On continue aujourd’hui de ponctionner toujours les mêmes : ceux qui n’ont rien ou ceux qui ont juste un peu, pour un partage de la misère finalement. Maintenant, ça suffit », lance Jean-Luc Trinel (CGT), ancien du chantier naval dont la pension s’élève à 1 200 euros. « Non seulement on se prive, mais on doit aussi aider nos enfants confrontés à des difficultés de travail et de vie », ajoute-t-il, remonté par les nouvelles injustices que les retraités sont sommés d’assumer.
Pour Annie (CGT), retraitée des Finances publiques et militante, « on est en train de diviser la société, de monter les gens les uns contre les autres : les actifs contre les retraités, les jeunes contre les vieux… » Elle dénonce le gel des pensions et du barème de l’impôt sur le revenu, qui rendra imposables de nouveaux foyers et leur fera perdre certaines aides sociales. Et de conclure : « Résultat, ce sont toujours les mêmes qui vont trinquer. Pendant ce temps, on chasse les pauvres, mais on ne lutte pas contre la fraude fiscale qui, chaque année, fait perdre 80 milliards au budget de l’État. »
Ce qui amène de l’eau au moulin de Jean-Paul Cotura, figure emblématique des luttes dans le Port du Levant, pour qui les revendications portées ce matin par les camarades de la CGT appellent à « mener le combat aujourd’hui et demain ».
« On est de tout cœur avec vous ! », lancent deux jeunes dames visiblement pressées, , valises à la main. En les suivant, on apprend qu’elles travaillent dans le secteur de la santé, à Paris, et savent ce que signifie devoir se mobiliser.
Contre la paupérisation
Avant de prendre la parole pour l’intersyndicale, la secrétaire générale du syndicat CGT des retraités, Brigitte Cheinet, condamne « un budget délétère qui ne peut conduire qu’à la paupérisation de la population ». Et ce d’autant plus qu’elle connaît déjà bien la réalité du terrain, aujourd’hui, avec des retraités qui, pour certains, explique-t-elle, ne se chauffent pas, hésitent à se soigner ou ne peuvent plus sortir leur voiture tant le budget est déjà serré. « Aujourd’hui, le gouvernement a décidé que c’est à la population de payer, et non à ceux qui ont l’argent », tempête-t-elle.
Dominique Luiggi (CGT) ajoute : « S’il y a de plus en plus de riches, c’est qu’il y a de moins en moins de travailleurs qui luttent. »
Jean-Pierre Meyer (PCF) poursuit l’analyse en mettant en avant que, pour s’en sortir, « il faut passer par la convergence du politique et du mouvement social ». « J’ai toujours en tête, glisse-t-il, la conclusion du professeur Jacquard au terme d’une conférence à Sanary, il y a bien des années en arrière : “Ou le monde sera communiste, au sens du partage des savoirs et des richesses, où il sera barbare”. » Pour le militant syndical et politique, « c’est là que se situe l’enjeu aujourd’hui ». C’est-à-dire faire comprendre à ceux qui souffrent le plus qu’il est urgent de se mobiliser.
À la tête du cortège qui s’ébranle vers la préfecture, Gilberte Mandon (FSU) insiste sur la nécessité d’un autre budget : « On en a un peu assez que les retraités soient la vache à lait du gouvernement, alors que 55% d’entre eux touchent moins que le SMIC. »
« Si on laisse faire, ça va être dramatique pour les petites pensions, renchérit Christian Godmet (Solidaires). Est-ce qu’on touche déjà du doigt la paupérisation de certains retraités ? » Et de conclure : « Il faut pousser fort pour demander des mesures justes et nous le ferons d’autant mieux si la gauche est unie derrière le mouvement social. »