« Il n’y a pas de profil du harceleur ou du harcelé », « les auteurs ont parfois été victimes » et « chaque situation est particulière ». Morgane Martin connaît bien la problématique pour être conseillère principale d’éducation de fonction. Nommée en mai dernier responsable de la lutte contre le harcèlement scolaire pour l’académie de Strasbourg, elle est l’interlocutrice du ministère de l’Éducation nationale qui a érigé ce combat en priorité et elle accompagne les établissements dans le déploiement du programme national Phare.
Avec ce plan global de prévention et de traitement des situations de harcèlement, « on a une réponse, un protocole ». Et « on avance », se félicite la responsable académique. Si aucun chiffre n’atteste d’un recul des situations de harcèlement, Morgane Martin témoigne d’une évolution favorable du climat scolaire dans les établissements et évoque un changement de paradigme dans l’approche du phénomène.
Des signaux faibles à ne pas minimiser
« Pour sécuriser nos établissements, on a besoin du regard de tout le monde. Tous les adultes ont un rôle à jouer, pas seulement la vie scolaire. » Les écoles, collèges et lycées sont ainsi dotés d’équipes Phare composées de cinq personnes au minimum, issues de toutes les catégories de personnels et formées. D’ici 2026, quelque 33 000 personnels de l’académie auront reçu une formation de trois heures en présentiel.
Objectif : « tout adulte doit être en mesure de détecter et signaler les situations de harcèlement. La priorité c’est d’assurer la sécurité des élèves. Le harcèlement, c’est un ensemble de signaux faibles du quotidien. Ce qui pourrait être dangereux, c’est de penser que ce sont des gamineries, de les minimiser. Mais les adultes ont l’obligation de les prendre en charge. »
Une méthode « non blâmante »
En marge du traitement, selon un protocole strict, des signalements recueillis via établissements, courriers, mails, appels au numéro national d’alerte ou à la plateforme académique, l’accent est mis sur la prévention. « L’objectif est de ne pas arriver à des situations enkystées et de trouver des leviers en amont. »
Au stade de l’intimidation scolaire, souvent prémices au harcèlement, l’académie a en particulier fait le choix de déployer auprès des élèves une méthode « non blâmante » dite « de la préoccupation partagée ». « L’idée est de les faire monter en compétences psychosociales, de les faire sortir du rôle dans lequel ils se sont parfois enfermés et de travailler les notions d’empathie, de vivre ensemble. On a vu des postures d’élèves complètement changer avec cette méthode », expose Morgane Martin. Avec son équipe, elle aspire à associer le plus possible les parents d’élèves à cette « stratégie collective ».