Ce mercredi, sept ans après les effondrements mortels de plusieurs immeubles de la rue d’Aubagne, un rassemblement a eu lieu devant la dent creuse, pour dénoncer notamment l’expulsion en Tunisie d’un des habitants qui a échappé au drame, reconnu comme victime.

Quelque 200 personnes se sont rassemblées mercredi à Marseille pour commémorer les effondrements de la rue d’Aubagne et dénoncer l’expulsion de France d’un des occupants ayant échappé au drame qui a fait huit morts, devenu emblématique du fléau du logement indigne.

Devant le terrain où se trouvaient les immeubles tombés il y a sept ans jour pour jour en novembre 2018, des proches des victimes se sont rassemblés, brandissant une fleur blanche ou le portrait d’un fils ou d’une fille disparue.


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Après plusieurs minutes d’un lourd silence seulement brisé par le carillon d’une église voisine, certains ont pris la parole devant les Marseillais venus commémorer le drame, notamment le maire divers gauche Benoît Payan.

«Justice et vérité»

Benoît Payan a appelé les anciens décideurs de la ville – ses adversaires politiques en poste au moment du drame – à regarder les familles des victimes «droit dans les yeux» pour leur «demander pardon.» «Je l’ai fait à leur place, il est temps qu’ils le fassent eux-mêmes», a-t-il dit en recevant mardi des familles de victimes, cité par le quotidien La Provence.

«Et pour Reda, justice et vérité», ont scandé mercredi les participants, en allusion à un des habitants des immeubles effondrés, expulsé fin octobre vers la Tunisie. Son statut de victime avait été reconnu lors du procès en première instance et la condamnation du propriétaire de l’appartement où il était hébergé.

À l’issue d’un contrôle d’identité, le quinquagénaire Reda M., qui souffre d’une hépatite B, s’est retrouvé en rétention administrative avant son expulsion. Pour un vol, il avait été condamné à une «double peine : condamnation pénale et interdiction du territoire français», indique à l’AFP Kevin Vacher, du collectif du 5 novembre.

Demande de grâce présidentielle

«Reda, c’était un survivant», raconte Kévin Vacher, précisant que si le maçon est en vie, c’est parce qu’il «était parti au travail à 5 heures du matin. Il a laissé ses amis chez lui dormir, ils sont morts.»


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Son expulsion l’empêche «non seulement de se soigner mais également de faire valoir ses droits lors du futur procès en appel», regrette le collectif. L’association a demandé à Emmanuel Macron une grâce présidentielle pour permettre son retour, un appel repris par le maire et plusieurs députés et dont l’Élysée a «accusé réception», selon Kévin Vacher.

Avec le procès en appel s’ouvrant en novembre 2026, Lynda Larbi, dont le cousin Chérif est mort, attend «des peines beaucoup plus conséquentes.» En juillet, le tribunal correctionnel a prononcé dans cette affaire dix condamnations, dont trois à de la prison ferme sous bracelet électronique, six relaxes, et 358.000 euros d’amende, des peines globalement inférieures aux réquisitions du parquet.

Lynda Larbi fustige l’expulsion de Reda, un ami de son cousin, pendant que «des prévenus qui ont causé la mort de huit personnes sont tranquilles chez eux à se défendre avec de grands avocats.» «Pourquoi ne serait-il pas présent au procès en appel ? Il a vécu le drame tout autant que nous. Sa place est en France.»