Par

Lisa Rodrigues

Publié le

25 avr. 2025 à 14h35

La première annonce, début avril, avait déjà fait l’effet d’une petite bombe. Le groupe industriel franco-italien ST Microelectronics, fabricant de semi-conducteurs, a annoncé le départ volontaire de 2 800 employés sur ses 50 000 salariés au niveau mondial d’ici à 2027, dans le cadre d’un plan de « remodelage » de la production.
Contacté par actu Grenoble, le groupe a affirmé « qu’aucun site ne sera fermé ». Mais des interrogations sur le nombre d’employés concernés par ce plan sur les sites de Grenoble et de Crolles – qui emploient à eux deux presque 7 500 personnes – demeurent. Du côté des syndicats, on est en plein début des négociations.

Fermeture d’une unité de production envisagée

Les craintes se concentrent notamment sur le site de Crolles, principal site de production en France du groupe.

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« Ce chiffre de 2 800 est annoncé comme un plan mondial. Mais nous ne sommes pas dupes : ils vont être partagés principalement entre l’Italie et la France », souffle Sandy Bel, déléguée syndicale centrale CGT chez ST Microelectronics, employée en Isère.

L’usine de Crolles est actuellement divisée en deux grandes unités de productions : Crolles 300 (qui a obtenu des subventions conséquentes de l’État pour se développer) et Crolles 200. « Ce qui est envisagé aujourd’hui, c’est une fermeture de Crolles 200 : la direction veut la remplacer en une salle de test. » Soit 1 200 salariés qui seraient impactés.

Transferts d’activité à l’étranger

Aucun licenciement n’est évoqué, seulement des « départs volontaires » et des transferts envisagés vers l’autre unité de production et dans la nouvelle salle « annoncée avec de l’IA et beaucoup d’automatisation ».

« On va carrément arrêter des projets qui vont être transférés en Italie et à Singapour. Il y aura forcément des conséquences », insiste Sandy Bel.

Les syndicats craignent donc que les mesures envisagées par la direction soient insuffisantes et mènent « à au moins 300 ou 400 suppressions de postes à Crolles ».

« Un coup de poignard à l’industrie européenne »

« Pour nous, c’est un coup de poignard à l’industrie européenne, assène Sandy Bel. Emmanuel Macron est venu il y a deux ans en Isère, avec la promesse de création de 1 000 emplois qui n’a pas démarré. Là, on va avoir des suppressions de postes. C’est scandaleux ! »

Surtout que, pour la CGT, leur employeur est loin d’être en difficulté, bien qu’il ait annoncé des résultats en berne pour le premier trimestre 2025.

« La microélectronique, c’est très cyclique. On a bénéficié de trois années exceptionnelles post-Covid. Cette année, on est quand même au troisième meilleur résultat de l’histoire de ST Microelectronics ! Ils se servent des salariés comme variable d’ajustement. »

Pas de mobilisation 

Pour le moment, aucune action n’est envisagée sur Crolles ou Grenoble. « Les salariés sont en attente d’informations, indique Sandy Bel. On verra si on arrive à les mobiliser. » 

Les syndicats ont rendez-vous avec la direction du groupe mardi 29 avril à Paris pour avoir une vision plus précise de ce qui attend les salariés. Et ce, dans un contexte déjà difficile pour l’industrie française et iséroise. « Nos collègues italiens font front commun pour faire bouger le gouvernement », fait remarquer la syndicaliste. À voir si le schéma va se reproduire en France…

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