Par
Théo Zuili
Publié le
9 nov. 2025 à 7h18
À contre-courant des « swipe » en masse et des « amours jetables » souvent décevants, une habitante de Lyon veut proposer une manière de trouver l’amour « en prenant le temps ». Avec son application Mado, lancée le 3 novembre 2025 après deux ans de développement, Clara Monti espère trouver sa place sur le marché très saturé des applications de rencontre.
Pour ce faire, elle a confiance en sa proposition qui se démarque. Le lancement, en tout cas, a dépassé ses attentes : « En vingt-quatre heures, 200 personnes se sont inscrites, avec déjà des matchs. Je ne pensais pas que ça irait si vite ! »
Un constat comme départ
« J’avais envie de revenir à quelque chose de plus simple. » Clara Monti, 29 ans, s’est inspirée de ses grands-parents et leurs soixante ans d’amour (Marie et Dominique, dont la contraction des prénoms donne l’intitulé de l’appli). La jeune femme explique vouloir « prendre le meilleur des deux mondes » entre la sincérité d’hier et les outils d’aujourd’hui.
« Mes grands-parents m’ont montré que l’amour n’est pas toujours facile, mais qu’il peut durer, » présente la Lyonnaise. « On me demande souvent si je pense que c’était mieux avant : évidemment, non, mais je crois qu’il faut surtout retrouver le sens de la construction et de la patience. »
De son côté, Clara s’estime « hyper chanceuse ». En couple depuis ses 19 ans, elle n’a « pas eu le temps de vivre cette perte d’espoir » qu’elle remarque autour d’elle. « Peu importe l’âge, je vois des gens qui baissent les bras » : de ce constat d’une génération « fatiguée du dating » mais pour qui le numérique reste un réel outil est né le projet Mado. « Je ne peux pas être plus investie dans la recherche d’amour de mes potes célibataires », rit-elle.
Du « slow dating » en appli
Pour Clara Monti, tout revient à une idée simple qui consiste à ralentir. « Avec Mado, on va à l’essentiel, mais c’est du slow dating », explique-t-elle. « Prendre le temps de savoir ce qu’on veut et de travailler sur soi est important. Plus on vieillit, plus on a des valises : on sait ce qu’on veut et ce qu’on ne veut plus. »
Ainsi, à l’inscription, chaque utilisateur doit faire vérifier son identité, une étape « essentielle » : « On écrème en s’assurant du sérieux de chacun. Les gens comprennent le but et c’est rassurant de se dire que la personne en face existe vraiment, surtout à l’ère de l’IA. »
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Vient ensuite un questionnaire de 105 questions, élaboré avec quatre thérapeutes (psychologues, sexologues, hypnothérapeutes) pour une quinzaine de minutes. De manière à explorer la personnalité, les valeurs, les projets de vie ou encore la vision de l’intimité, présente Clara. « L’amour n’est pas une science, donc ce n’est pas infaillible, mais ça permet surtout d’éviter les incompatibilités majeures, les sujets qui coincent vite : le rapport aux enfants, les engagements politiques ou écologiques… Notre angle, c’est que ça marche sur le long terme. »
On cherche l’équilibre entre les valeurs et la complémentarité émotionnelle, basée sur des études réalisées sur des couples durables. C’est aussi passer moins de temps sur le physique : il y a des personnes sur lesquelles on ne se retournerait pas forcément dans la rue, mais avec qui ça pourrait pourtant bien marcher.
Clara Monti
L’algorithme, lui, ordonne ainsi les profils présentés selon un « score de compatibilité » : les personnes avec lesquels le score est le plus élevé sont proposées en premier. « On n’a pas vocation à choisir pour les gens, mais plutôt à les accompagner. ‘Rencontrez-vous’, c’est aussi rencontrez-vous vous-même. »
Pour réapprendre à aimer
Car selon Clara, aimer peut s’apprendre et savoir construire une relation qui dure n’est pas inné. Des contenus audio et des articles sont proposés pour prendre le temps de travailler sur soi : « Des podcasts de développement personnel, sur le sexe, l’amour, la confiance en soi, comment gérer une déception… Ce n’est pas toujours facile de sauter le pas, mais on peut aussi prendre rendez-vous avec eux, sans obligation. »
Visualiser le contenu sur Instagram
Trois profils sont proposés chaque jour. « On ne veut pas que Mado soit une appli chronophage. Ici, on ne se sent pas entraîné par l’élan de swiper pour voir la personne qu’il y a après : c’est sans s’éparpiller et basé sur le respect mutuel. »
Un modèle éthique mais payant
Pour ses premiers pas dans l’entrepreneuriat, la fondatrice rejette l’idée d’un modèle cynique fondé sur la dépendance : « Ce serait une énorme réussite que les gens trouvent l’amour en un mois. On prône le fait de prendre son temps, mais on ne veut surtout pas empêcher les gens de se trouver. »
Si Mado prône la sincérité et la lenteur, elle n’échappe pas à la réalité du marché. L’application sera gratuite tout le mois de novembre, avant de proposer deux formules d’abonnement, pour les sommes tout de même élevées de 12,50€ à 21,99€ par mois.
Un choix assumé, puisque payer est aussi une manière de s’engager : « Il y a tellement de choix que les gens qui viennent ici savent pourquoi ils viennent. »
Deux offres disponibles
Deux offres coexistent : « Rencontre », qui donne accès à toutes les fonctionnalités de matching, et « Coaching », pour les podcasts et articles uniquement alimentés régulièrement par les thérapeutes. « Ceux qui ont trouvé quelqu’un peuvent garder cette formule pour continuer à travailler sur eux. »
« J’espère atteindre 500 à 600 utilisateurs en un mois, et entre 10 000 et 15 000 sur la première année. » Pour l’heure, la communication reste centrée sur Lyon, mais Clara voit plus grand et l’application fonctionne à l’échelle de la France.
Mado est disponible au téléchargement sur Google Play ou l’App Store.
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