37 % des hommes interrogés considèrent qu’être pénétré analement, quand on est un homme, est une atteinte à la masculinité. Un chiffre particulièrement élevé chez ceux qui se positionnent à l’extrême droite.

Charles Deluvio / Unsplash

37 % des hommes interrogés considèrent qu’être pénétré analement, quand on est un homme, est une atteinte à la masculinité. Un chiffre particulièrement élevé chez ceux qui se positionnent à l’extrême droite.

EN BREF Selon un sondage Ifop pour la marque Lelo, 52% des hommes français ont été pénétrés analement.
Un chiffre que montre une évolution des rôles sexuels et une acceptation accrue de la prostate comme zone de plaisir.
Les hommes ayant expérimenté cette pratique sont plus disposés à se faire dépister pour le cancer colorectal, améliorant ainsi la santé publique.

SEXE – Changement de script. Si, en France, la sexualité hétéro a longtemps été centrée sur la pénétration (des femmes par les hommes uniquement) et sur l’ignorance (très volontaire) de la prostate comme zone de plaisir masculin, la tendance semble évoluer.

C’est ce que révèle une étude Ifop pour la marque de sex-toys Lelo dans le cadre du Movember, le mois de sensibilisation au cancer de la prostate. Mené sur d’un échantillon de 2 000 personnes représentatif de la population majeure française, le sondage a interrogé des hommes et des femmes sur leur rapport à l’anal dans la sexualité.

En 2025, alors que les tabous tombent autour de la sexualité et que la masculinité appelle à être réinventée, les rôles au lit sont-ils enfin plus égalitaires ? D’après les chiffres, le bilan est encourageant… mais très contrasté.

Plus de la moitié des hommes ont déjà été pénétrés analement

C’est une grande première, d’après les analystes de l’étude : 52 % des hommes affirment avoir déjà été pénétrés analement dans leur vie. Des chiffres qui s’alignent sur ceux de la gent féminine : désormais, ce sont 40 % des hommes et 46 % des femmes qui ont déjà été stimulés au niveau de l’anus avec les doigts, tandis que 34 % des hommes et 33 % des femmes ont déjà reçu un anulingus.

La preuve qu’en matière de sexualité, la sphère anale des hommes n’est plus une no-go zone. Et cela se traduit aussi par un rôle plus actif des femmes envers leurs partenaires masculins : en huit ans, la part de celles qui affirment avoir déjà pénétré analement un amant a été multiplié par deux. Cette levée progressive du tabou n’a pas seulement des effets en matière de sexualité, mais aussi côté santé publique : les hommes ayant déjà été pénétrés analement sont largement plus disposés à se faire dépister d’un cancer colorectal que ceux ne l’ayant jamais été.

Une tendance absente chez les conservateurs

Ce que l’étude nomme la « déconstruction masculine » n’est cependant pas au rendez-vous partout. En effet, « la vision traditionnelle de la masculinité – où elle est perçue comme antinomique à toute forme de pénétration anale passive – est forte dans les rangs les plus conservateurs ». Au global, 37 % des hommes interrogés considèrent qu’être pénétré analement, quand on est un homme, est une atteinte à la masculinité. Un chiffre particulièrement élevé chez ceux qui se disent religieux (51 %) et ceux qui se positionnent à l’extrême droite (48 %) et à droite (47 %).

Car ce que l’étude révèle, c’est aussi un clivage politique très fort dans la sexualité et les rôles genrés qui y sont associés. Les hommes qui ont déjà été pénétrés se disent, dans près de la moitié des cas, « déconstruits », et ils votent très largement à gauche, tous comme les femmes françaises affirmant avoir déjà pénétré leur partenaire. Un état qui s’inverse chez les femmes : « Si [le sexe anal passif] a plus d’adeptes dans la frange la plus conservatrice et populaire de la gent féminine, il est, à l’inverse, plus fréquent dans les rangs des hommes les plus progressistes et la plus aisées », souligne l’étude.

Ce n’est pas la seule différence très marquée entre hommes et femmes : si les hommes vivent pour la plupart une initiation anale volontaire (ils sont 74 % à affirmer qu’ils souhaitaient vraiment être sodomisés la première fois que cela leur est arrivé), les femmes ne sont que 45 % à affirmer qu’elles le souhaitaient vraiment, tandis que 39 % déclareent avoir accepté cette pratique « pour faire plaisir à leur partenaire alors qu’elles n’en avaient pas vraiment envie ». Un rappel que les évolutions sexuelles ne sont rien sans consentement.