“Si le trajet entre Berlin et Copenhague dure actuellement sept heures, l’objectif de l’exécutif européen est de le ramener à quatre. Pour aller d’Athènes à Sofia, il faut quatorze heures, mais ce temps pourrait être réduit à six. Berlin-Vienne passerait de huit heures à quatre et demie, et Madrid-Paris de neuf heures et demie à six.” Ces exemples, que l’on retrouve dans les colonnes d’El País, illustrent concrètement les résultats que l’Union européenne attend de sa nouvelle stratégie visant à développer le réseau de trains à grande vitesse sur son territoire. Un plan, détaille le journal madrilène, qui vise “à connecter les grandes capitales européennes” plus efficacement par le rail.
Si Bruxelles se penche sur la question du transport en train, c’est évidemment pour des raisons écologiques, puisque comme le rappelle ce média de gauche, “il est impossible pour l’Europe d’atteindre ses objectifs de réduction des émissions sans s’attaquer aux transports. Et dans ce domaine, le moyen de déplacement le moins polluant est le train.”
“Éliminer les goulets d’étranglement transfrontaliers”
Problème : trop souvent, les citoyens de l’UE choisissent l’avion ou la voiture pour leurs déplacements. Voilà pourquoi, pour les encourager à privilégier le rail, la Commission prévoit un plan en quatre points, détaillé par La Repubblica. “Tout d’abord, l’exécutif européen prévoit l’élimination des goulets d’étranglement transfrontaliers, mais aussi le développement d’une stratégie de financement coordonnée entre les États membres, pour arriver à mobiliser les investissements nécessaires, écrit le média italien, qui poursuit. Le plan prévoit aussi l’amélioration du cadre normatif et des conditions pour favoriser les investissements, par exemple à travers le renfoncement des systèmes de billetterie transnationaux, ou en soutenant le marché du matériel roulant d’occasion, ainsi que le renforcement de la gouvernance au niveau européen.”
“Le financement public ne suffira pas”
Mais concrètement, se demande légitimement El País, combien d’argent Bruxelles va-t-elle mettre sur la table pour atteindre ses objectifs ? “On estime que l’achèvement d’un réseau à grande vitesse ambitieux fonctionnant à des vitesses très élevées (bien supérieures à 250 km/h) pourrait coûter jusqu’à 546 milliards d’euros d’ici à 2050”, répond le média espagnol, en relayant les déclarations de spécialistes de l’UE.
C’est là “une somme d’argent colossale”, estime à titre personnel le quotidien madrilène, et puisque l’UE est déjà “très endettée et confrontée à d’importants besoins dans d’autres domaines de dépenses publiques”, conclut El País, la Commission a préféré préciser d’emblée que “le financement public ne suffira pas à lui seul à satisfaire les besoins importants en matière d’investissement”.
Si l’exécutif bruxellois n’a pas donné de précisions concernant ses investissements directs sur les réseaux ferroviaires à grande vitesse, la Commission a fourni quelques chiffres au sujet de son autre initiative “environnementale” présentée aujourd’hui. À savoir, celle qui vise à augmenter l’utilisation des carburants moins polluants, notamment dans le transport maritime et l’aviation.
En effet, souligne El País, “pour encourager l’investissement privé dans ce secteur, des fonds publics seront mobilisés à hauteur de 2,9 milliards d’euros d’ici à 2027. L’essentiel de ces fonds, autour de 2 milliards, sera débloqué dans le cadre du programme InvestEU. La Banque européenne de l’hydrogène apportera 300 millions, et 446 millions viendront du fonds d’innovation au profit de projets relatifs aux carburants d’aviation durables et aux carburants maritimes. Enfin, 133 millions seront alloués à la recherche et à l’innovation dans le domaine des carburants au titre du programme Horizon Europe.”
Par ailleurs, la Commission et les États membres préparent également un projet pilote, “qui mobilisera 500 millions pour des projets de carburants d’aviation durables”, complète le média madrilène.