Par

Mathias Souteyrat

Publié le

8 nov. 2025 à 6h22

Le débat fait toujours rage sur l’instauration d’un QR code pour accéder aux déchèteries de la métropole stéphanoise, satisfaite du dispositif, à contrario de l’adjointe à la mairie de Saint-Etienne.
Le 1ᵉʳ novembre 2025, la métropole a dressé un premier bilan pour les nouvelles modalités d’accès en déchèterie. Satisfaction de l’institution : « des habitants au rendez-vous, des objectifs atteints, avec de nouvelles améliorations à apporter qui sont en projet ».
Cyrine Makhlouf, adjointe au maire de la ville, chargée de la propreté, « ne partage pas le satisfecit de Saint-Etienne Métropole » et tient à préciser un certain nombre de points. « Manifestement, nous ne vivons pas la même réalité. »

Un dispositif trop complexe pour la mairie

La métropole rappelle « que les visites très occasionnelles ne nécessitent pas de QR Code : l’accès exceptionnel en déchèterie est autorisé deux fois par an (sur la base du relevé de la plaque d’immatriculation) ». 

Depuis novembre 2024, les usagers réguliers des 13 déchèteries de Saint-Etienne Métropole sont invités à créer leur compte d’accès. Un an après, près de 80 000 ménages ont créé leur compte, un nombre bien supérieur au nombre de maisons individuelles (67 000) des 53 communes de Saint-Etienne Métropole. De nombreux habitants qui résident en appartement ont en effet également créé leur compte car eux aussi peuvent avoir besoin d’accéder en déchèterie.

Métropole stéphanoise

Selon l’adjointe à la mairie, « force est de constater que le système qui a été retenu évince, de fait, toute une partie de la population, à travers notamment la fracture numérique et ne fait pas consensus auprès de la population. Une majorité d’habitants malheureusement n’y adhère pas, faute d’un dispositif trop complexe. »

Évolution des règles en 2025

Courant 2025, les règles d’accès ont évolué pour s’adapter à certains cas particuliers : inscription par un ménage d’un quad ou d’un pick-up, mais aussi, depuis juillet, baisse de 5 à 2 unités par passage pour des remorques moyennes (de 500 à 750 kg de PTAC) et inscription désormais possible de grandes remorques (de 750 kg à 1200 kg de PTAC).

Une étude est également en cours pour faciliter l’inscription d’un véhicule temporaire.

L’inscription et l’accueil en déchèterie sont et restent gratuits. Il est toujours possible de créer son compte en ligne sur le site https://decheteries.saint-etienne-metropole.fr/ ou de solliciter un formulaire d’inscription à l’accueil des déchèteries.

S’ils rencontrent des difficultés, les usagers sont invités à contacter Infos Déchets par téléphone (0 800 882 735) ou par mail ([email protected]).

À Saint-Etienne, le compte n’y est pas

La création des comptes a été faite en très grande majorité en ligne « mais 4 800 comptes ont pu être créés avec un formulaire papier », précise la métropole. 

Quand Saint-Etienne Métropole se réjouit que 80 000 comptes aient été créés, je note qu’à Saint-Etienne, seulement 15 % des foyers ont fait cette démarche, 25 % à Firminy et 70 % à Farnay. Même ramené au % d’habitat individuel qui, à Saint-Etienne, est d’environ 10 %, ce taux n’est raisonnablement pas satisfaisant à l’échelle de notre ville.

Cyrine Makhlouf
Adjointe à la mairie

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Baisse des déchets pris en charge par la métropole et des ordures ménagères

Les déchets pris en charge par Saint-Etienne Métropole durant les 8 premiers mois de l’année en comparant les années 2024 et 2025 ont baissé de 35 %. « Ce sont des milliers de camions en moins et des économies de transport et traitement de déchets d’environ 2 millions d’euros par an. »

Enfin, « les déchets qui ne sont plus apportés en déchèterie ne sont pas non plus déposés dans les ordures ménagères. Les tonnages d’ordures ménagères collectés sont en baisse de 1,5%. »

Selon l’adjointe, « là aussi en contradiction, avec la remontée de terrain des éboueurs lors de leur mouvement de grève se plaignant de ce qu’ils pouvaient trouver dans les bacs d’ordures ménagères, cela n’avait rien d’une collecte sélective, mais que les usagers déposaient depuis la mise en place du QR code, type petit électroménager, déchets de chantier, etc. rendant les bacs beaucoup plus lourds à lever et dégradant ainsi leurs conditions de travail. »

Des déchets apportés dans les déchèteries des territoires voisins

D’après la métropole, « ces déchets sont désormais apportés dans les déchèteries publiques des territoires voisins, lieux de production des déchets, ainsi que dans les déchèteries professionnelles. »

« Contrairement à ce qu’il est indiqué, rien ne prouve que les tonnages non collectés dans les déchèteries métropolitaines le sont dans celles des territoires voisins et dans les déchèteries professionnelles, observe Cyrine Makhlouf. Le constat fait sur le terrain, dans nos villes, démontre de manière très visible le contraire. »

Pas d’évolution des dépôts sauvages selon la métropole

Les dépôts sauvages restent globalement stables. « Aucune évolution sensible n’a été constatée dans les milieux naturels par le réseau sentinelle de l’association France Nature Environnement. »

Saint-Etienne et Rive-de-Gier mettent en place la redevance pollueur-payeur

Pour faire face à l’augmentation des décharges sauvages sur l’espace public, la ville de Saint-Etienne a procédé à l’installation de 10 caméras de vidéo-verbalisation (230 000 euros de coût total) et au recrutement de deux policiers municipaux supplémentaires pour suivre, enquêter et traiter les verbalisations.
Par ailleurs, cinq camions-griffes interviennent en continu sur l’espace public pour collecter les décharges sauvages en recrudescence.
La redevance pollueur-payeur a été mise en place par les municipalités de Saint-Etienne et de Rive-de-Gier.

Les quantités de déchets collectés par les services techniques municipaux ont, pour certaines communes, augmenté mais généralement de manière modérée (50 tonnes en moyenne par mois pour l’ensemble du territoire de Saint-Etienne Métropole).

Ces quantités restent bien inférieures à 2022. « Les situations des communes qui ont subi des augmentations ont été signalées et font l’objet d’une analyse particulière. »

Le cout global des déchèteries est de 7 millions d’euros en 2024, rappelle la métropole.

« Non, les dépôts sauvages ne sont pas stables » pour la mairie

« De même, quand Saint-Etienne Métropole se félicite d’une baisse des tonnages collectés et des économies ainsi réalisées, celles-ci se font au détriment de la commune », écrit l’adjointe.

Car non, les dépôts sauvages ne sont pas stables. Si l’on compare la période de novembre 2023 à avril 2024 avant le QR code à la période novembre 2024 à avril 2025, après la mise en place de QR code, ce sont plus de 200 tonnes supplémentaires de décharges sauvages, en six mois, qui se retrouvent à Saint-Etienne sur l’espace public et non pas en déchèteries. Le même constat a d’ailleurs été fait dans d’autres communes comme La Ricamarie, La Grand Croix ou Unieux.

Cyrine Makhlouf
Adjointe à la mairie

Cyrine Makhlouf va même plus loin. Elle demande à la métropole de revenir sur leur décision d’instaurer un QR code pour accéder aux déchèteries de Saint-Etienne Métropole.

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