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Juliette Voisin

Publié le

5 nov. 2025 à 16h22

« Lecornu, t’es foutu, la vape est dans la rue ! » Mercredi 5 novembre 2025, 350 personnes, principalement des salariés du Petit Vapoteur, se sont rassemblées sur la place de Gaulle à Cherbourg-en-Cotentin (Manche).

Ils ont fait entendre leurs voix pour protester contre l’article 23 du Projet de loi de finances 2026, actuellement débattu à l’Assemblée nationale.

@lapressedelamanche

Le Petit Vapoteur appelait à manifester le mercredi 5 novembre contre un article du budget 2026 qui menace la vente en ligne. Environ 350 personnes se sont mobilisées. #Cotentin #Cherbourg #manifestation @Le Petit Vapoteur

♬ son original – La Presse de la Manche

Des jeunes salariés dans le doute

Depuis trois semaines, le texte agite l’entreprise, qui emploie 550 personnes partout en France dont 250 au siège à Cherbourg. L’article 23 menace l’existence de la société, leader européen de la vente en ligne de cigarettes électroniques, aux 154 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024. Depuis trois semaines, la tension monte chez les salariés, dont la moyenne d’âge est de 32 ans.

Des emplois sont en jeu et si le projet de loi passe en l’état, l’entreprise ne pourra pas tous les sauvegarder. J’essaie de rester positive, même si ce n’est pas simple !

Noa Coupey, salariée

« L’article 23 est arrivé un peu comme une bombe atomique, on ne s’y attendait pas. Depuis que je travaille chez Le Petit Vapoteur, même s’il y a déjà eu des craintes par rapport au secteur de la vape, je pense que ça n’a jamais été aussi dangereux pour nous », témoigne Noa Coupey, vidéaste de 29 ans.

Cette décision remet en question ses projets personnels, mais la jeune femme garde espoir : « Je viens d’acheter une maison, donc j’avoue que ça fait un peu peur, mais on espère que tous les rassemblements d’aujourd’hui porteront leurs fruits et que les amendements proposés par nos élus seront entendus ».

Que prévoit l’article 23 ?

L’article 23 du Projet de loi de finances 2026 prévoit notamment l’imposition d’une taxe sur les produits e-liquides, l’interdiction de la vente en ligne et l’obligation d’un agrément administratif, au même titre que les buralistes, pour les 3 500 boutiques non agréées par l’État. Pour le Petit Vapoteur, la vente en ligne représente 70 % de son activité et 30 % de son marché. Le secteur de la cigarette électronique emploie 25 000 salariés en France.

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Pour son collègue Julien Morand, aromaticien, 33 ans, la perspective de devoir changer de travail n’est pas envisageable. Il occupe un poste unique chez Le Petit Vapoteur, celui d’inventer les saveurs des e-liquides.

« C’est un coup de massue ! Dans la région, je ne pourrais pas retrouver un emploi similaire, et je n’ai pas envie de quitter Cherbourg et le Cotentin. Je n’ai pas non plus envie de faire une reconversion professionnelle », explique-t-il.

Cherbourg-en-Cotentin, le 4 novembre.
Ils ont décidé de faire entendre leur voix. Les salariés de l’entreprise Le Petit vapoteur se sont mobilisés. Ils protestent contre l’article 23 du Projet de Loi de Finances 2026, actuellement débattu à l’Assemblée nationale, qui menace l’existence de sa société cherbourgeoise, leader européen de la vente en ligne de cigarettes électroniques. Le texte prévoit notamment l’imposition d’une taxe sur les produits e-liquides, l’interdiction de vente des produits vape aux 3 500 boutiques non agréées par l’État, ainsi que la vente sur Internet.
Tanguy Gréard et Olivier Dréan  les dirigeants ont pris la parole devant les 350 personnes rassemblés place du Théâtre.
Ce mercredi 5 novembre 2025, 350 personnes se sont réunies à Cherbourg-en-Cotentin (Manche) en soutien à la filière de la vape, menacée par l’article 23 du projet de loi de finances 2026. ©Jean-Paul BARBIER« On a peur pour tous les ex-fumeurs »

Au-delà de leur situation personnelle, les salariés ont tous un mot pour leurs clients, les « ex-fumeurs ». « On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait. On est dans l’incompréhension par rapport au choix du gouvernement. On a peur pour tous les ex-fumeurs et leur entourage qui subit souvent les effets de l’arrêt du tabac », partage Priscillia Pouteau, 30 ans, responsable qualité, embauchée en janvier dernier, qui manifeste avec son beau-père Serge, à la retraite.

Cherbourg-en-Cotentin, le 4 novembre.
Ils ont décidé de faire entendre leur voix. Les salariés de l’entreprise Le Petit vapoteur se sont mobilisés. Ils protestent contre l’article 23 du Projet de Loi de Finances 2026, actuellement débattu à l’Assemblée nationale, qui menace l’existence de sa société cherbourgeoise, leader européen de la vente en ligne de cigarettes électroniques. Le texte prévoit notamment l’imposition d’une taxe sur les produits e-liquides, l’interdiction de vente des produits vape aux 3 500 boutiques non agréées par l’État, ainsi que la vente sur Internet.
Tanguy Gréard et Olivier Dréan  les dirigeants ont pris la parole devant les 350 personnes rassemblés place du Théâtre.
Ce mercredi 5 novembre 2025, 350 personnes se sont réunies à Cherbourg-en-Cotentin (Manche) en soutien à la filière de la vape, menacée par l’article 23 du projet de loi de finances 2026. ©Jean-Paul BARBIER

Anaïs, comptable, est du même avis : « Ça serait un drame pour tous ceux qui veulent arrêter de fumer ».

En effet, « la vape sauve, c’est l’outil de sevrage tabagique le plus efficace », est l’argument principal avancé par les collaborateurs et leurs dirigeants, Tanguy Gréard et Olivier Dréan.

C’est ce qu’ils ont rappelé lors de leur prise de parole devant les 350 manifestants, salariés et soutiens : « Quand nous avons créé le Petit Vapoteur il y a 15 ans, nous étions deux amis, convaincus que la cigarette électronique pouvait aider les fumeurs à arrêter de fumer. Nous avons accompagné plus de 3 000 clients sur le chemin d’une vie sans tabac, et pourtant, aujourd’hui, nos sommes menacés ».

Cherbourg-en-Cotentin, le 4 novembre.
Ils ont décidé de faire entendre leur voix. Les salariés de l’entreprise Le Petit vapoteur se sont mobilisés. Ils protestent contre l’article 23 du Projet de Loi de Finances 2026, actuellement débattu à l’Assemblée nationale, qui menace l’existence de sa société cherbourgeoise, leader européen de la vente en ligne de cigarettes électroniques. Le texte prévoit notamment l’imposition d’une taxe sur les produits e-liquides, l’interdiction de vente des produits vape aux 3 500 boutiques non agréées par l’État, ainsi que la vente sur Internet.
Tanguy Gréard et Olivier Dréan  les dirigeants ont pris la parole devant les 350 personnes rassemblés place du Théâtre.
Tanguy Gréard et Olivier Dréan, cofondateurs du Petit Vapoteur. ©Jean-Paul BARBIER

Ils réclament donc des amendements pour cesser de « punir les professionnels qui se battent jour après jour pour offrir une alternative crédible au tabac ».

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