Florian Kobryn, candidat de La France insoumise à Strasbourg, a présenté jeudi son programme pour les élections municipales. Il promet une campagne participative avec un programme de 400 mesures et un ton déjà bien offensif.

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Eva Chibane

Publié le 6 novembre 2025  ·  

Imprimé le 9 novembre 2025 à 20h48  ·  

Modifié le 6 novembre 2025  ·  

4 minutes

Florian Kobryn, candidat de La France insoumise (LFI) pour les élections municipales de mars 2026, a présenté le programme de son mouvement jeudi 6 novembre. À ses côtés, Halima Meneceur, co-tête de liste et fondatrice du groupe d’action LFI à Hautepierre, Benjamin Kuntz, Lisa Farault, les anciens « chefs de file » et Victor L., coordinateur du programme, qui préfère taire son nom de famille pour préserver son employabilité.

Rendez-vous a été donné au café Romulus, à l’Esplanade. « C’est un quartier populaire et étudiant », souligne Florian Kobryn, également conseiller départemental d’opposition à la Collectivité européenne d’Alsace. Deux publics que le candidat juge « oubliés par la municipalité ».

Telle une dissertation bien ficelée, la conférence de presse s’est déroulée en trois temps. Chacun sa sous-partie, chacun son argumentaire, pour dérouler un programme de 400 mesures, imaginé par une cinquantaine de militants venus de « tous horizons » après les élections européennes et les élections législatives anticipées de juin 2024.

« On a lancé un appel pour construire un programme. Nous avons des personnes plus ou moins politiques et plus ou moins compétentes », raconte Victor, le coordinateur. Le tout sous une devise : « Convaincre… et se laisser convaincre. » Se laisser convaincre car « on a pu se tromper dans le programme, concède étonnement Victor. Par exemple, il y aura peut-être des compétences qu’on a attribuées à la Ville qui relèvent plutôt du Département. » Florian Kobryn l’assume : « Notre démarche est celle de l’éducation populaire. On s’est entouré de gens motivés, qui ont beaucoup à apprendre. » Si la liste présente déjà des mesures, elle explique que son programme va encore s’affiner pour devenir exclusivement de compétence municipale.

Eau, référendum et opéra au programme

Le programme est structuré en quinze livrets thématiques — culture, sport, politiques publiques… Certaines veulent marquer les esprits : gratuité des transports pour les moins de 25 ans, des 30 premiers mètres cubes d’eau pour tous les foyers, ou encore l’interdiction progressive des panneaux publicitaires. Et pour frapper un grand coup symbolique, l’équipe s’attaque à l’Opéra du Rhin. « La rénovation doit être l’occasion de repenser cet outil et de sortir de la course au gigantisme », assure Florian Kobryn, sans en dire davantage. Le candidat est d’ailleurs responsable des ateliers de construction des décors du Théâtre national de Strasbourg (TNS).

Sur le plan démocratique, LFI veut introduire de nouveaux outils : un référendum révocatoire pour démettre un élu si 20 % du corps électoral le demande, et un référendum d’initiative locale. Autre mesure phare annoncée : la délivrance d’un récépissé à chaque contrôle policier, qu’il soit national ou municipal, pour lutter contre les discriminations.

Stationnement, gare au SUV

Les propositions s’enchaînent : un mode de garde d’enfants assuré pour les parents, un encadrement des loyers, un contrôle accru des délégations de service public, une « maison des livreurs » pour accompagner les travailleurs ubérisés, ou encore le maintien de la « salle de consommation à moindre risque ». Un point commun avec la maire actuelle, Jeanne Barseghian (lire notre article).

« Strasbourg doit être une ville qui prend soin de tout le monde », martèle l’Insoumis. La liste s’aventure aussi sur le terrain international : elle réclame la suspension du jumelage entre Strasbourg et la ville israélienne de Ramat Gan, pour dénoncer « le génocide à Gaza ».

Et puis, il y a le stationnement, grand classique des campagnes municipales. Alors que Pierre Jakubowicz (Horizons) proposait, au conseil municipal du 3 novembre, un forfait universel de 15 euros pour les salariés et professionnels, Florian Kobryn contre-attaque avec un système par tranches de revenus : gratuité pour les ménages les plus précaires, tarif doublé pour les propriétaires de SUV. « On ne peut pas faire de transformation écologique sans justice sociale. Aujourd’hui, le stationnement n’est pas juste : il ne s’attaque pas aux gros pollueurs », défend le candidat.

L’équipe de campagne de Florian Kobryn (Victor L, Lisa Farault, Halima Meneceur, et Benjamin Kuntz).Photo : Eva Chibane / Rue89 Strasbourg / cc

« Nous sommes les seuls à présenter un programme de cette ampleur »

Florian Kobryn, candidat LFI aux élections municipales

Florian Kobryn sait toutefois que le terrain local n’a jamais souri à LFI. En 2024, le parti a décroché 21,28% des voix aux élections européennes à Strasbourg, mais aux municipales de 2020, la liste menée par Kevin Loquais avait plafonné à 3,24%, loin derrière l’alliance citoyenne et des Écologistes. « En 2020, on était encore des bébés, le parti était jeune. Là, nous sommes des adultes avec une force militante importante », sourit Halima Meneceur. La candidate veut croire que le vent tourne. L’élection d’Emmanuel Fernandes comme député LFI en 2022 et le mandat départemental de Florian Kobryn auraient renforcé l’ancrage local d’après le candidat :

« Avec les résultats nationaux, il était de notre responsabilité de proposer une offre politique à ce scrutin local. Nous sommes les seuls à présenter un programme politique de cette ampleur. Personne n’a un projet aussi complet à proposer aux habitants. »

Le tractage a déjà commencé et 45 actions de campagne sont prévues en novembre. Le 24, un « parlement populaire » est annoncé au centre socioculturel de Hautepierre avec sept thématiques et des temps d’échanges. Le programme, malgré ses 400 mesures, reste évolutif, assure le mouvement.

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