Sans le déploiement de la toile, cette dernière n’aurait pas pu quitter le monde du cinéma et du documentaire jusqu’à présent cantonné autour de la capitale. Elle a ainsi pu poser sa caméra dans la région natale de son compagnon :l’Oloronais…

Sans le déploiement de la toile, cette dernière n’aurait pas pu quitter le monde du cinéma et du documentaire jusqu’à présent cantonné autour de la capitale. Elle a ainsi pu poser sa caméra dans la région natale de son compagnon : l’Oloronais Fabien Beziat, lui aussi réalisateur, dont la renommée ne cesse de grimper depuis son documentaire à succès « Nous les paysans ».

« Nous avons eu du nez en nous installant avant les confinements », rembobine Mathilde, enchantée par son nouveau port d’attache « si vert », où le couple élève leurs trois enfants au grand air, les pieds dans le gave d’Oloron pour leur plus grand bonheur.

Approche sociologique et poétique

Mathilde peut désormais travailler à distance et avec toute la palette de compétences développée depuis plus de 20 ans. Cette Montpelliéraine d’origine s’est fait depuis longtemps un nom en tant que cheffe monteuse, jusqu’à la réalisation complète de films.

« Attachée à une approche autant sociologique que poétique », elle a collaboré sur près de 30 longs métrages documentaires pour la télévision, dont plusieurs primés en festivals, et des dizaines de courts-métrages de fiction. « Ce sont souvent des projets dans lesquels je me suis complètement plongée, des archives jusqu’aux portraits historiques et d’histoire de l’art, à l’exemple des films sur Hergé, Picasso, Rodin… » souligne-t-elle.

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Un fil conducteur : la mise en lumière bien souvent de créateurs ou au service de la création. Plutôt évident quand on sait qu’elle a déployé ses ailes dans une famille de musiciens… et qu’elle a observé leur évolution derrière sa première caméra dès l’âge de 12 ans.

« J’ai grandi dans cet environnement très créatif, un peu bohème. Quand mes parents ne répétaient pas à la maison, ils aimaient nous emmener voyager pour dénicher d’autres inspirations. » Et elle s’interroge aussi très jeune sur ce qu’elle capture et montre, ou pas. Son voyage scolaire à Auschwitz restera ainsi ancré dans sa mémoire, alors qu’il n’a pas sa place dans un album photos.

En mode « caméra stylo »

Ce qu’elle apprécie le plus aujourd’hui : assurer façon « caméra stylo » des réalisations complètes et lier cette relation de la création à la politique, qui est devenue un point central de sa façon de regarder le monde.

La rencontre avec le collectif d’architectes Encore -ses voisins qui se sont installés par un heureux hasard dans son petit village- a donné l’élan pour son dernier film. « Habiter le paysage », a été tourné ces derniers mois entre le Béarn et le Pays basque. Elle nous plonge dans cette campagne, à l’heure de l’incertitude économique, des volets fermés, et du nouvel intérêt des néo-ruraux. « Ce retour soulève autant d’espoirs que de défis, sociaux et écologiques et vient bousculer l’idée d’une communauté qui l’a si longtemps façonnée », souligne la réalisatrice.

« Habiter aujourd’hui n’est plus ni simple, ni neutre, ni apolitique »

Cette campagne et ces habitants racontent la crise du logement et l’évolution de l’agriculture. « Pourtant avoir un toit est notre besoin le plus essentiel, cela forge notre quotidien et notre rapport au monde. Habiter aujourd’hui n’est plus ni simple, ni neutre, ni apolitique », note-t-elle, fascinée par l’engagement et l’inventivité des Béarnais et des Basques qu’elle a interrogés dans son film.

Pour elle, tout est lié : le logement, l’agriculture, l’éducation, la culture, le vivre ensemble. « Il n’y a pas de fatalité. On peut changer les choses, chaque jour », souligne-t-elle, rassurée aussi parce qu’en suivant le collectif Encore, elle a compris que l’architecture pouvait être un levier puissant « pour repenser nos sociétés, nos manières de vivre, de décider, de partager. Ce n’est pas simplement bâtir des murs, c’est créer des conditions de vie commune. »

Son film est désormais projeté dans les festivals, dont le Fipa et le Close Up avant une diffusion sur France T.V, suivi d’un débat et des projections à suivre aussi dans les cinémas de la région.

Ligne de vie
Née en août 1980 à Montpellier dans une famille de musiciens
Étude : master pro cinéma réalisation scénario production à Paris
Famille : Elle habite à Labastide-Villefranche avec le réalisateur oloronais Fabien Beziat avec leurs trois enfants de 14, 8 et 5 ans.
À suivre : « Habiter le paysage ». Production Weesper ; l’expo Tempo#9 au Garage à Labastide-Villefranche autour des photos d’Olivia Gay.
Hobby : le chant et la présidence du cinéma « Le Saleys » à Salies.