Définition même du «patron de gauche» à la française – espèce devenue rare au XXIe siècle – et grand serviteur de l’Etat devant l’éternel auquel il ne croyait pas, l’ancien PDG de Renault Louis Schweitzer est mort à l’âge de 83 ans, a-t-on appris ce vendredi par sa famille. Avec sa silhouette longiligne toujours cintrée dans un costume gris impeccable, son air sérieux et ses lunettes d’écaille rehaussant son air d’éternel premier de la classe, il aura marqué trente ans d’histoire politique et économique du pays, en incarnant avec d’autres jeunes hauts fonctionnaires proches du PS, comme Louis Gallois, la conversion de la social-démocratie au «réalisme» et à l’économie de marché, dans le sillage du 10 mai 1981 et de l’accession de la gauche au pouvoir.
En montrant aussi qu’un énarque de la promotion Robespierre, celle de l’après Mai 68, d’extraction bourgeoise mais étranger au monde de l’argent et aux ré