Offrir une « continuité pédagogique », rompre l’isolement, même dans les pires moments, même si l’envie n’y est plus. Garder le lien avec la vie d’avant. Née à Nancy en 1991, l’Aide Scolaire Bénévole aux Adolescents Malades (Aiscobam) a fait rentrer l’enseignement secondaire à l’hôpital d’enfants du CHRU et au Centre Psychothérapique de Nancy (CPN). Jusqu’à sa création, les élèves de collège et lycée devaient suspendre leurs études ou se débrouiller avec leur établissement de rattachement. Le suivi était aléatoire, alors qu’il était assuré de la maternelle au CM2.
Depuis toujours, l’Éducation nationale accompagne les enfants malades. À Nancy, une cellule de l’académie Nancy-Metz est ainsi logée dans l’établissement situé sur le plateau de Brabois : l’école des enfants hospitalisés. L’unité se compose de six professeurs. L’école au chevet de l’élève. L’équipe pédagogique intervient auprès de 150 à 200 élèves chaque année. L’école se fait dans les étages, en chambre le plus souvent, quand les enfants sont disponibles. Un fonctionnement similaire à celui du DCLH (Dispositif collège-lycée à l’hôpital) qui, lui, a vu le jour en 2012 sous l’impulsion de l’Aiscobam, liée depuis par une convention à l’Éducation nationale, au CHRU et au CPN. Jusqu’à cette alliance, l’association comblait un manque avec un groupe d’enseignants bénévoles dont faisait partie Patricia Duchêne.
Professeur d’anglais, elle est aujourd’hui coordinatrice du DCLH et, par ailleurs, de l’APADHE (Accompagnement pédagogique à domicile, à l’hôpital ou à l’école). Sa fonction, piloter les emplois du temps remis à jour deux fois par semaine, les adapter à chaque situation, aller à la rencontre des enfants et des familles, faire l’interface avec les équipes médicales… Patricia Duchêne est rattachée à la cité scolaire Jacques-Callot de Vandœuvre-lès-Nancy.
Ici, sept professeurs volontaires sont au planning. Ils dispensent des cours en français, mathématiques, anglais et EPS. Le DCLH compte également deux accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH). Au sein du dispositif, l’Aiscobam tient toujours son rôle en organisant des ateliers, en mettant à disposition des professeurs bénévoles pour les disciplines qui ne sont pas couvertes (histoire-géographie, espagnol…). Grâce à eux, trois cents heures de cours ont pu être délivrées cette année. Elles s’ajoutent aux 1 800 heures des enseignants détachés. Quelque 400 élèves bénéficient ainsi de ce DCLH, chaque année. En juin dernier, dix jeunes ont même pu passer leurs examens au sein de l’hôpital grâce à lui.
Une thérapie en plus
Une thérapie en plus pour Patricia Duchêne : « L’ambition est de ne pas ajouter la rupture avec la scolarité à la maladie. On leur doit cela, de rester un élève, de maintenir leurs chances de réussite. Voilà, c’est préserver l’égalité des chances. » Une vision partagée par Mehdi Mohraz, professeur d’histoire-géo et président de l’Aiscobam : « On ne mesure pas toujours l’importance de maintenir le lien avec l’extérieur lorsqu’on est à l’hôpital. On participe du soin. Et puis, notre credo, c’est amener une bienveillance qui va faire retomber le stress qui peut accompagner cette impression d‘éloignement de l’école ou la pression de la chose scolaire. » Une école sur mesure, accommodante, républicaine, en somme.