• La répression des fraudes a signalé samedi à la justice la présence sur Shein de jouets à caractère pédopornographique.
  • Un internaute affirme que ces poupées sexuelles à l’image d’une enfant avaient été « agréées par l’UE ».
  • Une fausse information démentie par Bruxelles et Paris.

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L’info passée au crible des Vérificateurs

La vision est glaçante. Une poupée aux formes et aux traits d’une jeune enfant, doudou à la main, vendue comme une « poupée sexuelle » sur la plateforme chinoise Shein. La révélation de cette offre commerciale (nouvelle fenêtre)sordide a été largement commentée depuis le 1ᵉʳ novembre, conduisant la répression des fraudes à alerter le parquet de Paris. Mais si la justice française a réagi au plus vite, certains affirment désormais que les coupables seraient à chercher… du côté de Bruxelles. 

Cet internaute affirme à tort que les poupées sexuelles commercialisées sur Shein avaient été "agréées par l'UE", le 5 novembre 2025 - Capture d'écranCet internaute affirme à tort que les poupées sexuelles commercialisées sur Shein avaient été « agréées par l’UE », le 5 novembre 2025 – Capture d’écran

« Les fameuses poupées Shein dont tout le monde parle ont été agréées » par l’Union européenne (UE), assure par exemple un internaute sur X (nouvelle fenêtre). D’après lui, les responsables seraient ceux « au sein de l’UE, qui ont donné l’autorisation de les vendre en Europe ». Alors, le géant chinois de l’e-commerce avait-il réellement reçu l’autorisation pour vendre ces produits pédopornographiques ?

Une réglementation, pas une autorisation

Cette rumeur s’appuie sur une incompréhension du fonctionnement de l’UE. Certes, Bruxelles peut légiférer lorsqu’il s’agit de protection des consommateurs. Si ce n’est pas une compétence exclusive de l’Union européenne, ce sont bien ses institutions qui ont fixé les règles en la matière par le biais de mesures d’harmonisation pour le marché unique. Les États membres peuvent ensuite mettre en œuvre ou maintenir des mesures nationales plus strictes, tant qu’elles restent compatibles avec les traités. C’est le cas pour le règlement qui encadre la sécurité des jouets (nouvelle fenêtre), par exemple. Le règlement en la matière concerne principalement l’utilisation de produits chimiques et la présence de substances dangereuses dans la composition des jouets.

Un cadre légal que doivent respecter tous les fabricants qui souhaitent commercialiser un produit sur le marché européen. Leur production doit ainsi répondre à un certain nombre d’exigences, (nouvelle fenêtre)applicables en fonction du secteur. L’entreprise se doit ensuite d’évaluer sa conformité aux exigences essentielles définies par les législations européennes, avant de déclarer le produit conforme pour obtenir le marquage « CE », obligatoire pour finir sur le marché européen (nouvelle fenêtre)

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L’Union européenne ne délivre donc aucun « agrément », mais est uniquement responsable des différentes directives que doivent respecter les industriels. « Il ne s’agit ni d’une certification, ni d’une autorisation de mise sur le marché », souligne la direction générale chargée de la répression des fraudes (DGCCRF) auprès des Vérificateurs, contrairement à ce qui peut exister pour certaines catégories de produits, comme les médicaments. Il appartient ensuite aux plateformes de s’y plier et aux États membres de garantir leur respect via leurs autorités nationales de surveillance du marché (nouvelle fenêtre)

Par ailleurs, au-delà de la seule conformité du produit, ici les poupées en question revêtaient un caractère pédopornographique. En les proposant à la vente, Shein a enfreint purement et simplement le règlement européen sur les services numériques (DSA) (nouvelle fenêtre)qui interdit la commercialisation en ligne de ces produits. Ces poupées relèvent donc indéniablement de « produits illégaux » aux yeux de Bruxelles, nous souffle une source.

Même constat du côté de la Commission européenne. Interrogé à ce sujet, Thomas Regnier, porte-parole de la Commission européenne en charge du numérique, confirme que la rumeur est « totalement fausse ». « La Commission n’approuve pas les contenus ou les produits qui apparaissent sur les plateformes en ligne » mais veille simplement – à travers le DSA – « à ce que les plateformes créent un espace en ligne plus sûr pour nos citoyens et nos consommateurs ». « Nous ne considérons certainement pas les poupées sexuelles ressemblant à des enfants ni les armes comme faisant partie d’un tel espace. »  Dans un communiqué, l’association Mouv’Enfants, (nouvelle fenêtre)mouvement de survivants d’inceste et violences sexuelles dans leur enfance, relève d’ailleurs que ces produits sont « une violation flagrante du droit européen et de la dignité humaine ».

La Commission n’approuve pas les produits qui apparaissent sur les plateformes

Thomas Regnier, porte-parole commission européenne

Auprès de TF1info, la DGCCRF rappelle qu’en cas d’espèce, la diffusion, via un réseau de communications électroniques, de représentations à caractère pédopornographique, est interdit et passible de peines pouvant aller jusqu’à 7 ans d’emprisonnement et 100.000 euros d’amende.

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Felicia SIDERIS