L’année dernière, Spotify annonçait une énième augmentation de ses tarifs, sans aucune contrepartie. Fidèle à la plateforme, je disposais à l’époque d’un abonnement famille. Quel déception que de voir le prix augmenter sans disposer d’une qualité audio améliorée alors que tous les concurrents avaient déjà franchi le pas.
J’ai donc pris la décision de quitter Spotify. Puisque la qualité de son figurait parmi mes premiers critères de choix, je me suis tourné vers Qobuz, plateforme qui promet la meilleure expérience audio en streaming. J’ai utilisé ce service pendant un an. Découvrez mon avis complet en 6 questions.
Qobuz est-il moins cher que Spotify ?
© Qobuz
Le positionnement de Qobuz et Spotify diffère autant sur le plan des fonctionnalités que des tarifs.
Qobuz cible les mélomanes exigeants avec une offre centrée sur la qualité sonore : son abonnement Studio démarre à 12,49 €/mois (engagement annuel) et propose le streaming ainsi que le téléchargement en qualité studio Hi-Res (FLAC jusqu’à 24-Bit/192 kHz).
Le catalogue de Qobuz, riche de plus de 100 millions de titres, s’accompagne de contenus éditoriaux approfondis, toujours sans publicité et disponibles sur tous les appareils.
Qobuz propose également l’abonnement Sublime (16,66 €/mois, annuel) qui ajoute des prix préférentiels sur l’achat d’albums en Hi-Res, avec des réductions pouvant atteindre 60%. Contrairement à ses concurrents, Qobuz ne propose pas d’offre gratuite (en dehors d’un essai pendant 7 jours).
Spotify, de son côté, mise sur la polyvalence et les algorithmes (notamment la richesse de ses playlists). L’abonnement Premium individuel coûte 12,14 €/mois et inclut l’écoute sans publicité, le téléchargement pour une écoute hors connexion, un catalogue musical de plus de 100 millions de titres, une qualité sonore en MP3 (jusqu’à 320 kbps). Spofity c’est aussi un accès à 12 heures de livres audio par mois ainsi qu’à une vaste bibliothèque de podcasts.
Spotify se distingue enfin par la personnalisation des playlists, la possibilité de partage en temps réel (Group Session). Des formules Duo (17,20 €/mois) et Famille (21,24 €/mois) permettent de partager l’expérience à plusieurs pour moins cher.
Résumé des offres Qobuz vs Spotify
Étudiant : 7,07 €/mois.
La qualité audio est-elle vraiment meilleure ?
© Presse-citron
« La plus haute qualité sonore, en streaming et téléchargement ». Voilà la principale promesse de Qobuz, celle qui m’a convaincu de me tourner vers cette plateforme plutôt qu’une autre. Avant de vous partager mes impressions (et répondre à la fameuse question), petit rappel des différents niveaux de qualité audio proposés sur les plateformes:
- MP3 jusqu’à 320 kbps : fichier audio plus léger car compressé mais aussi son moins détaillé
- Qualité CD : 16 bit / 44,1 kHz
- Hi-Res Audio : 24 bit / jusqu’à 192 kHz
Sur le marché, toutes les plateformes proposent un son MP3 à 320 kbps. La majorité propose également une qualité CD ou Lossless (son sans perte). Qobuz et Tidal sont les deux seules plateformes à proposer l’audio Hi-Res en 24 bit jusqu’à 192 kHz.
© Qobuz
En théorie, la qualité de son devrait donc être meilleure sur ces deux plateformes. En théorie… En pratique, plusieurs conditions doivent être réunies pour espérer profiter du plein potentiel de ce son.
La première est de disposer d’un matériel capable de diffuser un son aussi détaillé sur smartphone. Oubliez donc tous les écouteurs sans fil qui sont incapable d’atteindre le niveau de détails maximum proposé par ces plateformes. Même s’ils sont compatibles Hi-Res, ils ne montent pas jusqu’à 192 kHz. Si vous avez des écouteurs bluetooth, il faudra donc vous équiper d’un DAC bluetooth, un petit accessoire qui permet de profiter pleinement de cette qualité d’écoute. Comptez donc un investissement supplémentaire d’au moins 150 euros.
Sinon, vous devrez passer par des écouteurs ou casques filaires associés eux aussi à un DAC. J’ai effectué mes tests avec des écouteurs ou casques de toutes gammes : les Ears filaires d’Apple, des Sennheiser IE200 (150 euros) et des Sennheiser IE600 (800 euros tout de même) pour les écouteurs, ainsi que le Sony WH-1000XM4, AirPods Max, Nothing Headphone 1 et Bose QC Ultra, côté casque. Enfin, Denon m’a généreusement prêté son enceinte Denon Home 150, compatible avec Qobuz Connect, une fonctionnalité permettant une écoute optimisée avec le service. Que du beau monde donc.
© Presse-citron
Malgré cet arsenal, je dois admettre que je n’ai perçu que peu de différences (voire pas du tout) entre une écoute Hi-Res sur Qobuz et une écoute en MP3 à 320 kbps sur les autres plateformes (Spotify, Deezer et Apple Music). J’ai pourtant une oreille entraînée puisque j’écoute et pratique la musique depuis ma plus tendre enfance. Je n’aurais pas la prétention d’affirmer que je fais partie de l’élite (loin de là), mais mon oreille est « éduquée » à l’écoute de musiques très variées.
Alors pourquoi n’ai-je pas entendu de différence ? Pour le savoir, j’ai contacté TechnoïdFR, créateur de contenu spécialiste de l’audio. Ses explications m’ont beaucoup éclairé.
En réalité, selon lui, « ce qui fait la différence entre une plateforme plutôt qu’une autre c’est l’algorithme de recommandation et l’interface avec laquelle on se sent le plus ou moins à l’aise, pas la qualité audio ».
Le son serait-il uniquement un argument marketing ? Oui et non. Selon TechnoïdFR, « l’oreille humaine n’est sensible, au mieux, qu’à une fréquence maximale de 22 000 Hz à la naissance, puis elle diminue au fil du temps. À l’adolescence, par exemple, ça tourne autour de 18 000 Hz ». Vous n’y comprenez rien ? Moi non plus. J’ai donc demandé des précisions, et obtenu la réponse suivante :
Pour faire simple, du MP3 320 kbps est un format audio compressé, alors les plateformes jouent sur ce terme pour se distinguer. Sauf que les sons retirés du fichier source très lourd pour le compresser en MP3 sont inaudibles par l’oreille humaine. C’est comme si tu supprimais le son d’une bille qui tombe alors que tu es à côté d’un marteau-piqueur en plein travail. En réalité, ce qui fait la différence, c’est le mixage, et ça c’est différent pour chaque titre, chaque plateforme et chaque oreille.
Evolution de la perception des fréquences et dB selon l’âge
Grosso modo, certaines plateformes compressent plus ou moins les musiques proposées par les maisons de disque. TechnoidFR explique par exemple que Spotify fait partie des plateformes qui compressent le plus les fichiers, ce qui donne un son assez plat. C’est d’ailleurs ce qui lui vaut sa mauvaise réputation.
A contrario, la signature Deezer est très appréciée des utilisateurs, tout comme celle de Qobuz. Mais en soi, l’oreille humaine est incapable de distinguer une quelconque différence, à moins de se mettre en écoute active dans son salon avec du matériel très haut de gamme. En matière de son, n’importe quelle plateforme se vaut donc plus ou moins, notamment en mobilité.
Même Apple Music et son audio spatialisé ? « Tout dépend de ton rapport à la musique et des titres écoutés » explique TechnoïdFR. Les oreilles peu entraînées auront immédiatement un effet wahou. Les autres apprécieront uniquement si la chanson mise à disposition par la maison de disque a été enregistre pour de l’audio spatial. S’il s’agit d’un son stéréo retravaillé par des algorithmes pour simuler une spatialisation, certains sons seront masqués et la dynamique moins bonne. Les mélomanes passeront donc leur chemin.
En définitive, la qualité audio est-elle meilleure ? Dans l’absolu, oui, mais l’oreille humaine normalement constituée n’entend pas de différences.
Denon Home 150 : une enceinte Qobuz-friendly
© Denon
L’enceinte connectée Denon Home 150 s’impose comme une référence incontournable pour qui cherche un modèle compact et performant. Facile à intégrer dans n’importe quelle pièce, elle prendra place sur un bureau, dans une cuisine ou un salon.
Côté son, la Home 150 surprend par une restitution équilibrée et naturelle du son. Les basses, notamment, affichent une profondeur rarement constatée sur une enceinte de cette taille, tandis que les médiums et aigus conservent une belle clarté. Grâce à sa conception 2 voies et à un amplificateur numérique efficace, elle s’adapte aussi bien à l’écoute musicale qu’à un son d’ambiance.
La compatibilité multiroom avec l’écosystème HEOS ajoute un vrai plus pour les foyers déjà équipés ou désireux d’évoluer vers une installation connectée. La prise en charge des assistants vocaux (Alexa intégré, mais aussi Siri et Google Assistant via applications) est aussi un plus très appréciable.
Surtout, la Denon Home 150 bénéficie d’une compatibilité étroite avec Qobuz. Grâce à l’intégration de Qobuz Connect au sein de l’écosystème HEOS, il est possible de streamer directement depuis l’application Qobuz vers l’enceinte, très simplement et sans passer par des solutions intermédiaires comme AirPlay ou une liaison bluetooth.
Cette intégration offre un confort d’utilisation non négligeable et garantit aux mélomanes la restitution haute fidélité de Qobuz sur la Home 150.
Quid des playlists ?
© Qobuz
« Oui mais mes playlists » ! Lorsque je me suis lancé dans cette expérience, mon entourage et mes collègues m’ont tous mentionné les playlists Spotify. Je dois bien admettre que le géant suédois a su se créer une solide réputation sur ce terrain.
La bonne nouvelle, c’est que j’ai pu transférer mes playlists Spotify vers Qobuz en un clic grâce à un service en ligne (il en existe beaucoup). J’ai donc pu profiter de mon catalogue précédent sans aucun souci, Qobuz a en plus pris soin de sélectionner un maximum de titres en Hi-Res. Voilà pour les playlists personnalisées.
Et celles crées par Spotify alors ? Comme son concurrent, Qobuz crée aussi ses propres playlists. L’entreprise insiste d’ailleurs sur la conception de ces compilations : elles sont toutes créées par des humains et non des algorithmes.
Cela explique sans doute pourquoi j’ai préféré les playlists Qobuz à celles de Spotify quand il s’agissait de me fondre dans un univers musical, un style particulier, ou des artistes comparables à ceux que j’apprécie déjà. En plus, Qobuz prend soin de mettre en avant des artistes moins connus (voire inconnus du grand public) afin de laisser une chance à tout le monde. On est donc loin des playlists Spotify où l’on retrouve tous les tubes mondiaux qui tournent en boucle, sans prendre soin de savoir s’ils correspondent à nos goûts.
En revanche, Spotify conserve une sacrée avance sur les playlists thématiques. En soirée, pour l’apéro, dimanche matin, focus, en cuisinant, chill… les playlists correspondant aux humeurs du moment restent la plus grande force de Spotify. Mais elles ont tendance aussi à nous faire écouter des musiques « tout venant » qui nous éloigne de ce que l’on aime. À titre personnel, j’ai bien plus apprécié la proposition de Qobuz, plus proche de la musique et des artistes que celle de Spotify. Mais c’est une affaire de goûts.
Qu’est-ce j’ai aimé sur Qobuz ?
L’interface élégante et minimaliste
© Presse-citron
Qobuz adopte des codes esthétiques résolument premium. Disponible sur iOS, Android, Mac, PC ou sur le web, la plateforme est très simple d’utilisation. Elle se divise en six parties : découvrir (pour découvrir les nouveaux sons propulsés par les équipes Qobuz), Magazine (son projet éditorial), Playlists, Favoris et En local). Qobuz met à l’honneur les artistes bien plus que ses concurrents. Sur chaque page d’artiste, on retrouve ses titres, projets mais aussi une série d’articles réalisés par les équipes éditoriales de Qobuz dans le volet Magazine. Un plaisir à utiliser au quotidien.
Le Magazine
© Presse-citron
C’est sans aucun doute la plus belle surprise de cette expérience. La plateforme intègre un projet éditorial à part entière, une sorte de site d’actualités consacré à la musique et aux artistes. On y retrouve des articles, des tests de matériel audio, des interviews d’artistes, des formats vidéos exclusifs, bref un média à part entière. On pourrait imaginer que seuls les passionnés de musique s’y intéresseront, je n’en suis pas convaincu. Pour preuve, je ne suis pas spécialement consommateur d’infos sur la musique, mais le Magazine Qobuz fait partie de mes lectures régulières désormais.
Extrait de “La Bulle Acoustique” format régulier sur le Magazine Qobuz
La rémunération des artistes
Selon les derniers chiffres du secteur (mars 2025), Qobuz s’impose comme la plateforme la plus rémunératrice pour les artistes, loin devant ses concurrents. Pour 1000 streams, elle reverse 18,02 euros, soit deux fois plus qu’Apple Music (8,90 euros) et près de 5 fois plus que Spotify (3,89 euros maximum). Je ne peux que saluer l’effort, d’autant que Qobuz est loin de compter le même nombre d’abonnés que Spotify, Apple Music ou Deezer.
Qu’est-ce que j’ai moins aimé sur Qobuz ?
© Qobuz
La différence de qualité de son pas flagrante
C’est sans doute ma plus grande déception après un an d’utilisation. Malgré mes efforts pour m’équiper au mieux et continuer à « éduquer » mon oreille, je n’ai jamais vraiment pu apprécier la différence de qualité entre un service comme Qobuz et ses concurrents Apple Music, Deezer ou encore Tidal. En réalité, Qobuz se distingue surtout de Spotify qui est de loin la plateforme compressant le plus ses fichiers audio. Mais l’arrivée récente du Lossless (pas trop tôt !) corrige cette faiblesse. On atteint pas le niveau de Qobuz, mais une oreille non avertie ne verra aucune différence.
Interface et écosystème perfectibles
Qobuz paie son positionnement élitiste par son absence de nombreux produits ou services tiers. Par exemple, on ne peut pas associer Qobuz à toutes les enceintes connectées. Alexa ne peut pas lancer de musique sur Qobuz (alors qu’elle peut le faire sur Spotify ou Apple Music).
L’interface est aussi plus sujette aux bugs. Elle est moins fluide que chez les concurrents malgré sa charte graphique séduisante. Certaines fonctionnalités sur smartphone ne tournent pas correctement non plus : par exemple, la musique ne se coupe pas lorsque je retire mes écouteurs sans fil de mon oreille. Ces limitations ne sont pas rédhibitoires en soi, mais elles font naître quelques frustrations qui peuvent parfois devenir agaçantes.
Fonctionnalités sociales
Par exemple, il n’est pas possible de créer une playlist participative pendant une soirée. L’aspect communautaire n’est pas forcément ce qui m’a le plus manqué, mais il me semble important de souligner, pour les amateurs du genre.
Un catalogue un poil élitiste
Bien que j’apprécie la volonté des équipes Qobuz à mettre en avant des artistes peu connus, je trouve le catalogue moins fournis dans certains styles de musique. La pop, le rap et le hip-hop par exemple sont moins présents.
Qobuz, stop ou encore ?
Dans l’ensemble, j’ai beaucoup apprécié mon expérience sur Qobuz. La plateforme m’a fait redécouvrir la musique que j’aimais grâce à un système de recommandations basé sur des humains (et pas seulement des algorithmes). J’ai aussi beaucoup aimé l’aspect éditorial du service qui développe Le Magazine. Elle met à l’honneur les artistes et leur travail de la plus belle des manières. Artistes qui sont d’ailleurs au coeur de la philosophie Qobuz, puisque la plateforme est celle qui les rémunère le mieux.
Je reste toutefois sur ma faim en matière de qualité de son. La promesse d’une expérience audio plus premium n’est pas vraiment tenue, et ce pour deux raisons : elle exige un matériel spécifique et la différence avec les autres plateformes est difficilement perceptible, y compris pour des oreilles entraînées. D’autres petites faiblesses m’ont aussi fait tiquer comme les bugs d’interface et l’écosystème plus limité.
Vais-je poursuivre mon aventure Qobuz ? Oui, sans doute, mais je l’associerai à Apple Music, que j’ai commencé à utiliser. Utilisateurs d’appareils Apple, sa plateforme musicale me semble la plus à même de me satisfaire au quotidien. Je suis aussi très curieux de découvrir plus en profondeur son audio spatial. On se retrouve dans quelques mois ?
