supérieur.

L’université a saisi la justice lundi «dès qu’elle a eu connaissance des faits», selon un communiqué publié sur le réseau LinkedIn. Dans un message envoyé à ses étudiants partagé ce mercredi, la direction de l’université «condamne avec la plus grande fermeté toute forme de racisme, d’antisémitisme, d’homophobie».

Le président de Lyon-III, Gilles Bonnet, rappelle que ces agissements sont des «délits susceptibles d’entraîner des condamnations pénales» et précise avoir saisi la justice «à plusieurs reprises ces derniers mois» après des propos de nature «raciste, antisémite ou discriminatoire». «Les universités observent un développement inquiétant des dérives liées aux usages de groupes numériques constitués au sein de la communauté des étudiants», note-t-il en déplorant que son établissement «n’échappe pas à ce mouvement général».

La direction de l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne avait condamné mi-septembre des «actes antisémites» subis par certains de ses étudiants, dont un sondage formulé dans les mêmes termes qu’à Lyon-III.

En octobre, une vidéo filmée lors d’un rassemblement sur le campus de Paris-VIII ayant fait l’apologie du Hamas et du massacre du 7 octobre 2023 avait donné lieu à une saisine de la justice par le gouvernement. Le Parlement a adopté début juillet une proposition de loi visant à lutter contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, qui prévoit des mesures en matière de sensibilisation et de sanctions disciplinaires et rend obligatoire la désignation au sein de chaque établissement d’un «référent» dédié.

Entre janvier et juin, 646 actes antisémites ont été recensés en France selon le ministère de l’Intérieur, soit une baisse de 24 % sur un an mais plus d’un doublement par rapport à la même période de 2023.