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La Fonderie de Bronze Lauragaise, spécialisée dans la sculpture en bronze, perpétue un savoir-faire rare. Elle a réalisé le trophée des Molières 2025 et continue de séduire avec ses créations uniques. Un métier d’art en voie de disparition.

Les sensations se mêlent au cœur du vaste hangar : odeur de cire, bruit du métal, lumière de soudures… Il ne manque que la chaleur du bronze chauffé à 1180° : le four à fusion n’est pas allumé, ce lundi. C’est dans ce bâtiment discret, à Blan, entre Revel et Castres, que se trouve la Fonderie de Bronze Lauragaise.

Nicolas Parc (à gauche) et l’équipe de la FBL.

Nicolas Parc (à gauche) et l’équipe de la FBL.
DDM – CM

Cette entreprise, fondée en 1979 par un créateur parisien, est spécialisée dans la réalisation de sculptures en bronze. Elle travaille aussi bien pour les particuliers – notamment les artistes – que pour des sociétés, pour l’État ou encore pour l’Armée. Gérant de la FBL depuis 2014, Nicolas Parc explique : « C’est un véritable métier d’art. On ne travaille que le bronze. Il permet de donner une transparence qui n’existe pas ailleurs, et qui ajoute une dimension à la lumière. Les statues en bronze existent depuis 5000 ans ! »

La Fonderie de Bronze Lauragaise fabrique d’incroyables sculptures en bronze.

La Fonderie de Bronze Lauragaise fabrique d’incroyables sculptures en bronze.
DDM – CM

La Fonderie de Bronze Lauragaise est une Entreprise du Patrimoine Vivant, un label qui reconnaît son savoir-faire exceptionnel et ses efforts pour le préserver et le transmettre. Preuve éclatante de ce savoir-faire : cette “petite” fonderie tarnaise a réalisé le trophée des Molières 2025, qui a d’ailleurs tellement plu qu’elle est en train de réaliser le trophée des Molières 2026 !

Les trophées des Molières sont fabriqués dans le Tarn !

Les trophées des Molières sont fabriqués dans le Tarn !
FBL

« Nous réalisons aussi le trophée des Nymphes d’Or du festival de télévision de Monte-Carlo depuis 15 ans », précise Nicolas Parc. Ainsi, George Clooney, Ewan McGregor ou encore Patricia Arquette ont leur statuette « made in Tarn ».

Plus qu’une vingtaine de fonderies de bronze en France

Au sein de la fonderie, on trouve sept personnes, qui exercent différents métiers : mouleur, préparateur en cire, ciseleur… À eux tous, ils sont les maillons d’une chaîne où se réunissent haute précision, force physique et art pur. Du moule en cire à la coque en céramique, de la coulée du bronze à la patine finale, chaque pièce exige au moins trois mois de travail minutieux. « Nous avons aussi réalisé un mémorial pour la ville de Port-Vendres, en mémoire des militaires français portés disparus en Algérie. C’est une pièce qui m’a marquée, parce qu’elle a une signification. Elle restera des centaines d’années ! »

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Le principe d’une sculpture en bronze, résumé ici à gros traits, est à la fois simple dans son procédé et infiniment complexe dans sa réalisation : à partir d’un maître modèle fourni par le commanditaire du bronze, la FBL fabrique un premier moule, qui est rempli de cire, autour de laquelle sera réalisé un nouveau moule en céramique, lequel sera rempli de bronze liquide. Une fois le métal refroidi, la coque de céramique est brisée. Place aux ciseleurs, qui font véritablement « naître » la sculpture, et à l’application de la « patine » ou au polissage.

Le bronze en fusion est coulé dans le moule, aboutissement de plusieurs mois de travail.

Le bronze en fusion est coulé dans le moule, aboutissement de plusieurs mois de travail.
FBL

« C’est un métier de passionnés, confie Nicolas Parc, assez physique, engagé, basé sur des valeurs esthétiques, de performance, d’agilité. » Un savoir-faire d’autant plus délicat à faire perdurer qu’aucune formation n’existe. Dans l’équipe de la fonderie, on compte un ancien coiffeur, un ancien prothésiste dentaire ou encore une ancienne libraire. Tous ont appris « sur le tas ».

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En France, il ne reste qu’une vingtaine de fonderies de bronze, contre plusieurs centaines au début du siècle dernier : un savoir-faire en péril, qui demeure vivant grâce à la Fonderie de Bronze Lauragaise.