Le Championnat d’Europe débute ce week-end, à Middelkerke. Et si ce n’est pas une surprise de ne pas y retrouver Mickaël Crispin, l’histoire aurait pu être bien différente dans d’autres circonstances. Il y a six ans, en Italie, il y décrochait alors l’un de ses succès les plus mémorables, en devenant Champion d’Europe Espoirs de cyclo-cross. La suite a été un long chemin de croix qui ne lui a jamais permis de jouer les premiers rôles. « Je repense forcément à mes courses passées. Ce sont de bons souvenirs, de belles émotions. Mais je me dis que je ne vais plus revivre des émotions comme ça. C’est pourtant ça qui me tient aujourd’hui, mais ça fait mal à la tête », raconte-t-il.

Passé alors au Cross Team Legendre, les conditions n’ont pas été évidentes avec les difficultés de l’équipe, et tout a changé pour celui qui est désormais âgé de 27 ans. « J’aurais voulu que ça dure plus longtemps, comme ça aurait dû durer. La bascule est venue du fait de ne plus vivre du vélo, il fallait trouver un travail ». Chose faite aujourd’hui. « Je fais des prestations de services. Je fais un peu de tout pour les particuliers, rénovation de maison, tout ça ». Pourtant il est encore sur le vélo quand le temps le lui permet, comme dimanche dernier, où il a pris le départ de l’épreuve UCI de Langres. « Ce n’était pas ma meilleure course. C’est un peu dommage de sortir sur un problème mécanique, c’est arrivé un peu tôt en plus. Mais ça reste encore le début de saison ».

« C’EST IRRÉALISABLE »

Désormais membre de Bruvo Dukla Bratislava, Mickaël Crispin entretient un lien étroit avec la Slovaquie, puisque sa femme est originaire de ce pays. « Son frère fait partie de l’équipe. Du coup ça s’est fait un peu comme ça ». Néanmoins, il vit toujours en France, du côté de Mélisey. « Je suis un peu entre deux. Il y a la vie pro et le vélo. Il faut que je trouve quelque chose à faire après ma carrière donc je navigue entre deux ». S’il est bien loin du niveau qu’il aurait pu avoir avec une meilleure trajectoire, la passion l’anime toujours. « C’est ce qui me fait continuer, mais d’un côté, ça reste quand même difficile de jouer les premiers rôles. Donc c’est bien sans être bien… Car ça fait mal au mental », admet-il.

Il le concède, il va falloir du temps pour retrouver de bonnes sensations. « À mon avis, je n’aurai pas de forme en début de saison. Parce que maintenant, je travaille quand même beaucoup à côté, car je suis à mon compte, je ne vis plus du vélo, insiste-t-il. J’ai la famille en plus, avec la petite qui est arrivée il y a un an et demi, donc il y a un peu plus de responsabilités ». Mickaël Crispin aura donc besoin d’un concours de circonstances. « J’ai encore des petits objectifs, mais on va dire que c’est irréalisable. Mais c’est un peu ce qui me tient car c’est compliqué. J’ai de très bons souvenirs en Coupe de France, il y a énormément de public, ce sont de belles courses. Mais je n’ai pas le niveau pour y aller ». Le meilleur est sans doute derrière lui, mais il a eu le mérite d’exister.