Par

Cédric Nithard

Publié le

9 nov. 2025 à 12h02

Si le quartier de la Mosson à Montpellier connaît une importante rénovation urbaine, absent de celle-ci malgré les demandes des habitants, le dossier de la mosquée suscite toujours des questionnements. C’est pourquoi le député écologiste Jean-Louis Roumégas, tête de liste du Printemps Montpelliérain aux municipales, appelle le maire Michaël Delafosse à revoir le projet ZAC Mosson Sud.

« Un manque de concertation »

Tandis que pour les musulmans la prière du vendredi approche, Jean-Louis Roumégas, entouré de plusieurs partenaires ou soutien du Printemps Montpelliérain, était à la Mosson, juste en face du local servant de mosquée, pour dénoncer le manque de consultation autour du projet ZAC Mosson Sud. « Il y a eu une enquête publique, le commissaire enquêteur a rendu son verdict mais la DUP n’est pas encore prise par le préfet », rappelle le député écologiste qui souligne : « Le commissaire enquêteur a rendu un avis favorable sauf sur un point qui est la question de la mosquée. 12 000 personnes ont participé à cette enquête dont une très grande majorité a donné un avis défavorable. C’est pourquoi le commissaire enquêteur dit que l’on ne peut pas créer cette ZAC sans répondre à cette question posée par les habitants du quartier sur l’avenir de la mosquée ».

La clinique Clémentville renonce… 

Pointant l’échec de la venue de la clinique Clémentville, que Michaël Delafosse a annoncé remplacer par une antenne du CHU, Jean-Louis Roumégas lui reproche : « En faisant cela, il ne répond pas au problème de fond soulevé par l’enquête publique et le commissaire enquêteur ». Soutien du Printemps Montpelliérain, Rachid Drimou, ancien président du conseil citoyen du bas de la Paillade, explique en avoir démissionné car « il y a un manque de concertation réelle avec les habitants. En fait, on prépare tout dans les bureaux et on impose dans des réunions techniques une vision des politiques de la ville. Je trouve ça dommage et dommageable ».

« Manque de respect »

Ce dernier illustre d’ailleurs : « Les gens n’étaient pas contre la clinique, ils étaient contre le manque de prise en considération de leurs besoins réels. Un lieu de culte a autant d’importance qu’un lieu de santé. Si la santé c’est pour le physique, le culte c’est pour l’esprit et l’âme ». L’écologiste Saïd Bouya témoigne lui en tant qu’ancien du quartier du Petit Bard où il a grandi en constatant : « On refait la même chose ici, on ne discute pas avec les gens, on arrive avec un projet. C’est un manque de respect et de considération des habitants de la Paillade. Si on ne va pas voir les gens, cela ne va pas avancer ».

« La Paillade mérite un plan A »

Ancienne vice-présidente à la Métropole en charge de l’urbanisme, Coralie Mantion juge que « la manière dont est traité le quartier n’est pas acceptable. La Paillade mérite mieux que des plans B » en revenant sur l’échec de la venue de la clinique Clémentville ou encore la rénovation du stade finalement préféré à la construction d’un nouveau ailleurs. « Michaël Delafosse navigue à vue mais surtout il ne revient pas vers les habitants. Un projet de rénovation urbaine ne marche que si il est pensé in situ, c’est à dire dans son environnement et avec ses habitants, les acteurs économiques, associatifs et, ici, culturels », tonne-t-elle en appelant : « La Paillade mérite un plan A pensé et réfléchi avec et pour les habitants ». Jean-Louis Roumégas y voyant là « une question de respect car les meilleurs experts d’une ville ce sont ses usagers ». Des habitants que le Printemps Montpelliérain a justement mis au coeur de son programme dont le pilier principal est la démocratie participative.

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Ayant vu l’attroupement, un des bénévoles de la mosquée vient témoigner : « Les gens ne sont pas contre la rénovation du quartier mais ils aimeraient donner leur avis et qu’il soit pris en compte. Il y a eu des consultations mais c’étaient des coups d’épée dans l’eau ». Le jeune homme regrette ainsi que les propositions pour déménager la mosquée ou construire sur le site actuel pour offrir un lieu de culte adapté et décent n’aient pas été entendues. « C’est comme si nous n’existions pas. Nous ne voulons pas être les grands architectes de la rénovation du quartier qui est très importante pour le bien-être des habitants mais juste avoir un petit mot à dire sur deux-trois points pour les intégrer », précise-t-il.

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Un problème de méthode

« C’est un problème de méthode en général comme on le voit à la Cité Bergère ou aux Quatre Boulevard », pointe Jean-Louis Roumégas qui ajoute également : « Il y a un problème particulier avec les représentants des cultes musulmans qui ne sont pas écoutés. La mairie choisit ses interlocuteurs comme s’ils voulaient faire le tri. Je considère que l’on n’a pas à se mêler des affaires de musulmans. C’est eux qui décident qui les dirigent. Dans la loi, on a intégré l’idée qu’il n’y avait pas d’ingérence étrangère dans la gestion des mosquées. S’il n’y a pas d’ingérence étrangère, ce n’est pas non plus pour mélanger les politiques locales avec la question des cultes. Les cultes, quels qu’ils soient, s’auto-organisent en France et on doit les respecter en tant que tel. C’est ça la vraie laïcité ». Mettant en évidence l’insuffisance du nombre de mosquées à Montpellier et les réticences de la municipalité à en permettre la construction, le député appelle à « arrêter cette ingérence dans les cultes. C’est ridicule car s’ils croient pouvoir contrôler le vote des musulmans, personne ne contrôle cela. Les musulmans sont des citoyens comme les autres. Il faut arrêter ce jeu malsain ».

Pour autant, contrairement à certains qui accusent Michaël Delafosse d’islamophobie, l’écologiste ne tombe pas dans les accusations gratuites. « Je ne veux pas rentrer dans ces polémiques entre les Insoumis et les Socialistes qui se balancent des noms d’oiseaux. Cela ne sert que l’extrême droite, les xénophobes et les vrais racistes. Je parle de méthode, nous essayons d’avoir des mots précis et justes dans ce que l’on dit, il ne faut pas tomber dans des excès qui ne servent à rien. Certaines attaques contre le maire de Montpellier sont déplacées et contre-productives », clarifie-t-il sans détour.

Réunion publique le 6 décembre

Nordine Maktoubi, autre écologiste, complète : « La problématique est avec tous les habitants de la Paillade. Ceux qui sont musulmans et ceux qui ne le sont pas. Ce sont les habitants de manière générale qui ne sont pas considérés ». C’est pourquoi Jean-Louis Roumégas appelle « le préfet à ne pas prendre la DUP et à la Métropole de ne pas faire cette ZAC tant qu’une concertation n’aura pas eu lieu sinon ce sera très mal vécu dans le quartier ». Le candidat annonce ainsi que le Printemps Montpelliérain organisera une réunion publique le samedi 6 décembre sur ce sujet.

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