Posted On 7 novembre 2025

C’est un 5 novembre que Guy Fawkes, citoyen révolutionnaire, a mené un coup d’État contre le Parlement britannique lors de la Conspiration des poudres. Ce 5 novembre, rue de la République, c’est contre l’explosion de tout le tissu social et la destruction des bibliothèques de Grenoble que manifestaient plusieurs dizaines de personnes, protestant contre la politique du livre de la municipalité, qui conspire contre les Grenoblois en cherchant à fermer les bibliothèques de proximité. Une politique qui entraîne le saccage de tout un écosystème social et culturel. 

Le collectif « Gardons nos bibliothèques du Centre-Ville de Grenoble » a rassemblé plusieurs dizaines de personnes lors de son intervention devant la bibliothèque.
2016 : L’ÉTÉ OÙ PIOLLE A FERMÉ DEUX BIBLIOTHÈQUES

Rappel des faits. En juin 2016, la municipalité Piolle annonce un « plan de sauvegarde des services publics » qui comprend la fermeture de trois bibliothèques : Prémol, Hauquelin et Alliance. L’économie visées : 300 000 euros (bien loin du niveau abyssal de dette et de dépenses de fonctionnement). Treize postes de bibliothécaires sont supprimés.

Les bibliothèques Prémol et Hauquelin ferment durant l’été 2016. La première se situe au Village Olympique, quartier en politique de la ville. La seconde se trouve près de l’Alma, également classé en politique de la ville. Prémol était « le dernier accès aux services publics » pour les habitants de ce quartier populaire du sud grenoblois.

Manifestation contre les suppressions de bibliothèques en 2016.

La bibliothèque Alliance, rue Stalingrad, résiste jusqu’au premier semestre 2017. Les habitants et usagers se mobilisent. Le 18 janvier 2017, le collectif épaulé par des habitants empêche physiquement le déménagement des livres de Prémol. Le Canard Enchaîné titre dans son édition du 29 mars 2017 : « Des livres rongés par les Verts ». Cette mobilisation citoyenne permettra de sauver 1 bibliothèque sur les 3.

LE SYSTÈME PIOLLE S’ABRITE DERRIÈRE LES CRS

À l’époque c’est l’incompréhension à Grenoble face à cette décision d’une municipalité « de gauche ». Les bibliothécaires témoignent de leur mission à la croisée du culturel, du social et de l’éducation. Plus disponibles et accessibles qu’ailleurs, ils racontent leurs séances improvisées d’aide aux devoirs ou les conseils donnés pour remplir des documents administratifs. Les syndicats s’insurgent : « il est inadmissible de fermer trois bibliothèques lorsque l’on prétend que l’éducation est la priorité de la ville ». Face aux manifestations, plusieurs conseils municipaux se tiendront alors sous protection des CRS !

Les CRS pour protéger le conseil municipal des élus Verts/LFI … des dangereux bibliothécaires !
2025 : UNE GRANDE BIBLIOTHÈQUE… POUR MIEUX FERMER LES AUTRES

Neuf ans après ces fermetures, la municipalité annonce un projet de grande bibliothèque à Chavant. L’arbre qui cache la forêt car le projet consiste à construire un équipement pharaonique… tout en fermant de nouvelles bibliothèques de proximité (jardin de ville, centre-ville et une partie de Kateb Yacine à Grand Place).

La logique reste identique depuis 2016 : concentrer les moyens sur des équipements centralisés et éloigner le service public du quotidien des habitants. Nos quartiers, de plus en plus privés de services publics, perdent ces lieux gratuits et ouverts à tous qui contribuent à lutter contre l’isolement et la fragmentation sociale.

BRIGITTE BOER : « UNE CULTURE SOUS TUTELLE IDÉOLOGIQUE »

Brigitte Boer, conseillère d’opposition à la Ville et à la Métropole, de l’équipe d’Alain Carignon, accompagnée de Luc Davin, était présente au rassemblement du collectif « Gardons nos bibliothèques ». Elle a à nouveau partagé son analyse de la politique des Verts/LFI, qu’elle a maintes fois étrillé en conseil : qu’il s’agisse de la bibliothèque du centre-ville ou des travaux d’agrandissement de Chavant, elle dénonce « une culture sous tutelle » qui « doit dépendre uniquement de l’idéologie » et jamais « du besoin réel des habitants ».

Des Verts/LFI « qui ne cherchent qu’à laisser leur nom, leur marque », poursuit l’élue d’opposition. En alertant également sur l’absurdité financière d’un projet pharaonique, quand on connait la capacité de ces élus à faire déraper le coût de leurs projets (le siège de la métro passé de 47 à 129 millions…).

Forte d’une longue expérience d’enseignante, Brigitte Boer a enfin rappelé qu’une bibliothèque au centre-ville est un « besoin également pour les enfants, qui ne pourront se rendre à Hoche : ce lieu est une nécessité, les fermetures de Prémol et des autres lieux est une catastrophe, ils se moquent des habitants, ne veulent pas les écouter ».

Jérôme Friedman, architecte grenoblois, propose un aménagement de l’Îlot République sans destruction, incluant bibliothèque et végétalisation
L’ABSENCE ASSOURDISSANTE DES VERTS/LFI

Hakima Necib, co-responsable d’Hervé Gerbi pour les municipales, était également présente. « Attristée » de la « montée du populisme et des extrêmes » – « quel rapport? » commente une passante – mais elle « s’abstient de tout engagement formel du candidat ». À Grenoble, c’est décidément l’ère du flou pour nombre de listes (ou pré listes).

Mais la porte-parole du collectif de sauvegarde des bibliothèques a surtout déploré l’absence de réponse à ses sollicitations de toutes les autres : Laurence Ruffin, Allan Brunon, Romain Gentil, Baptiste Anglade, aucun ne s’est déplacé. Eux qui s’en revendiquent, l’éducation populaire et l’action culturelle étaient pourtant autrefois des fleurons de la gauche authentique.

RUFFIN VEUT ENCORE PASSER ENTRE LES GOUTTES

« Laurence Ruffin, désignée tête de liste pour représenter la majorité grenobloise sortante, n’a pour sa part pas répondu à l’invitation du collectif. Pas plus qu’elle ne s’est présentée à la réunion publique de l’union de quartier du centre-ville, quelques semaines plus tôt » relève Place Gre’net. Sa stratégie est toujours la même : passer entre les gouttes en faisant silence sur tous les problèmes concrets. Une telle absence ne trompe personne et confirme que sur tous les dossiers litigieux, elle continuera comme Piolle a commencé.

Les présents sont plus convaincus par le projet alternatif de Jérôme Friedman que par celui de la Ville
SEUL ALAIN CARIGNON ET RÉCONCILIER GRENOBLE MOUILLENT LE MAILLOT

Le projet de bibliothèque colossale est contraire aux besoins des habitants. Brigitte Boer a appelé les habitants à se battre pour sauvegarder la bibliothèque de l’ilot République, et les autres menacées. Le programme d’Alain Carignon privilégiant les bibliothèques de proximité, accessibles dans chaque quartier, plutôt que les équipements pharaoniques centralisés.

La politique culturelle des Verts/LFI, à force de vouloir soutenir LES cultureS selon une grille idéologique rigide, ne soutient finalement plus LA culture du tout. Le résultat est une politique culturelle fragmentée, affaiblie, soumise aux diktats politiques, et incapable d’assurer sa mission première : offrir à tous les habitants, particulièrement dans les quartiers populaires, un accès égal aux œuvres, aux savoirs et à la lecture publique. 

Laurence Ruffin (Verts) et Allan Brunon (LFI) entendent poursuivre dans cette voie mortifère pour notre rayonnement culturel. Avec Réconcilier Grenoble, les Grenoblois attachés à la culture dans toute sa diversité ont un autre bulletin de vote pour mettre fin à cette politique du moins bien.