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Rédaction Normandie

Publié le

8 nov. 2025 à 16h46

Passé par le PSG, Créteil, Moulins-Yzeure et le FC Rouen, le gardien franco-algérien Léonard Aggoune vit aujourd’hui une nouvelle aventure au MC Oran. À 27 ans, l’ancien portier du FCR, au parcours cabossé mais inspirant, prouve qu’avec de la foi et du caractère, rien n’est jamais fini.

Les débuts à Versailles

Quand on évoque Léonard Aggoune, beaucoup se souviennent d’un gardien à la voix posée, au regard lucide et au mental d’acier. Pourtant, derrière ce calme apparent, se cache un parcours plein de rebondissements.

Avant les projecteurs, il y a eu la volonté. Celle d’un gamin obstiné, né à Versailles, qui voulait à tout prix jouer au foot. « Au début, mon père ne voulait pas m’inscrire », relate-t-il à 76actu.

Mais Léonard insiste, supplie, argumente. Finalement, son père cède et l’inscrit au FC Versailles, où il fait ses premiers arrêts.

Des entraînements avec Zlatan au chômage

Deux ans plus tard, il participe aux stages PSG Academy. Le talent saute aux yeux des recruteurs : le jeune gardien est repéré et signe au Paris Saint-Germain en U13.
S’ensuivent deux années de préformation (U14-U15), puis trois ans de centre de formation, avant de passer deux saisons comme stagiaire pro aux côtés des grands.

Huit années au total dans l’un des plus prestigieux clubs d’Europe, où il côtoie Christopher Nkunku, Odsonne Édouard ou encore Mike Maignan, la belle génération 1997 du club parisien, Léonard semblait promis à un bel avenir. Mais à la fin de son contrat stagiaire pro, rien ne se passe comme prévu : pas de prolongation, pas de club, pas de plan B.

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Brutalement, tout s’arrête. « Je suis passé d’un quotidien où tout le monde est aux petits soins pour toi, où je m’entraînais parfois avec Zlatan (Ibrahimović), au chômage. Quand tu as 20 ans, tu prends ça en pleine tête. Mentalement, c’est dur. »

La remise en question

Sans contrat, sans club, il doute. Longtemps. Très longtemps. Il envisage même de tout arrêter, passe une licence pour devenir chauffeur VTC, prêt à tourner la page. Mais le foot était plus fort que lui. « Je ne pouvais pas m’en passer. J’avais besoin du terrain, de la compétition, de cette adrénaline. »

Sans repère, il enchaîne les essais, dort parfois mal, doute souvent. C’est un appel des Ulis (National 3, cinquième division française) qui lui redonne un souffle : « Ils avaient besoin d’un gardien, je n’ai pas réfléchi. J’étais juste heureux de rejouer au foot ».

De Créteil à Chypre, où il joue sous les ordres de Luka Elsner, puis retour en France, Léonard découvre la dure réalité d’un foot sans paillettes. À chaque étape, il apprend, encaisse et se reconstruit. « Je me suis demandé plusieurs fois si le foot n’était pas fini pour moi. Mais je ne pouvais pas abandonner. »

La révélation au FCR

C’est à Moulins-Yzeure qu’il retrouve du temps de jeu et la confiance. Ses prestations solides attirent l’œil du FC Rouen, où il signe en 2022. Là-bas, il retrouve une ville passionnée, un club historique et surtout… la lumière.

La saison 2023–2024 reste celle de la révélation. En Coupe de France, Aggoune devient le héros silencieux du FCR. Face à Toulouse, puis contre Monaco, il enchaîne les parades et dégage une autorité rare.

Sur les séances de tirs au but, il bluffe les tireurs, provoque, parle, déconcentre.

Sur un terrain, je ne suis gentil avec personne. En dehors, je suis tranquille. Mais sur le terrain, je deviens un chien.

Léonard Aggoune

Sa prestation contre Monaco, où il stoppe le penalty de Balogun, marque les esprits. Les caméras se tournent vers lui, les médias s’y intéressent, et le public découvre enfin ce gardien atypique, à la fois joueur et guerrier.

Direction l’Algérie

Après cette saison pleine d’émotions, Léonard prend un tournant majeur : direction le Mouloudia Club d’Oran (MCO), l’un des clubs mythiques du championnat algérien. Il signe pour deux saisons, d’abord comme doublure de Shamseddine Rahmani, véritable légende locale surnommée le Mandanda algérien.

« C’est mon agent qui s’est chargé de mon transfert. Les négociations ont vite abouti. Le MCO est un grand club, Oran une très belle ville. Mon objectif, c’est de réaliser une grande saison et de me rapprocher de la sélection algérienne. Porter les couleurs de l’Algérie, c’est un rêve d’enfant », confiait-il à son arrivée.

La saison passée, il dispute neuf matchs, le temps de s’adapter à un nouvel environnement, un nouveau championnat et une pression populaire unique. Une année de transition assumée, avant la confirmation. « J’ai des origines algériennes, et venir ici, c’est une manière de me rapprocher de mes racines. »

Et cette saison, tout change : le coach lui accorde enfin sa confiance. Aggoune enchaîne les rencontres, les arrêts décisifs et les éloges.

Solide sur sa ligne, propre au pied, charismatique le Franco-Algérien s’impose peu à peu comme l’un des hommes forts du MCO.

Le rêve d’une sélection en équipe nationale

À Oran, l’ambiance est bouillante, les stades vibrent à chaque ballon touché, et la pression est quotidienne. Mais Aggoune ne fuit pas le défi : « C’est ce que je cherchais. Le foot algérien, c’est la passion à l’état pur. Je veux m’y imposer, progresser, et pourquoi pas rêver d’une convocation avec l’équipe nationale ».

Désormais bien installé à Oran, Léonard Aggoune ne se cache plus. Il veut continuer à progresser en Ligue 1 algérienne et taper dans l’œil du sélectionneur des Fennecs.
« Je sais que ce sera long, la concurrence est rude, mais je travaille pour ça. Doucement, mais sûrement. »

Après les nuits de doute, les galères de N3 et les faux départs, le gardien au mental d’acier savoure enfin son retour dans la lumière.

De Paris à Rouen, de la N3 à la D1 algérienne, Léonard Aggoune a traversé les tempêtes sans jamais céder. Là où beaucoup auraient renoncé, lui a persisté. « Je ne suis pas revanchard, mais je n’oublie pas ceux qui ont douté. »

Aujourd’hui, à 27 ans, il s’affirme comme un symbole de persévérance : celui d’un jeune homme qui a su transformer les échecs en moteur et les coups durs en leçons. Et chaque fois qu’il entre sur un terrain, il repense à ce gamin de Versailles qui, un jour, a mis les gants par hasard.

J’ai toujours cru en moi. Ce n’était pas de l’orgueil, juste de la foi. Aujourd’hui, je vis mon rêve, à ma manière.

Léonard Aggoune

De Robert-Diochon au stade Ahmed-Zabana, Léonard Aggoune poursuit son histoire, faite de travail, de patience et de passion. Le genre de destin qu’on n’écrit pas à la lumière, mais dans les vestiaires, à force de persévérance.

Yanis Hamadache

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