Un message de fermeté adressé à Bruxelles comme à Brasilia. « Nous voulons soutenir nos agriculteurs et c’est pourquoi la France ne signera pas un accord qui les condamnerait à terme », a déclaré la ministre de l’Agriculture dans un entretien au Journal du dimanche, précisant les « lignes rouges » posées par Paris.

Celles-ci sont au nombre de trois : une « clause de sauvegarde agricole spécifique », des « mesures miroir » interdisant l’importation de produits ne respectant pas les normes européennes, et un renforcement des contrôles sanitaires. L’objectif : éviter une mise en concurrence jugée déloyale entre les producteurs européens et sud-américains.

Concernant la clause de sauvegarde, Annie Genevard évoque « un frein d’urgence si, par exemple, la filière est menacée par une chute massive de prix liée à un afflux de denrées importées ». Mais la ministre reconnaît que le dispositif reste à préciser. « Qui décide ? Qui vérifie ? En combien de temps ? Quels critères déclenchent le mécanisme ? » interroge-t-elle, promettant une « vigilance totale » sur son efficacité réelle.

La France « a les moyens de se faire entendre »

Interrogée sur la possibilité de bloquer le processus, alors que le Brésil espère une signature avec l’Union européenne d’ici au 20 décembre, la ministre assure que la France « a les moyens de se faire entendre ». Plusieurs États membres – dont la Pologne, l’Autriche, les Pays-Bas, l’Irlande et la Hongrie – partagent ses réserves. « Tant que ces garanties ne sont pas écrites, validées et acceptées par nos partenaires du Mercosur, la France restera sur sa position », insiste-t-elle.

Jeudi, en visite au Brésil, Emmanuel Macron s’était dit « plutôt positif » quant à la possibilité d’un accord, tout en appelant à rester « vigilant ». Quelques heures plus tard, au Mexique, il avait nuancé son propos en rappelant que « la France continue d’attendre des réponses claires ». Des déclarations jugées ambiguës, qui ont suscité de vives critiques dans les rangs agricoles et politiques.