Cette enseigne, créée par un Français, a annoncé s’implanter dans le grand magasin, dans le sillage de Shein. Mais après que le BHV a démenti formellement cette arrivée, la mystérieuse marque a décidé de renoncer, et de s’installer ailleurs à Paris.
Simple coup de com’ ou vraie opération commerciale qui n’a pas vu le jour ? Montures à moins de 3 euros, verres à 5 euros et verres progressifs à 25 euros… Mi-octobre, Blacksheep, une plateforme de vente en ligne de lunettes 100% fabriquées en Chine, a annoncé s’installer au BHV Marais, à Paris, dans le sillage de Shein. La marque, fondée par un Français, affirmait dans un communiqué de presse s’implanter dans une boutique «de 200 m2 où les visiteurs pourront retrouver plus de 3000 modèles à essayer et à commander directement depuis la plateforme dans le magasin», sans indiquer de date précise.
Seul hic : mardi 4 novembre, la Société des Grands Magasins (SGM), propriétaire du BHV, a formellement démenti l’arrivée de Blacksheep («mouton noir» en français) dans ses locaux. «Ce document annonce de manière mensongère l’arrivée de la marque Blacksheep au sein du BHV Marais et décrit un partenariat qui n’existe pas», écrit sèchement l’entreprise présidée par Frédéric Merlin. Elle indique «qu’aucun accord commercial ou partenariat n’a été conclu avec la société Blacksheep». Allant plus loin, la SGM dénonce des «informations trompeuses», et n’exclut pas le droit d’engager «toute action nécessaire pour préserver ses intérêts et ceux de ses clients».
Face à cette fin de non-recevoir, Blacksheep a réagi dans un nouveau communiqué paru ce mercredi, disant renoncer à son implantation au BHV et annonçant une ouverture au 91 rue de Rivoli à Paris… à deux pas du grand magasin. «L’optique traditionnelle a ses réflexes : quand on lui met un miroir en face, elle détourne le regard. Peut-être aussi que la transparence la dérange», tacle l’entreprise, qui se distingue par son positionnement radical : ses montures viennent de Chine, et elle propose des prix défiant toute concurrence. Un positionnement qui n’est pas sans rappeler Shein, la plateforme chinoise d’ultra fast fashion qui ouvre ce mercredi 5 novembre un magasin physique au BHV.
Projection sur grand écran des images des ateliers en Chine
«On a lancé Blacksheep avec une idée : créer la plus grande plateforme mondiale mettant en relation directe les usines productrices de lunettes avec les consommateurs», expliquait son fondateur Pierre Wizman sur BFMTV, qui a aussi fondé la marque de lunettes Polette. Ce dernier prône la transparence «totale». Il annonce même la projection sur grand écran, dans sa future boutique parisienne, des images en direct des ateliers de production en Chine, «pour révéler la réalité du travail et les conditions humaines derrière chaque monture». «Parler ouvertement de production, de prix réels, et d’un Made in China assumé reste encore inhabituel dans un secteur où la vérité inspire moins qu’elle n’inquiète», tance Blacksheep dans son communiqué de ce mercredi.
Cette nouvelle intervient alors que le BHV accueille ce mercredi en son sein la marque Shein, au cœur d’un scandale après la découverte de poupées à caractère pédopornographique sur son site. La plateforme a dans la foulée annoncé collaborer avec la justice en fournissant le nom des acheteurs, et déréférencer les produits litigieux. Mais, après la découverte d’armes de catégorie A en vente sur le site, le gouvernement a annoncé ce mercredi engager une «procédure de suspension» de Shein en France. Depuis l’annonce de l’arrivée du géant chinois dans les locaux du BHV, plusieurs marques ont par ailleurs décidé de quitter le navire, comme le chausseur Odaje ou la marque de cosmétiques Aime. Il semble au contraire que d’autres marques souhaitent surfer sur l’arrivée de Shein.