Prescrits pour soulager brûlures d’estomac, reflux acides ou ulcères, les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont devenus incontournables dans l’arsenal thérapeutique. Oméprazole, pantoprazole, ésoméprazole… Près de 20 millions de Français consommeraient ces médicaments chaque année. Mais cet usage massif, souvent prolongé, suscite une inquiétude croissante dans la communauté médicale. La revue indépendante Prescrire alerte même, dans son dernier numéro, sur un potentiel lien entre les IPP et le cancer de l’estomac. « Dès les années 1980, des études animales montraient un risque accru de tumeurs gastriques bénignes », souligne Jean-Luc Raoul, oncologue, interrogé par Le Figaro.
En 2017, avec une étude portant sur plus de 350.000 patients a révélé une surmortalité de 25 % chez les utilisateurs chroniques d’IPP par rapport aux patients traités par antihistaminiques H2. Puis, en 2023, deux recherches ont identifié un risque quadruplé de cancer de l’estomac ayant pris des IPP plus de six mois.
Toutefois, la rareté des cas de cancer gastrique rend difficile l’étude du lien entre celui-ci et les IPP. Mais leur usage prolongé comporte d’autres risques : infections, carences, fractures… Face à ces données, la prudence s’impose. Seule difficulté, l’arrêt de ces traitements conduit parfois à des effets rebonds, avec le retour des reflux gastriques par exemple, ce qui conduit parfois à de nouvelles prescriptions d’IPP.