Olivier Morzelle, pouvez-vous rappeler quel est l’objectif d’ATD Quart Monde ?

« ATD Quart Monde est un mouvement international non gouvernemental et sans affiliation religieuse ou politique, fondé en 1957 par Joseph Wresinski et des habitants d’un bidonville de Noisy-le-Grand. Depuis plus de 60 ans, ce mouvement rassemble celles et ceux qui veulent s’engager pour mettre fin à l’extrême pauvreté et construire une société plus juste, qui respecte les droits fondamentaux et l’égale dignité de toutes et tous. Il est présent dans 35 pays. En France, il compte 8 700 bénévoles et militants qui vivent ou ont vécu dans une extrême pauvreté. »

Comment évolue la pauvreté en France ?

« Depuis les années 2000, elle ne cesse de progresser (y compris dans le Grand Est et dans le département 54 , NDLR).

« Les chiffres de la pauvreté sont sous-évalués car les gens sans-logement ne sont pas recensés »

Selon les chiffres de l’Insee, en 2024, on comptait 9, 8 millions de personnes vivant avec moins de 1 260 € net par mois, soit un peu plus de 15 % de la population française, et 2,6 millions vivraient aujourd’hui en dessous du seuil de 840 € par mois, soit 4, 1 % de la population française. C’est un record absolu ! Et ces chiffres sont sous-évalués car les gens sans-logement ne sont pas recensés. »

Quelles sont les priorités pour ATD Quart Monde ?

« Parmi nos grandes priorités, il y a la lutte pour l’accès aux droits. Il faut que les droits soient inscrits dans la loi mais il faut aussi pouvoir s’en emparer. Aujourd’hui, le taux de non-recours au RSA est estimé à 34 % et celui du non-recours au minimum vieillesse à 50 % ! Et l’une des causes du non-accès aux droits est justement ce que l’on appelle la maltraitance institutionnelle qui a pour conséquences de renforcer la pauvreté et l’isolement. »

Comment lutter contre les maltraitances institutionnelles ?

« Avec ATD Quart Monde, nous avons mené des travaux de recherche avec l’Université d’Oxford pour comprendre les mécanismes de la grande pauvreté. Dans ces travaux, la maltraitance institutionnelle est apparue comme une dimension à part entière qui caractérise ce que c’est de vivre en situation de grande pauvreté. Aujourd’hui, à Tomblaine, nous présentons un plaidoyer pour de dire stop à la maltraitance institutionnelle qui est aussi une invitation à se mobiliser tous ensemble et à interpeller les institutions, responsables politiques, afin qu’ils fassent évoluer les lois et les pratiques. L’une des propositions est de remettre de l’humain dans les services publics »