Après avoir construit l’orgue de l’église Saint-Nazaire, le facteur d’orgues Pascal Quoirin espère équiper le temple protestant d’un nouvel instrument. Il sera présent à Sanary dimanche. Interview.
En quel état est l’orgue du temple de Sanary ?
Il y a déjà dans le temple de Sanary un orgue qui a été construit dans les années 1950-1955. Très bas de gamme. Au niveau musical, ce n’est pas un instrument qui permet d’aborder le répertoire dans de bonnes conditions, mais qui contient des éléments assez sains dedans. Et nous avons aussi un deuxième orgue, celui du pasteur Valloton, une personnalité importante dans le monde de l’orgue dans les années 1955-1970. Il s’est construit un orgue à sa retraite à Sanary. Et, à son décès, sa famille a souhaité faire don de cet instrument. Il a des points faibles, parce qu’il n’est pas construit par un professionnel. Mais c’est une œuvre qu’il faut respecter.
Qu’allez-vous faire de ces deux orgues ?
Le projet consiste à récupérer ce qui est récupérable et retraitable, disons, des éléments des deux orgues pour en faire un nouveau. La question est de savoir comment faire un nouvel orgue qui soit mieux structuré et construit. Au final, on sera très proche d’un orgue complètement neuf.
Mais il y a déjà un orgue en l’église Saint-Nazaire…
Ces deux instruments sont complémentaires. Et à Toulon, il y a une classe d’orgue, une des plus importantes de France, avec énormément d’élèves, dirigée par Pascal Marsault. Les cours, les concours et les examens peuvent se dérouler à Sanary. Donc là, il y aura deux orgues pour l’école.
Vous avez déjà restauré de nombreux orgues, dont celui de Notre-Dame de Paris !
L’orgue n’a pas été touché par l’incendie. Mais quand ça a brûlé, le plomb qui recouvre les toits a fondu. Et des poussières ont été envoyées là où se trouve l’orgue. Le trou béant dans la toiture a beaucoup dégradé l’instrument, car l’hygrométrie a baissé brutalement et ça a détérioré des pièces de l’instrument, les sommiers dessoufflés par exemple. Alors, on a dû tout refaire. Il a fallu démonter entièrement l’instrument, bien sûr, le ramener à un atelier, puis restaurer pièce par pièce. On a passé près de 350 peaux de moutons, soit un troupeau entier !
Comment expliquez-vous une telle mobilisation pour sauver notre patrimoine ?
Dans les années 2000 à 2010, il y avait très peu de choses qui se faisaient, notamment au niveau des cathédrales. Et quand, finalement, on s’est aperçu qu’il n’y avait que quelques cathédrales qui étaient en état de fonctionner, on a eu une relance. Mais maintenant, on arrive au bout. Avec l’état des finances du pays, tous les projets qui nous donnaient une vision d’avenir pour des métiers comme le nôtre sont différés.
Vous donnerez aussi une conférence ce dimanche à Sanary ?
Je raconte toute l’histoire, l’évolution de l’orgue, comment on faisait à l’Antiquité, etc. Comment il est arrivé dans l’Église. Car il faut savoir que l’orgue a été très longtemps interdit dans l’Église… Et puis bien sûr, la manière dont c’est construit aujourd’hui.
Une conférence de soutien dimanche
L’association Chamades des Amis de l’orgue du temple de Sanary (CAOTS) a déjà été dotée d’une subvention de 120 000 euros du ministère de la Culture. Avec les 80 000 euros de dons récoltés auprès de ses adhérents, cela porte le budget à 200 000 euros. Mais il reste encore 200 000 euros à trouver pour doter le temple de Sanary d’un orgue professionnel.
« Le ministère de la Culture s’engageant a à nos côtés, j’espère que ça ouvrira des portes auprès des autres collectivités », lance Bastien Durrleman, le président de l’association. La Ville de Sanary et la communauté d’agglomération Sud Sainte Baume ont aussi été sollicitées.
« Les deux dernières années ont été consacrées à former un socle solide avec plus de 250 adhérents, ce qui est formidable pour une jeune association », souligne Bastien Durrleman. Objectif : inaugurer l’orgue en 2029.
Chamades propose une conférence musicale atypique « L’histoire de l’orgue de l’Antiquité à nos jours » avec Pascal Quoirin et Guy Bovet (orgue) ce dimanche 9 novembre à 15 h en l’église Saint-Nazaire de Sanary. Pour soutenir l’association, une adhésion annuelle à partir de 20 euros est demandée.
Contact : tél. : 07.61.98.59.17 et chamadesorguesanary@gmail.com