La conciergerie Cocoonr a vu le jour il y a dix ans, dans le sillage de l’avènement de plateformes comme Airbnb, Booking ou Abritel, pour proposer des logements en location de courte durée ainsi que des services de gestion aux propriétaires de ces logements. Où en est l’entreprise, une décennie après sa création à Rennes ?
Depuis 2015, nous avons accueilli plus d’un million de voyageurs. Nous gérons près de 5 000 logements, grâce à un réseau de 20 agences physiques et plus de 320 conciergeries partenaires partout en France. Notre équipe compte 150 salariés, dont 80 au siège, à Rennes. Depuis le début de la semaine, nous avons d’ailleurs déménagé rue de Lorient, dans les anciennes minoteries Métayer. Après deux ans de travaux, ce bâtiment reprend vie.
Comment avez-vous procédé pour développer Cocoonr ? D’abord à Rennes puis en dehors ?
C’est exact. Le développement en dehors de Rennes a commencé en 2016-2017 avec la création d’agences à Toulouse, Nantes, Saint-Malo et Bordeaux. À partir de 2019, nous avons procédé avec des croissances externes, en rachetant des agences qui ont la même activité et un positionnement proche. Notre croissance reste essentiellement organique, mais nous privilégions les acquisitions dans les nouvelles zones. Nous en faisons quatre à cinq par an.
Cocoon dit être très sélectif s’agissant des logements qu’il propose. Quels sont les critères ?
Nous sommes effectivement très sélectifs. Chaque mois, nous recevons 1 000 demandes clients mais nous n’en convertissons que 150. Nous regardons attentivement la localisation du logement, les caractéristiques du quartier et de l’immeuble, la réglementation locale, les équipements, les rénovations, la décoration… Nous essayons de nous mettre à la place d’un locataire et de voir si les choses sont réunies pour passer un bon séjour. Derrière, on fait tout pour que ce soit le cas.
Nous gérons près de 5 000 logements aujourd’hui, nous visons les 10 000 d’ici trois ans.
En choisissant des logements premium, est-ce que les prix proposés sont plus élevés que la moyenne ?
Oui et de plus en plus, nous allons vers des destinations premium : Biarritz, Antibes ou, très récemment, Annecy et le Grand-Bornand, où nous venons d’intégrer nos deux premières agences dans les Alpes françaises. L’idée est d’en ouvrir d’autres, entre cinq et sept d’ici 2029, en vue des Jeux Olympiques d’hiver de 2030. Nous avons aussi un plan de développement dans les zones balnéaires. On cherche en Normandie, sur la façade Atlantique entre La Baule et La Rochelle, sur l’arc méditerranéen entre Marseille et Antibes, et, de façon moins prioritaire, dans le Sud-Ouest. Nous gérons près de 5 000 logements aujourd’hui, nous visons les 10 000 d’ici trois ans.
Pour se développer, il faut de l’argent. Cocoonr a déjà fait plusieurs levées de fonds depuis sa création, pour un total d’environ 4 M€. Une autre opération est-elle prévue ?
Non. L’entreprise est rentable depuis 2022 et il n’y a pas de raison de remettre en cause notre modèle de croissance. En France, le plan de développement à trois ans est très clair. En revanche, nous nous interrogeons sur l’opportunité d’aller à l’international. Pour le faire, une opération financière pourrait être nécessaire. Mais sur ce volet international, rien n’est acté, on arbitrera très certainement en 2026. Ce n’est pas une décision à prendre à l’emporte-pièce, d’autant que nous avons encore de quoi faire en France.
C’est-à-dire ?
Le marché français de la location saisonnière, où nous sommes dans le Top 3 des acteurs, reste en croissance. C’est le deuxième marché mondial derrière les États-Unis. Je pense que nous pouvons continuer à grandir sans aller à l’international. Depuis plusieurs années, notre croissance se maintient entre 15 % et 30 %. En 2025, nous devrions générer un chiffre d’affaires de 16 M€.
Que le législateur se soit emparé du sujet est positif. Je suis plutôt partisan de règles claires pour avoir un cadre commun, c’est toujours bénéfique.
La réglementation française sur les locations de courte durée se durcit d’année en année (avec l’imposition de quotas, par exemple), ainsi que la fiscalité. Quel regard portez-vous sur ces évolutions ?
Que le législateur se soit emparé du sujet est positif. Je suis plutôt partisan de règles claires pour avoir un cadre commun, c’est toujours bénéfique. Ceci dit, nous sommes rarement consultés par les municipalités ou les intercommunalités. Le renforcement de la réglementation peut contraindre un peu notre développement [en rendant inéligibles certains logements à la location saisonnière, NDLR] dans certaines zones, mais ce sera le cas pour tout le monde. Ça peut aussi ramener des gens qui ne veulent plus gérer leur logement en direct.