L’abstention est-elle un signe précoce d’un déclin de la santé ? Ce n’est pas impossible… Une équipe de chercheurs de l’université d’Helsinki vient en effet de démontrer que le comportement électoral serait fortement lié… au risque de mortalité !

Pour le mettre en évidence, ils ont utilisé les données relatives à la participation des Finlandais aux élections parlementaires du 21 mars 1999, ainsi que des données sociodémographiques et de mortalité. Plus de 3 millions de personnes ont ainsi été suivies jusqu’à la fin de l’année 2020.

Au bout de 21 ans, plus d’un million d’entre elles étaient décédées :

  • 95 350 décès en raison de causes externes (accidents, causes violentes et liées à l’alcool) ;
  • 955 723 en raison d’autres causes sous-jacentes (maladies) ;
  • 2 410 personnes dont la cause du décès n’était pas connue ; ces dernières ont été exclues de l’analyse finale.

Ne pas voter, un facteur de risque insoupçonné

Le fait de ne pas voter était systématiquement associé à un risque accru de décès toutes causes confondues, chez les hommes (+73 %), comme chez les femmes (+63 %). En tenant compte dans l’analyse du facteur « éducation » (on sait que le fait d’avoir un moins bon niveau d’étude est associé au fait de ne pas aller voter), les chercheurs ont trouvé que l’abstention augmentait quand même le risque de mortalité : de 64 % chez les hommes et de 59 % chez les femmes.

Des études avaient déjà montré que les personnes qui ont le moins de diplômes ont plus de risques de mortalité que celles qui en ont le plus. Mais les chiffres montrent que la différence de mortalité entre votants et non-votants est encore plus forte que celle entre diplômés et non-diplômés, en particulier chez les jeunes et chez les personnes décédées de causes violentes.


Pour les auteurs, le vote, en tant que forme de participation, est un type de capital social lié à des avantages pour la santé. © pikselstock, Adobe Stock

Une corrélation, mais probablement pas une fatalité

Après ajustement en fonction de l’âge, le risque de décès était deux fois plus élevé chez les hommes et les femmes qui n’avaient pas voté que chez ceux qui avaient voté. Et la différence de mortalité était plus prononcée chez les hommes de moins de 50 ans.

Cette étude observationnelle n’est pas une preuve d’un lien de cause à effet. Les chercheurs reconnaissent par exemple que « les individus peuvent rencontrer des obstacles [liés à leur santé] les empêchant de voter ou choisir de ne pas voter lors d’une élection donnée », ce qui pourrait être un biais de confusion. C’est pour cette raison que d’autres études devront être menées pour mieux documenter ce lien.

Quoi qu’il en soit, selon les auteurs de l’étude, dont les résultats ont été publiés dans le British Medical Journal, « le vote, en tant que forme de participation, est un type de capital social lié à des avantages pour la santé. En outre, le vote peut encourager d’autres formes de participation civique ».