Deux jours avant, il disait pourtant ne vouloir le faire que dans quelques mois.

Il s’est présenté entouré d’alliés venus de tous les horizons de la gauche — chacun avec son logo, parfois notoire, parfois confidentiel et son étiquette.

Il ne devait pas se lancer si tôt. Mais face à des sondages pointant une image de mal-aimé chez les Lyonnais, il a voulu s’afficher en groupe. Quitte à s’y perdre.

Entre les partis bien identifiés comme Les Ecologistes et l’excellente maire du 7e Fanny Dubot, le PS avec Sandrine Runel, le PCF avec Augustin Pesche, et une foule de micro-groupes aux noms de collectifs de quartier, Grégory Doucet peinait même à tous les énumérer devant les caméras.

Jean-Michel Aulas rassemble certes au centre et à droite. Mais, et les porteurs d’étiquettes l’oublient, capte aussi une partie de l’électorat de gauche, la plus sensible à la fierté lyonnaise et la moins portée sur les étiquettes de partis nationaux.

Il faut que la majorité sortante arrête de refuser de voir cela. Pour le contrer, les élus municipaux ont voulu rappeler que la gauche à Lyon, c’est eux. Celle qui a décroché les 4 sièges de députés du Nouveau Front Populaire l’an dernier sur 4 possibles à Lyon. Carton plein.

Mais le souvenir du NFP ne va pas sans attaques internes peu reluisantes. Comme ces responsables socialistes qui ont raillé la proposition d’Anaïs Belouassa-Cherifi, candidate LFI qui a osé partir en liste séparée du maire de Lyon. Celle-ci proposait de réquisitionner des logements vides pour y héberger des familles à la rue.

L’idée a été qualifiée de “proposition de Miss France” par des cadres socialistes dont je tairai les noms par charité. Bonjour le féminisme. Bonjour la solidarité vis à vis des femmes et des enfants à la rue.

Entre ceux qui croient à une sociologie électorale acquise à vie et ceux qui plaquent les enjeux nationaux sur le local, tout finit par se diluer.

La « soupe de sigles » — l’expression est de l’intellectuelle Chantal Mouffe, reprise par la gauche radicale de Podemos — produit toujours le même résultat : un grand bol tiède. Chacun remue son écusson, personne ne sert de vrai plat. PS, Verts, micro-formations… pour l’instant, ce n’est que de l’affichage. Aucune proposition forte.
Et pourtant, les Lyonnaises et les Lyonnais veulent du concret.

La majorité sortante a travaillé. Bail réel solidaire, encadrement des loyers… des mesures métropolitaines, mais aussi portées par la Ville. Problème : il est encore plus difficile de se loger à Lyon aujourd’hui qu’en 2020. Le constat est clair.

Construire plus de logements ? Une idée que les écologistes ont longtemps refusée. Y aura-t-il un changement de cap ? Des solutions nouvelles ? Rien n’a été annoncé. Un logo ne remplace pas une mesure. Et toujours rien sur le logement.

Rien non plus sur la culture. Le musée Guimet est déserté. Il pourrait pourtant devenir un symbole de renouveau : un lieu dédié aux sciences, un festival du futur, un espace mêlant innovation, écologie et art. Mais non. On ne sait toujours pas ce qu’il va devenir.

Pendant qu’on nous parle d’appareils et de renouvellement des rentes d’élus, une part non négligeable de l’électorat de gauche regarde déjà vers Aulas. Faire comme si ce n’était pas le cas, c’est se tirer une balle dans le pied.

Les Lyonnaises et les Lyonnais ne veulent plus qu’on leur serve une soupe de sigles. Ils veulent un cap. Un vrai projet. Des idées claires. Des réponses concrètes sur leurs vies quotidiennes.

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Romain Blachier