Un verre de vin au restaurant Gérarh, un croissant à la boulangerie Mickaël Martinez, un pot de miel Chez les Producteurs… La Monnaie Sauvage s’échange dans une multitude de commerces de Marseille et La Ciotat. Ce sont de petits jetons octogonaux, grisâtres avec des touches colorées, créés au printemps 2024 par Sauvage Méditerranée à partir de… poubelles.
Un café ou, mieux, un café suspendu (offert à une personne dans le besoin) est offert à la Marmite Joyeuse en échange d’un jeton de Monnaie Sauvage. / Photo M.LL.
« Nous utilisons les déchets ramassés sur les plages de Marseille ou dans les calanques pour fabriquer des lampes, des bijoux, de la décoration, explique Noémie Espanet, chargée de mission au sein de l’association. Nous générons toutefois des déchets non recyclables mais que nous souhaitions valoriser. »
Cette monnaie alternative est remise à des bénévoles investis dans des opérations de ramassage et de nettoyage de l’environnement, mais aussi plus largement sur des actions sociales avec des assos comme Benenova. Plus de 200 jetons seront ainsi distribués lors de la soirée des Trophées de l’engagement bénévole, le 15 novembre. Lancée à la brasserie Zoumaï, où un jeton vaut un demi de bière, la Monnaie Sauvage a, petit à petit, séduit près d’une quarantaine de commerçants.
À la Maison Landolfi, Charlotte Gabriel propose une affiche « seconde vie » en échange d’un jeton de Monnaie Sauvage. / Photo M.LL.Un cercle vertueux
Depuis quelques mois, la Maison Landolfi, rue de la République (1er), où Charlotte et Pierre-Marie Gabriel impriment et vendent des affiches et des cartes postales de Marseille et de toute la Provence, en fait partie. Avec un jeton, on peut s’offrir un poster « seconde vie » (qui comporte un défaut quasi impossible à déceler) vendu normalement une dizaine d’euros. « C’était un bon moyen d’attirer des clients locaux et de faire connaissance avec le réseau marseillais, explique Charlotte, dont la boutique a ouvert il y a un peu moins d’un an. Mais on est aussi content de remercier les bénévoles pour leur investissement. »
L’initiative a plu aussi à Emmanuelle Vidal-Naquet, patronne de la Marmite Joyeuse (1er) où, depuis une semaine, on peut, avec un jeton, s’offrir un café ou l’offrir à quelqu’un : « C’est drôle et ça colle avec l’esprit du lieu : on a une clientèle qui peut être intéressée par les opérations de nettoyage des calanques et cela peut faire venir des bénévoles ici. Mais on sert déjà 200 repas chaque midi, donc notre démarche n’est pas commerciale. » Ce que confirme Samy Mehenni, gérante de cette cantine solidaire : « On contribue à la cause environnementale. »
Lorsqu’un bénévole utilise un jeton, il le met dans une tirelire en choisissant l’une des trois associations partenaires de Sauvage Méditerranée (Clean My Calanques, 1 Déchet par jour ou Mer Veille) qui lui reversera 5€ par jeton. Histoire de boucler le cercle vertueux.