Parade, carnaval, party : avec Lille3000 et sa « Fiesta », toute la capitale du Nord s’attelle à réveiller la joie en nous. Insupportable paradoxe, dans un contexte international des plus alarmants ? Pour nous convaincre du contraire, le Palais des beaux-arts orchestre la très riche exposition « Fêtes et célébrations flamandes », cœur battant de cette programmation qui s’étend de la gare Saint-Sauveur au musée de l’Hospice Comtesse.

Où l’on comprend comment, dans les Flandres des XVIe et XVIIe siècles, la fête « a été l’expression d’une résilience collective, une façon de conjurer la peur en célébrant ensemble la joie de vivre », souligne Martine Aubry, maire de Lille, dans la préface du catalogue.

Car ces Pays-Bas du Sud, auxquels la cité de Lille appartenait alors, n’ont été épargnés par aucun cataclysme. La guerre y a fait rage pendant près d’un siècle, les conflits religieux y ont été assassins, tout comme les épidémies. Et pourtant, partout, des villes aux campagnes, la fête a battu son plein, spontanée ou sophistiquée, éruptive ou diplomatique : elle s’est faite « réponse vitale à la noirceur du quotidien », poursuit Martine Aubry. Kermesses rurales dépeintes par Brueghel, fêtes citadines mises en scène par Rubens ou festins magnifiés par Jordaens, « ces scènes animées résonnent aujourd’hui en nous comme un écho à notre propre besoin de nous retrouver, de rire, de danser et de partager », conclut-elle.

Des noceurs qui « ont presque tous connu la misère »

« En ces temps troublés, ces fêtes relèvent d’un élan vital ; exutoire face aux violences et à la morbidité ambiantes. »

Juliette Singer

On connaît peu, dans le détail, l’effervescente réalité de ces rituels villageois, de ces fêtes des princes, parades de géants et ducasses dont le musée dresse une passionnante taxinomie. Elle semblera bien exotique aux Méridionaux, mais parle encore au cœur des gens du Nord. Nombre de peintres et de graveurs s’en sont fait les témoins, évoquant dans leurs œuvres « bambochades, repas pantagruéliques, cornemuses et danses entraînantes : autant de scènes joyeuses et truculentes, pimentées çà et là de gaillardises cachées dans des tableaux débordants de vie », décrit Juliette Singer, directrice de l’institution, dans le catalogue.

Continuez votre lecture

et accédez à Beaux Arts Magazine
et à tous les contenus web
en illimité à partir de 5,75€ / mois