«Cela va être une immense ripaille, on va faire la fête comme jamais et tant pis pour les anti-fête. » Dans leur dernière vidéo publiée sur les réseaux, les fondateurs du Canon français ont le sourire. Malgré la polémique et les menaces, leur banquet aura bien lieu ce week-end aux portes de Rennes avec 2.400 convives qui se goinfreront de cochonnaille et de fromage tout en trinquant et en chantant du Sardou et du Aznavour à tue-tête. « On met en avant les produits du terroir et l’art de vivre à la française dans l’esprit des fêtes de Bayonne ou de la Oktoberfest », indique Géraud de la Tour, l’un des deux gérants de l’entreprise d’évènementiel.

Un esprit franchouillard qui a déjà séduit « plus de 80.000 personnes » lors des dizaines de banquets que le Canon français organise aux quatre coins de la France depuis quatre ans. « Et cela se passe toujours très bien », assure « le canonnier » en chef. Dans la capitale bretonne, l’événement fait pourtant polémique. Tout est parti d’une pétition en ligne lancée il y a un mois réclamant l’annulation des banquets prévus ce week-end. Pointant du doigt les liens entre le Canon français et le milliardaire ultraconservateur Pierre-Edoaurd Stérin, les opposants accusent les organisateurs de faire « la promotion de l’idéologie d’extrême droite » dans ces fêtes.

Un château annule le banquet, un autre l’accepte

« On ne fait pas de politique, on fait juste la fête et tant pis si cela ne plaît pas à certains », se défend Géraud de la Tour, assurant n’avoir « jamais rencontré » Pierre-Edouard Stérin. « Il a juste acheté des parts dans notre entreprise via son fonds d’investissement Odysée Impact mais ça s’arrête là », poursuit le cofondateur du Canon français, réfutant aussi les accusations « de saluts nazis ou de chants à la gloire de Bardella » relayées par les détracteurs.

Notre dossier sur Pierre-Edouard Stérin

Ces derniers pensaient d’ailleurs avoir obtenu victoire le 17 octobre lorsque les gérants du Château des Pères à Piré-Chancé ont décidé d’annuler l’évènement. « Si nous avions eu le moindre doute sur une dimension partisane ou idéologique, nous n’aurions évidemment pas accepté d’y associer le lieu », ont-ils indiqué, dénonçant aussi « le climat d’agressivité » créé par la pétition. Après cette volte-face, les gérants du Canon français ont finalement trouvé refuge au château de Blossac à Goven, au sud-ouest de Rennes, le propriétaire des lieux considérant chez nos confrères du Télégramme que « l’argument extrémiste ne tient pas. »

La sécurité renforcée autour de l’évènement

Plusieurs élus locaux de gauche ont alors vu rouge, réclamant que la préfecture d’Ille-et-Vilaine interdise ces banquets géants. « Sous des airs de fête populaire, nous connaissons l’idéologie réactionnaire et identitaire que véhiculent les banquets du Canon français », s’indignent-ils dans un communiqué commun, refusant « cette confiscation de la convivialité et de la culture locale par une entreprise liée à un projet identitaire réactionnaire d’extrême droite. » « Un tissu de mensonges », selon Géraud de la Tour, qui a porté plainte pour diffamation après avoir reçu « des menaces de mort. »

A quelques heures de la tenue du premier banquet, la tension est donc vive dans la petite commune de Goven. Les organisateurs indiquent d’ailleurs avoir « renforcé la sécurité. » Contactée, la préfecture d’Ille-et-Vilaine indique également qu’un « dispositif de sécurité adapté sera mis en place » pour éviter tout risque de trouble à l’ordre public. De leur côté, les opposants ont prévu un fest-noz et un banquet solidaire ce vendredi soir dans la commune voisine de Bruz en guise de contre-manifestation.