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le 25 avril 2025 à 12h07,
mis à jour le 25 avril 2025 à 12h32

L’équipe de «C à vous» avec Lio, le 8 avril.
Capture d’écran « C à vous ».

Des témoignages anonymes décrivent dans l’hebdomadaire une détérioration de leurs conditions de travail. En février, Mohamed Bouafsi et le producteur Pierre-Antoine Capton défendaient, au contraire, la bonne santé de la rédaction.

C’est dans « C à vous », jeudi soir, que la fille de François Bayrou a décidé de lever sur le voile sur les violences subies à Bétharram. Le talk-show animé par Anne-Élisabeth Lemoine  est devenu l’un des piliers du paysage audiovisuel. En décembre 2024, son plateau se déplaçait à l’Élysée pour interroger le président de la République. Mais ce succès récompensé par de bonnes audiences n’irait pas, selon des témoignages recueillis par Marianne, sans des tensions internes.

L’hebdomadaire, dans son numéro du jeudi 24 avril, épingle ce qu’il identifie comme un « climat de peur » au sein de la société production de l’émission, Troisième Œil, à l’origine également de « C l’hebdo » et « C dans l’air ». Une expression d’un cadre du groupe qui s’exprime anonymement, comme tous les autres témoins de l’enquête. Cette détérioration de l’atmosphère professionnelle aurait débuté avec le licenciement, visiblement douloureux, d’une cheffe d’édition en 2023.

Relation « dégradée » avec Anne-Élisabeth Lemoine

L’année suivante, une dispute sonore dans les couloirs aurait éclaté entre une productrice et un programmateur. « Elle lui a hurlé dessus devant tout le monde », se souvient une journaliste. « Les gens ne sont pas bienveillants, des journalistes se retrouvent parfois en pleurs après l’émission », affirme de son côté un ancien employé, dont on ignore le poste qu’il occupait. L’enquête fait état d’arrêts de travail déposés en conséquence des conditions de travail.

Un témoignage d’une ancienne « fichiste » vise plus précisément Anne-Élisabeth Lemoine, présentée comme « brutale et humiliante en public ». Explication d’un journaliste toujours dans la rédaction : « (…) La relation avec les équipes s’est dégradée, en particulier avec Babeth, parce qu’elle a peur de se faire remplacer. » À la tête de l’émission depuis 2017, la présentatrice ne devrait pourtant pas s’en aller de si tôt selon le patron de Mediawan, la société mère de Troisième Œil. Pierre-Antoine Capton a balayé en mars les rumeurs de son départ.

«Pas de malaise»

Invité en février sur Franceinfo, à l’occasion de la sortie de son documentaire La banlieue, c’est le paradis, le chroniqueur Mohamed Bouhafsi, promu directeur général de Troisième Œil en octobre dernier, avait répondu aux critiques émises contre « C à vous ». Elles avaient été relayées une première fois par le média d’investigation L’Informé, qui consacrait un article au système de gouvernance de la société de productions.

« Je n’ai pas envie de dialoguer avec la polémique, expliquait-il de prime abord. C’est une rédac’ qui est exceptionnelle. C’est dur une quotidienne, on est en direct tous les soirs. C’est une quotidienne qui a de l’ambition, de la détermination. (…) Des documentalistes aux fichistes, en passant par les journalistes et les JRI (journalistes reporters d’image, NDLR), j’estime qu’on a la meilleure rédaction de France », affirmait Mohamed Bouafsi. Selon qui « il n’y a pas de malaise ».

Pierre-Antoine Capton a par la suite tenu un discours similaire dans Le Parisien . « Les gens travaillent ici dans de très bonnes conditions (…) Pour avoir parlé avec les uns et les autres, il n’y a pas de sujet : l’ambiance est vraiment excellente », assure le producteur. Qui estime que l’émission a possiblement été « victime » de « trois salariés dont les départs ne se sont pas bien passés ».

Marianne rappelle qu’un cabinet spécialisé en ressources humaines a été mandaté en mars par Mediawan pour les équipes de « C à vous » et « C l’hebdo ». Afin, selon un mail consulté par l’hebdomadaire, d’« identifi[er] ce qui peut faire tension ou risque ».