Deux propriétaires de six magasins de CBD dans le Var et dans les Bouches-du-Rhône, dont Marseille, ont été interpellés, soupçonnés d’avoir vendu en réalité de manière illégale du cannabis dans leurs boutiques.
En apparence, il s’agissait de boutiques tout à fait classiques, comme on en a vu fleurir ces dernières années, où était revendu uniquement du CBD à des fins relaxantes, comme l’annonçait leur site internet. Mais deux propriétaires de plusieurs commerces de CBD ont été interpellés à Marseille et dans le Var, soupçonnés d’avoir vendu dans ces magasins de manière totalement illégale du cannabis, a appris Le Figaro auprès de la gendarmerie de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
L’affaire a démarré après un signalement en septembre 2023 des autorités suisses. Un véhicule est contrôlé par les douanes helvétiques, avec, à son bord, un Varois né en 1987 et un Marseillais né en 1989. «Les douanes trouvent à bord 70.000 euros en numéraire caché dans le bloc optique du véhicule, ce qui est curieux, rapporte le chef d’escadron Raphaël Micillino, commandant de la compagnie de gendarmerie de Brignoles qui a diligenté l’enquête. Le dépistage de ces billets montre qu’ils sont positifs au cannabis et à la cocaïne. Les individus sont par ailleurs déjà très défavorablement connus des services de police et de gendarmerie françaises pour des infractions liées à la législation sur les stupéfiants, notamment pour importation de produits stupéfiants.»
Des investigations plus profondes sont alors menées. Les enquêteurs découvrent que les deux passagers du véhicule possèdent six commerces de CBD dans le sud de la France. «Deux sont dans le Var, à Brignoles et Hyères-les-Palmiers, et quatre sont dans les Bouches-du-Rhône, dont Marseille», ajoute le commandant de gendarmerie.
Jugés en octobre prochain
«Sous l’autorité du parquet, une première opération judiciaire est lancée le 7 novembre 2024 conduisant à la perquisition de tous les commerces», écrit la gendarmerie dans un communiqué de presse. Dans ce cadre, 531 articles sont saisis pour être analysés ensuite pour une partie d’entre eux au service national de la police scientifique de Marseille.
Les résultats sont parvenus le 7 mars dernier à la brigade de recherches de Brignoles. «Et ils sont sans équivoque, souligne le chef d’escadron Raphaël Micillino. 40 % des articles analysés ont un taux de THC supérieur au seuil légal ou se révèlent être une substance apparentée au cannabis totalement illégale, le THCP. Les produits étaient vendus dans un commerce, en façade, totalement légal, avec un site internet promettant la vente de CBD. Mais ils vendaient en réalité des stupéfiants, en l’occurrence du cannabis, sous forme de vapoteuses, de joints, de sirop ou encore d’herbe.»
Les magasins étaient ouverts depuis deux ou trois ans, selon cette même source. «Rien que pour les commerces dans le Var, on estime le chiffre d’affaires annuel à plusieurs centaines de milliers d’euros», calcule le commandant de gendarmerie. «Il est toutefois compliqué de savoir exactement, car il y a une partie du chiffre d’affaires tout à fait légale, et une autre non, qui correspond clairement à du blanchiment de trafic de stupéfiants, avec une partie en numéraire et une partie traçable en carte bancaire.»
Placés en garde à vue, «les deux hommes ont partiellement reconnu les faits», rapporte le chef d’escadron Raphaël Micillino. Les deux mis en cause sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Draguignan en octobre 2025.