Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, nos lectrices et lecteurs se souviennent. Sami Ben Ouada (Essonne) a répondu à notre appel à témoignages. Voici son récit :
« Il y a dix ans, j’étais adjoint au maire de ma commune, je travaillais en tant qu’agent d’escale à l’aéroport d’Orly pour une compagnie aérienne.
Le lendemain des attaques, je travaillais à 6 h du matin. Il y avait un véritable flou entre la fermeture des frontières, beaucoup de passagers ne sont pas venus. J’étais présent avec quelques collègues qui avaient eu le courage de venir. Je n’avais jamais vu l’aéroport aussi vide, aucun bruit.
Cela m’a causé de nombreuses crises d’angoisse à la moindre alerte à la bombe dans les mois qui ont suivi. Parfois pris de panique, je partais me réfugier dans un de nos avions. Je considérais ces endroits comme sûrs, car il y avait les filtres de sécurité avant d’y accéder.
« Un sentiment d’impuissance très fort »
Le lendemain des attentats, j’ai appris qu’un de mes anciens collègues comptait parmi les victimes, il était gravement blessé. J’ai ressenti un sentiment d’impuissance très fort, et j’ai pris conscience de la valeur de la sécurité dans laquelle j’avais grandi.
Jusqu’ici, je détestais les armes et je fuyais les conflits. Mais à l’âge de 23 ans, j’ai décidé de m’engager dans la réserve de la gendarmerie nationale. L’été qui a suivi, j’ai réalisé ma formation militaire. […] Je ressentais ce devoir d’agir, et peut-être un jour – ce que je n’espère pas – pouvoir me servir d’une arme si cela était nécessaire.
Depuis, je suis toujours réserviste de gendarmerie, où j’ai plaisir à servir deux ou trois journées par mois. J’ai également été élu maire de ma commune et je suis devenu pilote de ligne. Ces évènements ont marqué un tournant considérable dans ma vie. »
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