La France veut suspendre Shein si elle ne se conforme pas à ses lois. Mais elle demande également à l’Union Européenne d’aller « plus loin » pour « sévir » contre les infractions aux règles du géant asiatique du commerce en ligne. La Commission européenne « doit sévir » et sanctionner Shein qui est « de toute évidence en infraction avec les règles européennes », a exhorté jeudi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sur France Info.
Dans ce cadre, la ministre déléguée au Numérique Anne Le Hénanff s’entretiendra jeudi après-midi avec la vice-présidente de la Commission en charge du numérique, Henna Virkkunen, a fait savoir Bercy. « La Commission a diligenté certaines enquêtes, elle doit maintenant les assortir de sanctions » contre la plateforme asiatique, a demandé le chef de la diplomatie française.
La France met la pression sur l’UE
Sur le plan national, il s’est félicité de la demande, du Premier ministre Sébastien Lecornu mercredi, de suspendre cette plateforme « le temps » que cette dernière se conforme aux lois françaises. Mais « je veux aller plus loin » en agissant sur le plan européen, a-t-il souligné, voulant mettre fin aux « abus qui posent des questions d’ordre public ».
La Commission européenne a classé en avril 2024 Shein comme une « très grande plateforme en ligne », lui permettant d’exercer un contrôle renforcé en vertu du règlement européen sur les services numérique (DSA). En février 2025, elle a ouvert une enquête contre la plateforme, la soupçonnant de ne pas lutter suffisamment contre la vente de produits illégaux. Selon Jean-Noël Barrot, l’univers du commerce en ligne a été encadré par « des règles » européennes « qui ne sont pas respectées » et « donc la Commission européenne doit sévir ».
En parallèle, les ministres de l’Economie Roland Lescure et du Numérique Anne Le Henanff ont envoyé une lettre à la Commission européenne l’appelant à « apporter des réponses fermes aux dysfonctionnements » répétés de Shein. Les grandes plateformes commerciales s’exposent, dans les cas les plus graves d’infractions répétées, « à l’application d’une sanction pécuniaire pouvant représenter jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial de la plateforme et de mesures de suspension de son activité », rappellent-ils.
L’UE répond à la France
L’UE a dit jeudi partager les inquiétudes de la France à propos des produits illégaux vendus sur la plateforme Shein, assurant qu’elle prenait l’affaire « très au sérieux » et qu’elle n’hésiterait pas à prendre des mesures contre la plateforme si nécessaire.
« La vente de poupées à caractère pédopornographique est un motif extrêmement inquiétant. Nous ne voulons pas voir ces produits (proposés à la vente) pour nos concitoyens en Europe », a déclaré Thomas Régnier, porte-parole de la Commission sur le numérique.