Comme un adieu. «Thank you, San Francisco», écrit-elle sur son compte X. Nancy Pelosi, figure historique du Parti démocrate américain depuis quarante ans, annonce sa retraite ce jeudi. Mais elle ne quittera pas ses fonctions immédiatement : celle qui a été la première femme à diriger la Chambre des représentants en 2007, se retirera de la politique américaine au terme de son mandat actuel, en janvier 2027. Une décision dont Donald Trump s’est publiquement réjoui.

«J’ai véritablement aimé servir comme votre voix au Congrès», a déclaré l’ancienne «speaker» de 85 ans, farouche opposante à Donald Trump, dans une vidéo dédiée aux habitants de San Francisco, qu’elle représentait à la Chambre depuis 1987.

L’annonce de son retrait de la vie politique a été accueillie avec réjouissance par l’actuel locataire de la Maison Blanche. «Une femme horrible qui a fait du mauvais boulot», a ainsi lancé Donald Trump à la presse dans le Bureau ovale. «Je pense qu’elle rend un grand service au pays en prenant sa retraite», a ajouté le président républicain à propos de celle qui fut pendant un temps son ennemie jurée.

Dans son rôle de présidente de la Chambre, qu’elle avait déjà occupé de 2007 à 2011, Nancy Pelosi avait pris une place de premier plan. Habituée des luttes entre les partis, mais aussi intestines, cette fine tacticienne est en grande partie créditée du passage de la réforme de la santé de Barack Obama en 2010 et des gigantesques plans d’investissements de Joe Biden en 2021.

Et lorsque ce dernier a été poussé à ne pas se représenter à l’élection de 2024, en raison d’inquiétudes sur son état de santé, beaucoup attribuent à Nancy Pelosi un rôle majeur en coulisses pour arriver à cette décision.

A l’inverse de Donald Trump, les éloges de son camp et particulièrement de son Etat d’origine ont rapidement afflué. «On se souviendra de Nancy Pelosi comme la plus grande «speaker» de l’histoire américaine», a affirmé sur X le sénateur californien Adam Schiff. Son successeur comme chef des démocrates à la Chambre, Hakeem Jeffries, a salué dans un communiqué une leader «emblématique, héroïque, pionnière, légendaire, et de changement». Pour le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, «Nancy Pelosi a inspiré des générations» et «son impact sur ce pays est sans pareil».

De l’autre côté de l’hémicycle, les hommages pour cette figure qui n’avait pas peur des clivages étaient plus rares et souvent bien moins dithyrambiques. L’élu républicain Mike Lawler a cependant salué «une figure historique de la politique américaine», et a dit avoir «beaucoup de respect et d’admiration pour son talent politique et sa détermination de fer».

Nancy Pelosi avait été à l’origine d’une des images emblématiques du premier passage de Donald Trump à la Maison Blanche. En 2020, lors du discours annuel du président devant les parlementaires, la «speaker», assise derrière lui, l’écoute d’un air pincé, souvent désapprobateur.

A peine a-t-il terminé qu’elle déchire ostensiblement la copie de ses propos sous l’œil de l’assemblée médusée. Elle expliquera ensuite avoir voulu détruire un «ramassis de contre-vérités».

L’un des points d’orgue de sa carrière intervient près d’un an plus tard, le 6 janvier 2021, jour de l’assaut du Capitole par des partisans du milliardaire républicain. Quand l’équipe de Nancy Pelosi l’informe de l’intention de Donald Trump de se mêler à la foule sur le point d’attaquer le Congrès, projet auquel le 45e président renoncera finalement, elle s’exclame sans détour : «S’il vient, je vais le virer à coups de poing, j’attends ça depuis longtemps». «Je vais le virer à coups de poing, j’irai en prison, et je serai contente», martèle-t-elle, en serrant les dents.

En janvier 2022, elle avait dû quitter le perchoir lorsque les républicains avaient repris la majorité à la Chambre. Nancy Pelosi avait également annoncé renoncer à tout poste de dirigeante au sein de la minorité.

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