Plusieurs salariés du Régent sont toujours en arrêt maladie depuis cette journée qu’ils qualifient « d’ouragan » : le 6 octobre dernier, le propriétaire de ce café-restaurant bordelais, Daniel Marion, 70 ans, se rend sur place pour récupérer la caisse, détaille Mediapart. Après un déjeuner avec un fournisseur, le patron s’éternise sur place, selon un des employés de cet établissement idéalement situé face à la place de la Comédie, en plein centre de la cité girondine. Dès lors, les insultes fusent, devant les salariés… et les clients : « Il a commencé à faire son show, à dire qu’on s’était laissé “envahir”, qu’il allait tous nous virer, qu’il allait remettre de l’ordre », se souvient un des chefs de rang de l’établissement auprès du média en ligne.
Le « show » dure près de cinq heures, pendant lesquelles Daniel Marion est accusé d’avoir proféré et réitéré des propos racistes, islamophobes, xénophobes, sexistes et homophobes, au fil de longues déambulations en tous sens dans le restaurant, comme en témoignent les images de vidéosurveillance. Au total, pas moins de 17 salariés ont fini par déposer plainte le 30 octobre. Quatre salariés sont, depuis, en arrêt maladie. L’un d’eux a été requalifié en accident du travail. « Notre patron a littéralement pété un plomb », confirme un salarié interrogé par la radio Ici Gironde. Il « est arrivé un peu pompette après un repas d’affaires et là, il a commencé à partir sur un délire raciste en prétextant qu’il s’était laissé envahir par les étrangers, qu’il allait remettre de l’ordre, qu’il allait blanchir tout ça ».
Un patron « drogué » ?
Daniel Marion, qui possède plusieurs autres restaurants en France, qualifie par la voix de son avocat les faits d’« inexplicables, inqualifiables et intolérables ». Pour autant, il fait savoir qu’il n’a « aucun souvenir du déroulement de l’après-midi du 6 octobre ». Il évoque un « trou noir d’environ 16 heures », entre le repas avec son fournisseur et… le lendemain matin. « Il ne sait même pas comment il a rejoint son domicile », insiste l’avocat auprès de Mediapart et d’Ici Gironde. « Mon client, qui n’a jamais agi avant de la sorte, émet l’hypothèse d’avoir été drogué tant l’attitude et les propos qui lui sont attribués sont incompatibles avec sa nature et sa personnalité », conclut-il. Il s’est même excusé auprès du directeur du restaurant, évoquant « l’alcool et la colère » qui « ne font pas bon ménage ».
Problème : d’autres propos tout aussi racistes auraient été tenus les jours suivants auprès de son associé, à savoir entre le 10 et le 14 octobre. Contacté, l’avocat de Daniel Marion, Me Fabien-Jean Garrigues, n’a pour l’heure pas répondu.
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