Elle est finalement arrivée en gare de Brest, vers 8 h 20, ce jeudi 6 novembre, à l’heure d’attaquer une journée de travail, après une nuit sans sommeil ou presque. Une mésaventure de plus pour la Brestoise Tyfen Caer, installée à la capitale, qui a l’habitude de prendre le train pour retrouver sa famille à la pointe bretonne. « Celle de trop », assure-t-elle, ce jeudi matin : « Sur dix allers-retours effectués depuis le début de l’année, j’ai noté un seul sans incident ».

Mercredi soir, elle a embarqué dans le TGV Inouï n° 8651, à Paris Montparnasse, en direction de Brest. Au programme : deux jours de télétravail auprès de sa famille avant de profiter d’un week-end avec un pont. Arrivée prévue à 23 h 40.

« À une dizaine de kilomètres de Rennes, on nous a signalé un problème technique et le train s’est immobilisé pendant près d’une heure. Et quand on est arrivés à Rennes, on nous a annoncé que le train vers Brest ne pourrait pas poursuivre et qu’il fallait l’évacuer. »

« Après que le conducteur a tenté de se dépanner sans succès, celui-ci a été contraint de terminer son trajet à Rennes, en raison des travaux de nuit à La Brohinière, entre Rennes et Saint-Brieuc », confirme la SNCF.

Pas assez de cars et pas d’hôtel disponible

Selon Tyfen Caer, les agents SNCF ont rapidement annoncé l’affrètement de cars pour permettre aux voyageurs de gagner leur destination. « On est tous sortis : huit wagons remplis. Deux cars de 63 places pour Brest et Saint-Brieuc ont été pris d’assaut. Environ 40 minutes plus tard, deux autres cars sont arrivés, pour Morlaix (29) et Saint-Brieuc. Là encore, une bonne soixantaine de personnes est restée sur le quai ».

Vers minuit, selon notre voyageuse, la sanction est tombée : « On nous a annoncé qu’il n’y avait plus de car disponible, pas de place dans les hôtels, la seule solution était donc de dormir dans le train. Les femmes ont été séparées des hommes, mais les portes sont restées ouvertes entre les wagons et on nous a simplement donné un oreiller et une couverture. Je n’ai quasiment pas pu dormir ».

Ils ne pouvaient pas affréter un TER de nuit pour terminer le trajet ? Et s’il n’y avait pas d’hôtel à Rennes, il n’y en avait pas non plus dans la périphérie ?

Selon la SNCF, « la capacité hôtelière disponible à Rennes en ce moment n’était pas suffisante. SNCF Voyageurs a donc organisé rapidement la mise à disposition d’une rame spéciale surveillée en gare, pour permettre aux voyageurs de passer la nuit avec le maximum de confort possible et en toute sécurité. Nos agents ont distribué des kits nuits (couverture, oreiller, masque de nuit, lingette, bouchon d’oreille et dentifrice à mâcher), des bouteilles d’eau, des coffrets repas et des bons petit-déjeuner aux passagers. La protection civile était également sur place pour assurer la sécurité des voyageurs ».

« Juste un café… soluble »

« J’ai 25 ans mais, dans ce train, il y avait plusieurs personnes âgées, un homme handicapé qui avait un rendez-vous médical à Brest, ce jeudi matin. Ils n’ont, eux non plus, sans doute pas dormi… À 5 h, on nous a finalement dit qu’on allait repartir avec le TER de 6 h. Et tout ce qu’on m’a proposé, c’est un café soluble offert par la protection civile ! », proteste Tyfen.

Notre voyageuse s’interroge encore : « Ils ne pouvaient pas affréter un TER de nuit pour terminer le trajet ? Et s’il n’y avait pas d’hôtel à Rennes, il n’y en avait pas non plus dans la périphérie ? ». Ce jeudi matin, la SNCF a dit « regretter sincèrement la situation » et annoncé que « les voyageurs concernés seront remboursés à 100 % ».