Dans une fin de saison où l’inquiétude domine le peloton belge après la fusion entre Lotto et Intermarché – synonyme de pertes d’emplois pour de nombreux coureurs et membres de l’encadrement – et la disparition annoncée de la structure Wagner Bazin WB où il était directeur de la performance, l’ancien coureur liégeois Christophe Detilloux apporte une nouvelle qui redonne le sourire au cyclisme wallon. En 2026, il relancera une équipe Continentale pour les Espoirs du sud du pays, patronnée par Color Code.
LE RETOUR DE COLOR CODE DANS LE PELOTON
Après l’arrêt de Wagner Bazin WB, Christophe Detilloux a rapidement ressenti le besoin de rebondir. « Je n’avais pas envie de rester sur une déception », confie-t-il à DirectVelo. Sur son avenir, il a eu le choix. « Je pouvais passer directeur sportif dans une équipe pro, mais ça ne me disait rien, car je n’aurais pas eu un rôle très important, juste celui de chauffeur de voiture. Ce que j’aime, c’est former les jeunes, qu’ils arrivent ou non chez les pros. Je désire les amener le plus haut possible à travers un bon encadrement. Cela passe forcément par des résultats, et déjà à l’échelon national. Si tu n’es pas capable de briller sur des Triptyques Ardennais, un Tour de Liège ou un Tour de Namur, tu n’as rien à faire chez les pros ».
« Depuis que cela s’est ébruité, mon téléphone est en surchauffe », sourit-il. Et pour cause. La disparition de la formation espoirs de Wallonie-Bruxelles avait laissé un trou béant. Les meilleurs jeunes Wallons filaient vers les équipes de développement liées aux formations WorldTour, tandis que les autres peinaient à trouver une structure de niveau Continental. Le nouveau projet de Christophe Detilloux vient donc combler un manque crucial entre les clubs performants – comme le CC Chevigny ou la Mini Discar Cycling Team – et les grandes structures internationales.
Le projet s’appuiera sur un partenaire bien connu, Color Code, fidèle soutien historique de la formation wallonne. La marque, déjà associée à l’équipe de développement de Wallonie-Bruxelles, fera ainsi son grand retour dans le peloton.
UN BUDGET DOUBLÉ ET UN PROJET AMBITIEUX
Le projet, lancé tardivement, a pris forme à vitesse grand V. « Nous avons lancé le projet très tard, après le 15 août, avec Bertrand Lourtie. Il fallait déjà verser des garanties le 1er septembre. Finalement, nous avons déjà dépassé nos espérances budgétaires. On est passé de 150.000 à 350.000 euros, et nous sommes toujours à la recherche de partenaires additionnels », explique le manager liégeois.
Preuve de l’intérêt suscité, « j’ai reçu des demandes de 44 coureurs wallons pour venir dans l’équipe. Je voulais que cela reste 100 % wallon. C’est dommage de ne pas avoir de subsides pour ça, j’espère que ça viendra avec le temps ». L’effectif comptera majoritairement des Espoirs, mais aussi quelques Élites expérimentés, comme Lucas Jacques ou Julien Desmarets, qui joueront un rôle de capitaines de route pour encadrer les plus jeunes. À ce jour, 11 coureurs ont été annoncés. Le programme s’annonce varié : Grandes épreuves amateurs (U23 Road Series, Tours de Liège et de Namur) et, si possible, quelques invitations sur des courses professionnelles, « pour accélérer l’apprentissage et montrer aux jeunes le chemin qu’il leur reste à parcourir ».
L’encadrement, lui, sera de qualité. « John Wiggins, qui était déjà avec nous chez Wagner Bazin, sera notre entraîneur. On pourra partir en stage en altitude. J’aurai également un jeune nutritionniste issu du Comité olympique. Nous avons aussi fait appel à la structure de bikefitting Bike4All, dans laquelle travaille Axel De Lie, le frère d’Arnaud ».
« PERSONNE NE VOULAIT DE TAMINIAUX OU DE MONIQUET, ET POURTANT …»
Conscient du défi qui l’attend, Christophe Detilloux garde la tête froide. « Au niveau des résultats sportifs, je ne m’attends pas à gagner toutes les courses du calendrier. Mais je crois qu’on peut faire de bons résultats. Personne ne voulait d’un Lionel Taminiaux, d’un Rémy Mertz ou d’un Sylvain Moniquet, et pourtant, ils ont tous fait une belle petite carrière dans le vélo. Je veux réitérer le même parcours avec d’autres coureurs. Cela passe par une bonne structure ».
Toujours animé par sa vocation de formateur, il conclut avec enthousiasme. « J’ai toujours aimé encadrer les jeunes coureurs. Les voir progresser, franchir des étapes et parfois, même, atteindre le niveau pro, c’est ce qui me motive le plus ».
Dans un contexte où la formation wallonne semblait s’essouffler, le retour d’une structure comme celle-ci est une véritable bouffée d’air frais. Le projet Color Code pourrait bien redevenir, dès 2026, un passage incontournable pour les talents du sud du pays rêvant de suivre les traces de leurs aînés.