Le guide culinaire visé par cette procédure avait accepté de retirer sa vidéo des réseaux sociaux en juillet, avant de recevoir une assignation en justice. Dans un nouveau post sur Instagram, Orso dénonce une attaque à la liberté d’expression.
Le guide culinaire Orso ne s’attendait pas à un tel buzz quand il a publié une critique vidéo de Chez Hortense sur Instagram, mi-juillet. Ni à être poursuivi en justice pour diffamation quelques jours plus tard. L’influenceur, qui a déjeuné dans ce restaurant emblématique du Cap-Ferret, estime que le rapport qualité-prix n’est pas à la hauteur de la réputation de cette institution du bassin d’Arcachon. «Quand le plat de moules coûte 31 euros et qu’il est présenté comme la spécialité du restaurant, j’ai le droit de le dire s’il est mauvais. Il n’était même pas précisé sur la carte que le plat contenait des lardons, j’aurais pu être végétarien», nous indique ainsi Orso.
Le quinquagénaire, qui a pour principe de régler ses additions pour préserver sa liberté d’expression, juge également que la sole qu’il avait commandée «n’était pas nettoyée, trop cuite et n’avait rien de la sauce meunière annoncée». Dans sa vidéo, qui dure trois minutes, le guide culinaire indique aussi que les saumons servis «semblent surgelés» ou que «la taulière des lieux passe à chaque table pour que les clients n’oublient pas de commander l’un des trois plats les plus chers (tels un homard breton à 95 euros, NDLR)». Une critique culinaire qui a suscité un vif intérêt sur les réseaux sociaux. En deux jours, la vidéo a cumulé 600.000 vues et 3000 commentaires sur Instagram selon l’influenceur.
Dépôt de plainte
Le restaurant chez Hortense a été popularisé en 2010 par le film Les petits mouchoirs, réalisé par Guillaume Canet.
PHILIPPE ROY / Aurimages via AFP
Une visibilité, qui a poussé les propriétaires de Chez Hortense à réagir. Après avoir mis en demeure Orso de dépublier sa vidéo, ils ont porté plainte à son endroit pour diffamation. Ils demandent 10.000 euros de dommages et intérêts, une publication rectificative de l’influenceur dans le quotidien régional Sud Ouest et le remboursement de leurs frais de justice. «La famille Laffite qui gère ce restaurant assume cette procédure judiciaire, explique son avocat Me Ravaut. Orso est allé trop loin dans ses propos : il évoque des poissons surgelés, il indique que la patronne du restaurant force les clients à commander les plats les plus chers , il dénigre la clientèle…» L’avocat, qui assure qu’il n’y aurait pas eu d’action en justice si Orso «s’était contenté de dire que ce n’était pas bon», estime que c’est «une question de principe».
Orso, lui, ne comprend pas car il a accepté de dépublier la vidéo, moins de 24 heures après la demande gracieuse formulée par Me Ravaut. «La propriétaire ne m’a même pas contacté, elle aurait pu tenter le dialogue avant les menaces. Il n’y avait aucune raison d’aller en justice : cela ne va rien changer à la situation puisque la vidéo est déjà retirée», estime le guide culinaire. Il est d’autant plus furieux qu’aucun jugement ne l’obligeait à agir ainsi.
Liberté d’expression
«Tous les influenceurs m’ont dit que j’étais fou de la retirer. Mais je voudrais connaître un succès (d’audiences, NDLR) quand je dis que c’est bon, pas quand je dis que c’est mauvais», précise-t-il. Les gens commençaient à être durs avec chez Hortense, mon but n’est pas non plus de leur nuire». Loin de retirer son propos, le critique gastronomique le maintient toutefois au nom de la liberté d’expression. «C’est de la censure ! Et surtout, il faut redescendre : chez Hortense est une gargote de plage. Si les prix avaient été décents, j’aurais eu une critique différente. Nous aussi on travaille dur pour payer nos additions», conclut-il ainsi.