Des bouquets de fleurs, quelques bougies, un dessin d’enfant, une photo d’une fresque clamant « Paris je t’aime »… Dès ce samedi, quelques Parisiens et des touristes ont commencé à rendre hommage aux 132 victimes des attentats du 13 novembre 2015 en venant déposer des témoignages de soutien au pied statue de la place de la République. Un des lieux des premiers rassemblements spontanés, dès le lendemain. Celui aussi où la cérémonie d’hommage sera diffusée sur écran géant, jeudi.
En ce milieu d’après-midi un peu pluvieux, les passants allant de la statue monumentale jusqu’à l’exposition des photos du « jour d’après », mise en place par la mairie de Paris, sont plutôt rares. Les anonymes qui font la queue devant un barnum installé juste derrière sont plus nombreux. Ils viennent retirer un dossard pour participer aux événements sportifs baptisés « 13 unis » : une course (au départ du stade de France) et une marche (au départ de République) organisées ce dimanche par l’association française des victimes du terrorisme.
Yannis, 25 ans, qui vient de récupérer son dossard, explique qu’il se devait de participer à l’événement. « C’est une très belle initiative qui met en avant la solidarité », explique le jeune parisien qui n’a rien oublié du soir du 13 novembre 2015. « J’avais 15 ans à l’époque. Je regardais le match à la télé avec mon père… et on a entendu les premières explosions », rappelle-t-il, en soupirant.
Revenir jeudi, « ce serait trop difficile »
Un peu plus loin, Odile, une retraitée bordelaise en visite chez ses enfants, « qui n’habitaient pas encore à Paris en 2015 », précise-t-elle, s’éloigne de la statue au pied de laquelle elle vient de déposer quelques roses. « J’ai vu qu’il y avait un hommage. Alors je suis allée chez un fleuriste à côté, pour participer moi aussi. Ça m’a fait du bien », explique-t-elle avec un sourire triste.
De nombreux anonymes sont venus s’inscrire à l’évenement « sportif, commémoratif et caritatif » 13 unis qui doit avoir lieu ce dimanche.
Quelques minutes plus tard arrive Maylis, un bouquet de fleurs blanches à la main. La jeune femme le place au milieu des (rares) autres témoignages de solidarité avec les victimes déjà déposés au pied de la statue. Elle rallume contentieusement toutes les petites bougies qui s’étaient éteintes sur le piédestal, puis rejoint, en silence, sa mère qui l’attendait à quelques mètres du monument.
En novembre 2015, la jeune femme avait 12 ans. Et la nuit d’horreur du 13, elle l’avait vécu avec ses parents, retranchée dans l’appartement familial du Xe arrondissement. « À l’époque, on habitait près du canal Saint-Martin, précise sa mère. Et puis il y a eu le lendemain. La découverte du quartier dévasté et les terribles nouvelles qui arrivent peu à peu. Le cousin d’untel était au Bataclan, l’ami d’unetelle est une victime des terrasses… C’était il y a dix ans mais on n’oublie pas. »
On demande à la mère de famille qui a encore la voix qui tremble à l’évocation des attentats si elle sera présente à République, ce jeudi, pour assister à la retransmission des commémorations. La réponse tombe immédiatement : « Non, ce serait trop difficile. »