L’heure du rebond pour Martine Vassal ? Dans un sondage Ifop commandé par Les Amis de Martine Vassal, que La Provence a pu consulter*, la présidente de la Métropole et du Département se retrouverait avantageusement en tête au 1er tour des municipales de mars 2026, avec 29% des intentions de vote.

Soit deux points de plus par rapport à la précédente étude Ifop de juin déjà commandée par son micro-parti. Benoît Payan (DVG) est crédité de 26%, Franck Allisio (RN) de 23%. « Cette enquête montre une tripolarisation à Marseille : Martine Vassal, Benoît Payan et Franck Allisio progressent par rapport aux résultats des municipales de mars 2020 », estime Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop.

La stratégie de Vassal validée ?

Mi-septembre, Martine Vassal avait précipité son entrée en campagne. Une période marquée par les investigations menées par le parquet, avec perquisitions à la clef, sur de possibles détournements de fonds publics. Deux mois plus tard, la candidate d’union de la droite et du centre voit sa stratégie d’un feu nourri contre le sortant Benoît Payan (DVG) validée par les résultats de ce sondage. Depuis l’annonce de sa candidature officielle, Martine Vassal a égrené les éléments de consolidation de sa candidature d’union de la droite et du centre (investitures de LR et Horizons, soutien local de Renaissance) tout en menant une campagne axée sur la thématique sécuritaire. « Martine Vassal sort en tête chez les plus de 65 ans, c’est intéressant pour elle, dit Frédéric Dabi. Benoît Payan, lui, est premier chez les plus de 35 ans. »

Détail qui a son importance : les 700 personnes sondées ont été appelées par l’Ifop du 28 octobre au 3 novembre, au sortir de la polémique sur l’annulation de la projection du film Sacré-Cœur à la Buzine par Benoît Payan, finalement désavoué par la justice. Une séquence sur laquelle avaient allègrement surfé Martine Vassal et ses équipes. « Martine Vassal consolide son avance au 1er tour par rapport au sondage de cet été, se réjouit son porte-parole de campagne, Romain Simmarano (Renaissance). Ça veut dire que l’union de la droite, du centre et des écologistes raisonnables est la seule alternative possible pour donner un destin à cette ville. »

Payan se maintient

Derrière Martine Vassal, Benoît Payan, testé avec le soutien du PS et du PCF, apparaît comme son principal challenger : il ressort au 1er tour à 26% s’il devait affronter deux listes concurrentes à gauche. Un score stable par rapport à juin (-1). Pour le directeur général de l’Ifop, « le maire sortant n’est pas en tête mais il peut espérer capitaliser sur son alliance avec EELV. Même si les municipales sont l’élection où les étiquettes de partis politiques comptent traditionnellement le moins ».

L’étude comporte toutefois un biais : Benoît Payan est présenté sans le soutien des Ecologistes-EELV, qui ont pourtant voté à une large majorité, le 14 octobre, une alliance avec le Printemps marseillais. Au contraire, Sébastien Barles, pourtant suspendu par EELV en juillet, est sondé comme candidat des écologistes. Une nuance que justifie Frédéric Dabi : « Benoît Payan est testé avec l’étiquette de la majorité municipale, qui comprend des écologistes. »

Joint par La Provence, Benoît Payan – qui n’est pas officiellement candidat – observe avec circonspection cette enquête : « Je n’ai jamais commenté les sondages. Je remarque toutefois que pour Martine Vassal, c’est beaucoup d’argent dépensé pour me voir, à la fin, être maire de Marseille. Et puis, une élection, ce n’est pas un sondage… »

Sous la seule étiquette LFI, Sébastien Delogu glanerait 13% des voix, en repli par rapport à juin 2025 (-2). « Il ne serait choisi que par 40% de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon en 2022, contre un tiers qui irait à Benoît Payan », ajoute Frédéric Dabi. Hedi Bounouar, directeur de campagne de LFI pour ces municipales, se réfère à la victoire récente surprise de Zohran Mamdani aux États-Unis : « Il y a une personnalité politique qui a commencé à 1% dans les sondages à New York, et qui a finalement remporté l’élection. Ce sont les élections qui font les élus, pas les sondages. »

Allisio : l’effet Ravier sans bonus

La surprise la plus importante de ce sondage réside toutefois dans le score de Franck Allisio. S’il a obtenu le ralliement du sénateur Stéphane Ravier (ex-RN, ex-Reconquête) le 2 octobre dernier, le député de Vitrolles ne capitalise pas davantage qu’un report mécanique des voix. Avec 23% des intentions de vote, le candidat du RN serait au même niveau que l’addition des scores obtenus lors de la précédente étude commandée par les Amis de Martine Vassal en juin.

Un score décevant de nature à remettre en cause la stratégie d’ouverture à d’anciens LR et macronistes du candidat d’extrême droite ? « On est en début de campagne, le RN peut encore progresser. On est dans une période d’attente liée à la situation nationale qui paralyse l’intérêt des Français pour les municipales », analyse Frédéric Dabi.

Parti à la pêche aux électeurs du centre-droit délaissés par Martine Vassal, Frédéric Collart (DVD) ne parvient toujours pas à enclencher une dynamique favorable : le professeur de médecine reste englué à 3% des voix. Ce qui pourrait nourrir sa réflexion sur l’opportunité de continuer ou non une aventure solitaire. « Il a un problème de notoriété et d’espace puisque Martine Vassal incarne le bloc central. 49% des électeurs d’Emmanuel Macron voteraient pour elle », juge Frédéric Dabi.

La triangulaire pour Payan

Au deuxième tour, dans une triangulaire avec Martine Vassal (DVD) et Franck Allisio (RN), où Benoît Payan profiterait de l’absence d’une liste insoumise, le maire sortant serait crédité de 39% des suffrages, en léger recul par rapport à juin (-2). Mais toujours devant Martine Vassal : la candidate de droite perdrait également deux points, à 34%. Franck Allisio progresserait de 23 à 27%, sans toutefois être en mesure de disputer la victoire finale.

« L’analyse d’un second tour est fragile parce qu’il manque une donnée essentielle : la connaissance des résultats du 1er tour, prévient le directeur général de l’Ifop. Avec ce sondage à quatre mois du scrutin, on est sur quelque chose de statique alors que le second tour, c’est une dynamique. »

A contrario, la conquête de la mairie de Marseille par Benoît Payan passerait obligatoirement par le maintien de Martine Vassal, qui figerait l’électorat de droite pour l’empêcher de fuir vers le RN. « Il serait en tête dans une hypothèse sans LFI, qui soit se serait désisté, soit se serait allié avec Benoît Payan. Personne ne doit penser qu’on laisserait passer un tel coup de canif dans le pacte républicain, tonne Romain Simmarano. Parce que ce pacte républicain, pour notre part, nous le respecterons. »

« On constate une vraie incertitude, comme en 2020 finalement », conclut Frédéric Dabi.

* Sondage Ifop pour Les Amis de Martine Vassal mené auprès d’un échantillon de 700 personnes inscrites sur les listes électorales, représentatif de la population marseillaise âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Les interviews ont été menées par téléphone du 28 octobre au 3 novembre 2025.

Modifié à 19h avec les réactions à la suite de la publication du sondage.