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Rédaction Lyon

Publié le

8 nov. 2025 à 6h40

Le tribunal administratif de Lyon a débouté la librairie Diogène, qui lui avait demandé d’annuler les permis de construire octroyés en décembre 2023 et mars 2025 par le maire (Les Écologistes) de Lyon aux nouveaux propriétaires de son « prestigieux » immeuble du 5e arrondissement. La SARL La Diogènoise de Librairie, implantée dans la Maison Le Viste au 29 rue Saint-Jean, reprochait à Grégory Doucet d’avoir autorisé la société MI LY7 du groupe immobilier Maïa à procéder à la « réhabilitation » de cet « immeuble de logements » racheté en 2018 et où elle est installée sur plus de 200 m² au rez-de-chaussée.

« La librairie devra quitter ses locaux au terme de la procédure »

« Nos nouveaux propriétaires ont initié une procédure d’éviction afin de reprendre les locaux et de les utiliser pour leurs propres activités », s’était alarmé le magasin de livres anciens et d’occasion dans une pétition en ligne qui avait recueilli 34.000 signatures. « Sauf changement d’avis de leur part, la librairie devra quitter ses locaux au terme de la procédure. »

Redoutant de ne « jamais » trouver « l’équivalent » de ce « prestigieux » immeuble du XVe siècle, il avait lancé un appel à ses fidèles pour mobiliser des fonds importants, dont il « ne disposait pas », et trouver « un grand espace en centre-ville » qui soit « adapté à l’activité et à l’âme de Diogène ».

Il fallait réunir près de 80.000 € pour les seules étagères « solides de moyenne gamme » capables de supporter ses « 2,5 km de livres » sans compter les 35.880 € réclamés par le déménageur…

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Bataille judiciaire contre le promoteur

La librairie Diogène a entre-temps lancé une « bataille juridique » : elle a obtenu du tribunal judiciaire de Lyon, le 7 juillet 2025, qu’une expertise soit menée pour « déterminer le montant de l’indemnité d’éviction » que va devoir lui verser le groupe Maïa. Le rapport de l’expert sur ce point doit être rendu d’ici au 1er mars 2026.

En parallèle, Diogène avait contesté la légalité du permis de construire octroyé par Grégory Doucet aux nouveaux propriétaires de la « maison des Pommes de Pin ».

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« Le plan ne comporte pas de cotes rattachées au système altimétrique de référence du Plan de prévention des risques alors que le projet est dans une zone inondable », faisait valoir son avocate du barreau de Lyon, Me Cécile Lavisse, alors que l’immeuble est censé accueillir dorénavant des « logements ».

La librairie Diogène, dans le Vieux Lyon, a été fondée en 1974. Elle est aujourd'hui menacée de fermeture.
La librairie Diogène, dans le Vieux Lyon, a été fondée en 1974. Elle est menacée de fermeture. (©Ludivine Caporal/actu Lyon)Les permis de construire conformes

Ce « projet de réhabilitation » était surtout contraire au Plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) du Vieux-Lyon, selon elle, en dépit de l’avis favorable rendu par l’architecte des Bâtiments de France (ABF) : des « modifications (…) non conformes au style d’origine du monument historique » allaient être apportées, prévenait-elle.

« Les immeubles existants seront restaurés dans le respect du style d’origine (…) ou des apports successifs remarquables pouvant y avoir été incorporés », prévoit pourtant le PSMV du Vieux-Lyon. « Les gaines de fumées et de ventilation doivent être groupées par catégories répondant aux caractéristiques des cheminées lyonnaises : c’est-à-dire élevées, de forte section et construites en briques apparentes ou enduites du même ton que les façades. »

Mais « le préfet de la région Auvergne – Rhône – Alpes a (…) prescrit la réalisation d’une fouille archéologique sur une partie du terrain (…) du fait de vestiges du Moyen-Âge et de la période moderne », commence par rappeler le tribunal administratif de Lyon dans un jugement du 25 septembre 2025 qui vient d’être rendu public.

Et les deux permis de construire successifs accordés par le maire écologiste de Lyon « reprennent les prescriptions » de l’architecte des Bâtiments de France. « Si ces prescriptions renvoient à des échanges ultérieurs entre les services de l’État et la pétitionnaire [le groupe Maïa, ndlr] en cours de chantier, elles portent sur des points précis et limités et n’impliquent pas la présentation d’un nouveau projet », considèrent les juges administratifs lyonnais.

Permis de construire modificatif

Un permis de construire « modificatif » avait au demeurant été octroyé aux nouveaux propriétaires de la Maison Le Viste le 11 mars 2025 : une « descente d’eaux usées dans l’épaisseur du mur de façade sur cour » venait remplacer le « tuyau en fonte extérieur initialement envisagé ».

« Il ne ressort pas du dossier que les menuiseries prévues (…) à partir du 3e étage (…) et que les teintes prévues pour la façade sur cour, en harmonie avec les tons adoptés sur la façade principale sur rue, ne respecteraient pas son style d’origine », trouve au final le tribunal administratif.

« Il ne ressort pas non plus (…) que le bandeau filant prévu en façade sur rue, les nouvelles ouvertures créées et la conduite de descente des eaux usées (…) ne respecteraient pas le style d’origine de la construction. »

Les « solins en cuivre » prévus par ailleurs au pied des cheminées sont « de simples dispositifs d’étanchéité » qui ne sont pas contraires au PSMV, juge le tribunal administratif de Lyon. Diogène a jusqu’au 25 novembre 2025 pour contester ce jugement devant la cour administrative d’appel de Lyon.

GF (PressPepper)

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